S’il est un domaine où la normalité républicaine n’est pas affectée par le coup d’Etat c’est sans doute la rigueur et les honneurs protocolaires. On la croyait reléguée aux oubliettes avec le renversement d’IBK, mais elle est de retour avec une vigueur à rappeler les agacements jadis ressentis par les usagers de la circulation Bamakoise. Paradoxe : le phénomène n’est pas incarné par le chef de l’Etat et président de Transition Assimi Goita, mais plutôt par le Premier ministre de Transition. Chaque déplacement de la Primature devient ainsi un calvaire pour les habitués et passants occasionnels des tronçons qu’emprunte son cortège. Les attentes deviennent de plus en plus longues avec les blocages de plus en plus fréquents de la circulation aussi longtemps que la rigueur protocolaire l’exige. Sur la question, les langues se délient progressivement pour fustiger le retour à une ancienne tradition obsolète qui rappelle au souvenir d’une conception monarchique du pouvoir. Surtout qu’en la matière la pratique de la Primature jure avec la sobriété du Koulouba.
L’absentéisme en question
Bizarre que l’absentéisme atteigne le plus haut sommet de l’Etat malien au portillon duquel les prétendants se bousculent constamment pour l’obtention de maroquin. Le phénomène a pourtant pris une ampleur telle que le chef du gouvernement en personne est monté au créneau, la semaine dernière, pour tirer la sonnette d’alarme et s’insurger contre les absences injustifiées et non autorisées aux conseils des ministres. En brisant ainsi le silence sur la question, la Primature met le projecteur sur un degré de banalisation du pouvoir que peu de gens soupçonnaient mais visible pour le moins à la maigreur des décisions qui sortent de chaque conclave ministériel par les mercredis. Mais, recoupements faits, il semble que le manque de cohésion du gouvernement serait passé par-là et il nous revient que beaucoup de ministres ne sont pas en odeur de sainteté avec le chef du gouvernement. Il s’agit principalement, à en croire les mêmes sources, de ministres représentant les groupes armés et qui ne partagent probablement pas les positions du Premier ministre sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.
«Global village» comme supplétif à «Expo 2020»
Les artisans maliens ont beau s’égosiller, l’Expo 2020 Dubai reste une opportunité irrattrapable et perdue à jamais. Et pour cause, l’événement arrive à son terme le 31 mars prochain tandis que les exposants traditionnels traînent encore à Bamako avec des objets d’art estampillés Dubai 2020 auxquels les autorités ont vraisemblablement préféré des articles que l’API a achetés sur le marché en vue de les revendre au Pavillon Mali de Dubai. C’est dire que cette Agence a choisi de tirer parti elle-même d’un filon commercial dont elle n’a peut-être pas la vocation. Il existe toutefois une alternative de consolation pour les nombreux artisans que le Mali Koura a tant fait rêver, en l’occurrence de Global Village. Il s’agit d’un événement annexe dont les portes seront ouvertes aux expositions à Doubaï entre octobre et avril prochains et qui pourrait compenser les acteurs maliens floués, pourvu que les autorités y mettent le prix en mettant un stand à leur disposition. Ce qui n’est pas au-dessus de leurs moyens quand on sait que plus de 300 millions d dons francs auraient été déboursés dans le cadre de la Nuit du Mali à Doubaï pour un déplacement massif d’officiels et d’artistes sans les retombées économiques et commerciales liées à l’événement.
La promesse insensée de Yeah Samaké
En quête de la charogne convoitée (Koulouba), l’ex maire de Ouelessebougou, après deux tentatives ratées, s’est récemment offert en spectacle. Dans une sortie devenue virale sur les réseaux sociaux, le 10 mars dernier, il s’est engagé, une fois élu président de la République, à faire don d’1 million de francs CFA à chaque malien ayant atteint 18 ans, soit 83 000 FCFA par mois. Le président d’honneur du Parti pour l’action civique et patriotique (PACP) fait ainsi un clin d’œil aux jeunes diplômés sans emploi, qui représentent plus de la moitié des électeurs. Le hic est qu’il ne donne aucune précision sur la manière dont il compte mobiliser la manne, qui va au passage grever le budget d’Etat d’au moins 30%. Ainsi, en lieu et place de la création d’emplois pour permettre à chaque malien de vivre à la sueur de son travail, le président du PACP fait la promotion de la fainéantise.
Quand Choguel tente de noyer le poison
Tout comme le dossier qui continue d’alimenter la chronique, le PM ne cesse de s’expliquer sur le scandale des logements sociaux mal acquis par certains acteurs ou proches du M5-RFP, parmi lesquels figure une des proches parents. C’est en se confondant dans les explications, qu’il a laissé entendre que sa tête est mise à prix depuis l’Elysée. Comme quoi, c’est la France qui a mis son doigt dans l’égrenage et glissé des noms parmi les heureux bénéficiaires. Et d’ajouter, comme pour se moquer davantage des concitoyens, que sa fille comme tous les jeunes couples habite avec son mari dans un studio. Seulement voilà : il nous revient de bonnes sources que le gendre en question n’est pas moins nanti. Il est le fils d’un homme d’affaires les plus riches de la République, qui avait jadis assuré la fonction ministérielle dans le régime défunt, à la suite de Choguel.
Rassemblées par la Rédaction
Le Témoin