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Turquie: nouveau limogeage en pleine tempête économique

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La valse des responsables économiques continue en Turquie. Le chef de l’Office national des statistiques a été limogé ce week-end, sur fond de flambée des prix dans le pays.Sait Erdal Dincer avait été critiqué après la publication, au début du mois, des chiffres annuels de l’inflation. Un taux d’inflation annuel record dépassant les 36%, son plus haut niveau depuis septembre 2002. Sait Erdal Dincer avait expliqué au quotidien économique Dunya qu’il avait « une responsabilité vis-à-vis de 84 millions de personnes » et ne pouvait tout simplement pas publier des chiffres différents de ceux constatés par ses services. Et d’ajouter comme un pressentiment : « je suis aujourd’hui à la tête de ce service, demain cela pourrait être quelqu’un d’autre ». Il faut dire qu’il n’est pas le premier à être remercié. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui souhaite imposer sa stratégie économique, a déjà limogé trois gouverneurs de la Banque centrale depuis 2019 ; il a également remplacé trois fois son ministre des Finances depuis 2018. Le dernier est arrivé en décembre en pleine tempête.

Dégringolade de la livre turque

C’est qu’à dix-huit mois de l’élection présidentielle, l’inflation est un sujet sensible. La hausse des prix pèse lourd sur les portefeuilles des Turcs. Le taux moyen d’inflation de 36%, déjà élevé, est contesté par l’opposition et par le groupe de recherches sur l’inflation, l’ENAG. Ces économistes turcs évoquent un taux de 82% sur un an.L’analyste Timothy Ash, de Blue Bay Asset, cité par l’AFP estime d’ailleurs que le remplacement de Sait Erdal Dincer « ne fera qu’accroître le manque de confiance dans les données officielles ».

 

Des données officielles qui dans le détail montrent que le prix de certains produits s’est déjà envolé bien au-delà de la moyenne. La farine et la viande de poulet ont augmenté de 86% en un an, l’huile de tournesol de 76% et le pain de 54%.Recep Tayyip Erdogan estime, contrairement aux théories économiques classiques, que les taux d’intérêts élevés favorisent l’inflation. Et sous la pression du président turc, la Banque centrale a abaissé son taux directeur de 19% à 14% entre septembre et décembre.

 

Cela a entraîné une dégringolade de la livre turque. La devise a perdu44% de sa valeur face au dollar en 2021.Or, la Turquie importe beaucoup. Vu qu’il lui faut plus de livres pour acheter le même produit à l’étranger, les prix augmentent.Le principal taux directeur inchangé en janvier

 

Le pouvoir, lui, essaie de mettre en avant la face la plus brillante de la pièce. La dévaluation de la livre a favorisé les exportations. Elles ont augmenté de près de 33% sur un an et entraîné la croissance vers le haut. Le PIB a augmenté de 7,4 % sur un an au troisième trimestre.Il n’empêche que l’inflation n’est pas bonne pour la côte de popularité de Recep Tayyip Erdogan. Une inflation que le chef de l’Etat a promis de « ramener à un nombre à un chiffre le plus vite possible ». Il ne fait pas machine arrière, mais il a affirmé que les taux continueraient de baisser « progressivement ». Contrairement aux mois précédents, en janvier, le principal taux directeur n’a donc pas été touché.

 

Par ailleurs, pour rassurer les épargnants, fin décembre, il a été annoncé la création d’un mécanisme permettant de lier certains dépôts bancaires en livres au cours du dollars. Cela avait été suivi d’un rebond soudain mais temporaire de la devise.Les raisons de la quasi-stabilité de la monnaie nationale face au billet vert depuis le début de l’année seraient à chercher ailleurs.De nombreux économistes tournent plutôt leur regard vers la fonte des réserves nettes de changes de la Turquie. Elles sont passées de 21,2 milliards de dollars le 10 décembre à 7,9 milliards le 7 janvier. Cela laisse deviner des interventions sur les marchés pour soutenir la monnaie.

RFI

 

 

 

 

 

 

 

 

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