Dimanche, 14 mars 2021, à l’aube, à 5h03 , depuis son lit d’hôpital, Adam Seydou Thiam m’ a envoyé un texto pour s’assurer que j’avais bien dormi, ajoutant « je sais dans quel état tu te trouves. Je te connais, mais ne t’inquiète pas trop pour moi. La carcasse du Vieux Thiam tient encore mais elle est éprouvée ».
Quatre jours plus tard, le 18 mars, il s’est éteint laissant inconsolés famille et amis à travers le Mali, l’ Afrique et le monde.Ce numéro spécial lui est entièrement dédié. Un rappel de ses écrits dans le Républicain dont il fut le co-fondateur.Influencés, pendant notre séjour en Angleterre, par la tradition britannique d’une presse collant aux faits, nous avons conçu le projet d’ un grand hebdomadaire malien semblable à « The Observer ».
Il travaillait à Dakar pour Oxfam-UK. A la fin de la transition en 1992, je me suis rendu dans la capitale sénégalaise pour mettre au point avec lui le projet. Ensemble, nous avons cherché des journalistes. Ensemble, nous avons enquêté auprès de Laye Bamba Diallo et Pape Samba Kane (Papusko) , deux grands noms de la presse privée sénégalaise, sur les journalistes maliens vivant à Dakar. Ensemble, avec le « Vieux » Sy Victor, nous nous sommes entretenus, au Lagon 2 ( un hôtel qui lorgne
l’ Atlantique), avec Saouti Haïdara avant de lui proposer d’être le Rédacteur en Chef de l’hebdomadaire en gestation.
Adam a commencé à y écrire dès les premiers numéros. De Dakar, il partira à Boston ( Massassuchetts) pour des études à Harvard. Il en était revenu très fier.
Et c’est tout naturellement, sans en faire son activité principale, qu’ il recommença à écrire dans le « Républicain » dont il devint peu à peu l’Éditorialiste-vedette.
Il écrivait pour son plaisir, pour la notoriété et l’influence qu’il tirait de sa belle et incisive plume. Il refusait d’écrire simple. Mon frère aîné se plaignait de l’hermétisme des articles d’ Adam. Mais il n’était pas le seul à se faire expliquer le sens des mots qu’utilisait Adam.
Thiam revendiquait une presse élitiste.
C’ était une de ses identités remarquables. Il ne faisait aucune concession sur ce sujet.
Dans ce numéro, nous avons, trié, compilé, l’abondante moisson éditoriale qu’il a léguée.Adam a commencé à y écrire dès les premiers numéros. De Dakar, il partira à Boston ( Massassuchetts) pour des études à Harvard. Il en était revenu très fier.
Et c’est tout naturellement, sans en faire son activité principale, qu’ il recommença à écrire dans le « Républicain » dont il devint peu à peu l’Éditorialiste-vedette.
Il écrivait pour son plaisir, pour la notoriété et l’influence qu’il tirait de sa belle et incisive plume. Il refusait d’écrire simple. Mon frère aîné se plaignait de l’hermétisme des articles d’ Adam. Mais il n’était pas le seul à se faire expliquer le sens des mots qu’utilisait Adam.
Thiam revendiquait une presse élitiste.
C’ était une de ses identités remarquables. Il ne faisait aucune concession sur ce sujet.
Dans ce numéro, nous avons, trié, compilé, l’abondante moisson éditoriale qu’il a léguée.De ses « Janjon » écrits en hommage aux preux de notre époque, vivants ou décédés, à « De quoi, je me mêle ? », où s’étendait l’étendue de sa légendaire impertinence en passant par ses « Chronique du vendredi », ses « Mali et nous » où ils livraient ses analyses au laser sur des situations maliennes et africaines, analyses marquées du sceau de la rigueur et de l’honnêteté intellectuelle.
Il avait la passion du Mali et de
l’ Afrique. Parce-qu’ il fut d’abord, au commencement dans le Gourma malien, un homme de terrain, un enquêteur, un chercheur, il ne parlait pas au hasard. Il maîtrisait ses sujets. Il pouvait parler avec aisance du « Consensus d’Ezulweni », de Dandadji, le village natal du « Zakki », des problématiques du Centre et du Nord du Mali, des questions économiques, de la « Diina » du Maasina, de l’histoire du Jihad omarien ou de la sociologie du Delta central du Niger…..
Le Mali a perdu, avec la disparition
d’ Adam Thiam, un érudit à l’intelligence prodigieuse, un spécialiste multi-cartes dont les avis étaient sollicités ici et hors de nos frontières.
Il aimait les belles lettres et la musique. Il aimait aussi fredonner les airs de ses artistes préférés. Il composait des poèmes. Il connaissait les grands poètes, de Tagore à Édouard Maunick en passant par Césaire et Darwiche.
Il admirait Samba Diabar Samb, Toumani Diabaté, Mangala Camara, Baaba Maal, Yandé Codou Sène, Oumou Sangaré. Il aimait fredonner « Lakarinné » de Koly Koné.
Il était quelque peu dandy. Il avait un humour caustique auquel nul
n’ échappait.
Tel était Adam….
Il n’aurait pas aimé cet éditorial. Pour la simple raison qu’il n’a jamais reconnu mes compétences de journaliste et partant mon autorité éditoriale.
Je m’arrête, donc, là.
Par Tiébilé Dramé
Source: Le republicain mali