Cela fait un an jour pour jour que la junte a pris le pouvoir en Birmanie. Les militaires verrouillent toujours la totalité de l’appareil d’Etat et n’ont cédé sur aucun des points soulevés par la communauté internationale en vue d’un rétablissement progressif de la démocratie. Mais les appels – de l’ONU et du Gouvernement birman d’unité nationale notamment – à poursuivre et à intensifier les pressions continuent.La Haute-Commissaire aux droits de l’homme a appelé vendredi la communauté internationale à redoubler d’efforts pour faire pression sur la junte birmane qui a pris le pouvoir il y a un an. Tout en constatant que ni les actions du conseil de sécurité de l’ONU ni celles de l’Asean, l’alliance régionale dont la Birmanie est membre, n’ont été suffisantes pour convaincre la junte de cesser ses violences ou faciliter l’aide humanitaireCe lundi, ce sont des représentants du Gouvernement birman d’unité nationale (NUG) qui se sont exprimés à l’Assemblée nationale française pour alerter sur la situation dans leur pays. Aung Myo Min, le ministre des Droits humains du NUG, a exhorté la France -qui entame la présidence du Conseil de l’Union européenne – à faire davantage pression sur la junte pour que cessent les massacres et les conflits armés dans certaines régions de Birmanie.
Les membres du Gouvernement d’unité nationale sont catégoriques : leur légitimité n’est pas à mettre en doute, ils ont été élus lors de la dernière élection de novembre 2020 et ils ont le soutien du peuple.Alex Aung Khant, le représentant en France du gouvernement, explique les différentes façons de mener le combat : « Tout d’abord, il s’agit de prendre les armes, comme c’est le cas avec le PDF, la branche armée de notre gouvernement et augmenter le nombre de défections au sein de la junte. Ensuite, il s’agit de mener des opérations sur place, trouver les façons d’aider le mouvement de désobéissance civile. Par exemple, beaucoup de gens ne veulent pas se faire vacciner dans les hôpitaux tenus par l’armée, donc ils viennent dans nos cliniques. »
Enfin, il s’agit d’encourager le dialogue international et d’aider les fonctionnaires déchus de leurs droits depuis qu’ils participent au mouvement de désobéissance civile.
« Les passeports de beaucoup de fonctionnaires qui participent au mouvement de désobéissance civile ont été détruits, ce qui est illégal. On veut donc pouvoir leur donner un passeport issu par notre gouvernement. Par ailleurs, nous concluons des accords avec des banques internationales afin de réduire les revenus de l’armée et pour que les militaires ne puissent avoir accès ni à leurs comptes personnels ni à ceux liés à l’Etat à l’étranger ».La mise en place d’un embargo sur les armes est primordiale selon lui, tout comme de nouvelles sanctions économiques contre la junte. C’est notamment ce qu’ont décidé Washington, Londres et Ottawa pour marquer le coup un an après le coup d’Etat militaire.
Sanctions contre des hauts responsables
Les Etats-Unis, en coordination avec le Royaume-Uni et le Canada, ont en effet décidé de prendre des sanctions financières contre sept personnes et deux entités liées au régime militaire birman, désormais placées sur liste rouge par le Trésor américain.Washington vise en premier lieu l’institution judiciaire, le bras armé de la junte qui ne cesse d’accumuler les charges à l’encontre d’Aung San Suu Kyi et qui maintient plus de 500 membres de son parti politique en prison sans aucun jugement.
Le Trésor américain sanctionne en particulier le procureur général de Birmanie, qu’il accuse d’avoir élaboré les chefs d’inculpation fallacieux visant la prix Nobel de la paix ; la président de la Cour Suprême, ciblé pour avoir détourné la loi birmane au profit des ambitions politiques de l’armée. Et le patron de la Commission anti-corruption, pour son rôle dans la mise en place d’un système de répression contre les organisations pro-démocratie.Les Etats-Unis incriminent aussi l’entité militaire chargée d’acheter des armes pour le compte du nouveau régime et préviennent qu’ils continueront de traquer les responsables du coup d’Etat, leurs complices et tous ceux qui apportent aux généraux birmans leur soutien financier.
Le Royaume-Uni a pour sa part annoncé avoir placé sur la liste des sanctions Thida Oo, Tin Oo et le président de la commission électorale U Thein Soe. Londres « défendra toujours le droit à la liberté, la démocratie et l’Etat de droit. Comme d’autres nations qui partagent les mêmes valeurs, nous ferons rendre des comptes à ce régime brutal et oppressif », a déclaré dans un communiqué la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss.
Cela fait un an, et nous n’avons toujours pas gagné. Le 1er février, j’aimerai voir des combats, des explosions, mais je sais bien que ça n’arrivera sûrement pas. Je m’attends à voir la puissance du Jour du silence, la puissance du people.
RFI