« L’Afrique reste prudente », pointe, en France, le quotidien Le Figaro. C’est ce qu’a clairement montré le vote, avant-hier aux Nations Unies, de la résolution non contraignante demandant le retrait de l’armée russe d’Ukraine et condamnant la mise en position de combat de la force nucléaire russe. Sur 35 pays abstentionnistes, en effet, 17 sont africains, dont le Maroc et l’Algérie, mais aussi le Cameroun, la Guinée, ou encore le Burkina Faso. L’Érythrée a même voté contre. Et Jeune Afrique tente d’expliquer « pourquoi » une telle abstention des Africains à l’ONU (François Soudan et moi y reviendrons du reste, ce dimanche sur nos antennes, dans « La Une de Jeune Afrique »).Toutefois, prudence ne signifie pas indifférence. Préoccupation humanitaire, d’abord, après que l’Union africaine eût dénoncé les « mauvais traitements » des ressortissants africains dans ce théâtre de guerre. Ainsi au Niger, le journal Mourya enjoint l’Union africaine à « mettre en place un dispositif qui prendra en charge tous les Africains (voulant) partir (d’Ukraine), au lieu de laisser chaque pays se débrouiller pour organiser la sortie de ses ressortissants. Car, il y a des pays qui ne se font pas entendre, simplement parce qu’ils n’ont pas les moyens d’assurer le départ de leurs ressortissants », signale Mourya.Souci économique aussi. Ainsi, au Sénégal, le quotidien 24 Heures signale que dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Mali ou en Mauritanie, « le sac de farine de blé de 50 kg a sensiblement augmenté de même que le litre d’huile et le kilo de pommes de terre ».Russie-Ukraine : l’appel de Gbagbo à la prise de conscience
Inquiétude également au Mali comme en Côte d’Ivoire, face à la guerre en Ukraine. Mais une inquiétude qui invite à la réflexion. Au Mali, entendant tirer de la guerre en Ukraine des « leçons pour l’Afrique », Malikilé tient à souligner ce que ce journal malien appelle « le cynisme et l’hypocrisie des occidentaux (…) qui soutiennent des dictatures en Afrique et au Moyen-Orient ». Malikilé enjoint l’Afrique à ne surtout pas s’aligner, à conserver « sa neutralité », laquelle en fait « un potentiel facilitateur », et souligne que les occidentaux « refusent de soutenir militairement l’Ukraine, après l’avoir manipulée contre la Russie ».
Penser la guerre en Ukraine ? C’est l’invitation de Laurent Gbagbo, qui recevait, hier, sa carte de membre du parti, le PPA-CI, qu’il a créé en octobre dernier. Encourageant en effet ses militants à « réfléchir », l’ex-président ivoirien a prévenu que la crise ukrainienne allait avoir « des implications sur l’Afrique », rapporte le quotidien Le Temps. Vivement préoccupé par la gravité de la situation, Laurent Gbagbo souligne que « même si la guerre s’arrête, le poison de la méfiance (entre les cinq membres permanent du Conseil de sécurité) est tel que les résolutions à l’Onu vont être plus difficiles à prendre », prévient-il. « La guerre, c’est quand on la croit loin, qu’elle est proche, a dit l’ex-président ivoirien (…) Tout le monde est concerné », a-t-il prévenu, peut-on encore lire dans les colonnes du quotidien Le Temps.
Source: RFI