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Rejet de la proposition du Mali malgré les efforts du gouvernement : Quand la CEDEAO prouve sa mauvaise foi

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Malgré les efforts du gouvernement de la transition à proposer une durée raisonnable deux ans au lieu de 4, les négociations ont encore échoué le weekend dernier. Les raisons d’un échec qui ne devrait être : la CEDEAO dont certains chefs d’État avaient affirmé qu’une prolongation de 16 mois était acceptable, a refusé une durée dépassant 12 mois. Ignorer tous les efforts du gouvernement qui a revu beaucoup à la baisse sa proposition n’est-elle pas une mauvaise foi ?La mission du Goodluck Jonathan qui a donné de l’espoir à des millions de Maliens a encore échoué. Le Mali et la CEDEAO ne sont pas convenus d’une date pour la durée de la transition, celle malgré les efforts du gouvernement malien. La CEDEAO est-elle de mauvaise foi ? On ne se serait pas trompé en le disant.De la date du renversement du régime IBK à nos jours, qu’est-ce que les autorités maliennes n’ont pas fait, d’abord pour éviter qu’on en vienne à la rupture avec la CEDEAO, et ensuite pour essayer de recoller les morceaux et parvenir à une vision commune partagée sur les défis à relever et le temps qu’il en faut en vue de mettre fin aux sanctions qui n’arrangent ni le Mali, ni la CEDEAO ? Rien qu’à jeter un coup d’œil sur le communiqué publié ce dimanche 20 mars 2022 pour s’en convaincre !

 

En effet, le gouvernement malien a proposé après, 5 ans, 4 ans, a proposé, selon son communiqué, à la CEDEAO une prolongation de 29 mois. Cette date a été ramené à 24 mois par le Président de la Transition, le colonel Assimi Goita, dans le seul et l’unique but de pouvoir enfin mettre fin à la souffrance des Maliens et des peuples de l’Afrique de l’Ouest qui souffrent également des sanctions inhumaines et illégales imposées, la CEDEAO donne aujourd’hui l’impression, avec son intransigeance, d’œuvrer effectivement pour et au compte d’intérêts étrangers et non pour les peuples d’Afrique de l’Ouest.

 

On se souvient en effet que le médiateur Goodluck Jonathan avait quitté Bamako, le 25 février dernier, après deux jours de négociations avec le gouvernement malien sans succès. L’ancien président nigérian, non moins médiateur de la CEDEAO était porteur d’un message de l’espace sous-régional proposant un délai de 14 mois de son plan A et de 16 mois pour son plan B pour la durée de la Transition. Des propositions qui ont été rejetées pour la simple raison que la situation actuelle du pays nécessite d’être résolue avant l’organisation d’une quelconque élection.

 

Cette fois-ci, c’est le Mali qui a pris l’initiative, de son propre chef, d’inviter le médiateur de la CEDEAO pour donner un coup d’accélérateur aux négociations en vue d’un compromis rapide. Mais hélas, de 36 mois préalablement proposés, bien que le Président Assimi Goita a consenti à ramener cela à 24 mois, la CEDEAO reste camper sur sa position. Pourquoi cet acharnement contre le Mali ? La question se pose, car au Burkina voisin, la CEDEAO vient d’accepter les 36 mois proposés par ceux qui ont chassé Kaboré du pouvoir, alors qu’en Guinée voisine, on ne parle toujours pas de calendrier électoral !

Dommage qu’on se refuse à tirer les enseignements des crises qui secouent l’espace CEDEAO ! En effet, trois coups d’État dans trois pays différents de l’Afrique de l’Ouest, tous d’anciennes colonies françaises et membres de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), cela dénote sans conteste d’une crise de démocratie, démocratie calquée à l’occidentale, pour ne pas dire à la française ! Preuve que ce modèle de démocratie a montré ses limites, puisque s’imposant comme masque aux véritables problèmes des citoyens.

 

Or, sans le citoyen, pas de démocratie ! Autrement dit, ce qu’on vit en ce moment en Afrique, plus précisément en Afrique de l’Ouest, n’est que le corollaire d’une crise de gouvernance. Et face à cette crise de gouvernance, les organisations régionales et la communauté internationale semblent privilégier la simple condamnation et le recours aux sanctions, en lieu et place d’un diagnostic clair. L’accent ainsi mis sur les changements inconstitutionnels de gouvernement reflète des approches simplistes aux crises de gouvernance.

 

On ignore ainsi le fait que les priorités s’orientent désormais vers la qualité des processus électoraux, la limitation des mandats, mais aussi la performance économique et la reddition de comptes politiques et économiques, auxquelles se heurtent à des degrés divers de répression, de cooptation et de consolidation du statu quo face aux grognes sociales essentiellement traduites par des manifestations. Très peu d’attention est ainsi portée aux principes de réactivité, de transparence, de reddition de comptes et de responsabilité civique.

 

Pourtant, tous reconnaissent que les changements inconstitutionnels de gouvernements et les soulèvements populaires tirent leurs causes profondes de carences en matière de gouvernance. À rebours de cet éclair de lucidité, il s’est développé au sein de l’UA et d’autres organisations régionales, notamment la CEDEAO, une conception de la démocratie limitée à la tenue des élections et au respect, ou non-respect, de la limitation de mandats, au mépris de la qualité des processus électoraux qui demeure la principale source de tensions.

C’est justement ce qui a été le cas au Mali en 2020, lors des élections législatives controversées initialement prévues en 2018. Ainsi, en donnant la priorité à un symptôme, à savoir un coup d’État, plutôt que de s’attaquer aux causes profondes telles que la légitimité douteuse et la corruption de gouvernements controversés, la réponse de la CEDEAO ressemble davantage à une prime au président sortant. Ainsi, il devient beaucoup plus aisé de condamner un coup d’État que d’avoir le courage politique d’en traiter les causes profondes.

 

Sans donc parler du cas du Mali, qui démontre qu’une telle accélération du calendrier électoral peut reproduire des gouvernements défaillants et favoriser la classe politique existante, souvent coresponsable de la crise de confiance, les cas guinéen et burkinabé interpellent aujourd’hui les responsables et les peuples d’Afrique et les partenaires extérieurs, sur l’impérieuse nécessité d’adapter la démocratie aux réalités africaines, plutôt que rester figer sur des modèles occidentaux qui ne marchent plus !

 

B. Guindo

 

 

Source: Le Pays

 

 

 

 

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