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Ukraine: le coup de bluff de Vladimir Poutine?

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Après une réunion informelle ce dimanche soir, c’est ce lundi 10 janvier qu’Américains et Russes entrent dans le vif du sujet à Genève. La Russie le répète depuis des semaines, elle veut des garanties sur la sécurité à ses frontières et a mis la barre très haut sur ses exigences avec à la clé la menace claire d’un nouveau conflit après l’annexion de la Crimée en 2014 et la guerre dans le Donbass qui se poursuit toujours.De notre correspondante à Moscou,

 

Bruits de botte et roulements de tambour. Dimanche matin encore Moscou affirmait « exclure toute concession », et menaçait même d’écourter la séance diplomatique qui s’ouvre si ses demandes ne sont pas satisfaites. Car ce lundi marque également le lancement d’une semaine de diplomatie à haut niveau dans laquelle la Russie rencontrera aussi l’Otan et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Dimanche après midi, à son tour, Washington avertissait la Russie sur « un risque de confrontation ». Son agenda, ses exigences, et même son interlocuteur prioritaire, – les États-Unis -, Moscou a jusqu’ici imposé sa manière de faire et pourtant, pour Dimitry Oreschkine, l’Occident peut et doit refuser de céder : « En réalité, dit le politologue, Poutine n’a pas d’autre choix que de faire monter les enchères. Il perd la compétition économique, il perd la compétition financière, technologique, scientifique, culturelle, toutes les formes de compétition dans le monde. Le modèle de société qu’il propose n’est pas attractif. Mais Poutine a beaucoup d’armes, et c’est son seul atout. Il n’y a qu’une seule réponse à lui faire : ” Nous ne sommes pas effrayés “, car sinon cela justifierait sa tactique. Si l’Europe a peur, si l’Occident a peur, il a raison de menacer. Alors que tout ça c’est du bluff, de l’intimidation. »Des compromis possiblesDans une situation très volatile où le moindre incident involontaire peut mettre le feu aux poudres, trouver les voies d’une désescalade peut déjà apparaître comme une réussite. Andreï Kortunov, directeur général du Conseil russe pour les Affaires internationales (RIAC), se dit lui « prudemment optimiste ». « Il existe des compromis possibles entre Washington et Moscou, explique-t-il, comme se mettre d’accord pour ne pas déployer la nouvelle génération de missile nucléaire à moyenne portée en Europe. Même si malheureusement le traité FNI n’est plus en vigueur, ils peuvent décider d’en respecter les termes. Une autre possibilité de compromis, c’est une zone tampon entre la Russie et l’Otan, où s’appliquerait des règles spéciales pour l’activité militaire : un niveau plus bas d’exercices militaires, plusen vigueur, ils peuvent décider d’en respecter les termes. Une autre possibilité de compromis, c’est une zone tampon entre la Russie et l’Otan, où s’appliquerait des règles spéciales pour l’activité militaire : un niveau plus bas d’exercices militaires, plus de transparence, peut-être une ligne téléphonique directe entre les armées. Ils peuvent aussi décider de remettre en place le Conseil Otan-Russie (COR). Même sur l’Ukraine on peut trouver un compromis : un  signal clair de l’Ouest qu’il ne soutient pas une voie militaire pour le Donbass, un engagement à ne pas livrer d’armes offensives comme les drones turcs Bayraktar, et en échange la Russie pourrait se montrer plus flexible dans les discussions au format Normandie, sur les modalités d’application de l’accord de Minsk. »

Surtout, pour Andreï Kortunov, la balance risques – avantages n’est pas en faveur d une intervention armée de la Russie, notamment en raison des sanctions « d’une ampleur jamais vue » promises par les États-Unis : « On voit très bien ce que la Russie perdrait en cas d’invasion de l’Ukraine, les dommages collatéraux seraient extrêmement substantiels. Je ne vois pas non plus ce que la Russie pourrait y gagner, et je ne vois pas comment la Russie pourrait occuper le pays et répéter ce qui a été fait en Crimée : c est une situation très différente. Et si Vladimir Poutine voulait vraiment envahir l’Ukraine, il s’y serait pris totalement autrement, probablement avec une forme de guerre hybride. Si les mouvements de troupes sont aussi explicites et démonstratifs, ce n’est pas pour entamer une opération militaire, mais pour envoyer un signal. »Reste le facteur générationnel. Vladimir poutine qui qualifie l’explosion de l’URSS il y a 30 ans de « plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle » l’a toujours démontré : laver ce qui est pour lui l’affront des années 90 est un objectif majeur. « Poutine est un héritier du système de valeurs soviétiques, de l’époque où la taille du territoire était un symbole de pouvoir, et où le contrôle de ses territoires était assurée par la force militaire », affirme Dimitry Oreschkine. « Donc pour lui l’objectif, c’est la conquête, pas le développement. De mon point de vue, il s’agit d’un malentendu fondamental, qui explique pourquoi la politique de Poutine mène à une impasse. Il peut conquérir, il peut prendre le Donbass à l’Ukraine, mais il ne sait pas le développer. Il peut contrôler de force le Kazakhstan, mais il n’est pas capable de le développer économiquement, socialement et culturellement. Pour moi, stratégiquement, Poutine entraîne le pays dans la même impasse que les dirigeants communistes soviétiques.»Et tant pis si aujourd’hui l’opinion publique russe, préoccupée par une inflation galopante et un pouvoir d’achat en net recul, ne veut pas, en grande majorité, d’un nouveau conflit.

RFI

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