Un hélicoptère de l’armée malienne a récemment tiré plusieurs roquettes “à proximité” de Casques bleus britanniques, ont indiqué mardi les autorités britanniques, un incident exceptionnel alimentant les questions sur l’avenir de la mission de l’ONU dans ce pays.
“Nous sommes informés d’un incident récent au Mali dans lequel des roquettes ont été tirées par un hélicoptère des forces armées maliennes à proximité d’un détachement britannique”, a déclaré un porte-parole du ministère de la Défense dans un message à l’AFP. “Tout le personnel britannique est sain et sauf et les circonstances de l’incident font l’objet d’une enquête”, a-t-il ajouté. Les faits ont eu lieu près de Tessit, près de Gao, dans l’est du pays. “Il y a quelques semaines, des troupes de maintien de la paix du Royaume-Uni ont essuyé des tirs et cet incident fait l’objet d’une enquête”, a confirmé à New York le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, en réponse à des questions lors de son point-presse quotidien. “Il s’agit d’un événement qui a eu lieu le 22 mars”, a-t-il ajouté, en parlant “de coups de feu tirés par un hélicoptère des forces armées maliennes dans la zone de Tessit, à proximité d’un détachement de la Minusma”. “Il n’y a pas eu de blessés, les Casques bleus étaient en sécurité à tous points de vue”, a-t-il assuré. A la question d’une éventuelle implication dans cet évènement de paramilitaires de la société russe Wagner, le porte-parole a indiqué ne pas savoir. Interrogé pour savoir s’il s’agissait du premier incident de la sorte entre des Casques bleus et des forces maliennes, il a indiqué ne pouvoir le dire. – “Accès aérien” – Bamako dément toute présence de mercenaires du groupe Wagner sur son sol, ne reconnaissant qu’une assistance d'”instructeurs russes” en application d’un accord de coopération bilatéral remontant aux années 60. Plusieurs pays occidentaux ont critiqué au contraire le déploiement de plusieurs centaines de paramilitaires de Wagner au Mali en parallèle du retrait de troupes françaises et européennes de ce pays décidé en début d’année et toujours en cours. La semaine dernière, l’ambassadeur adjoint américain à l’ONU Richard Mills, sans citer le Royaume-Uni, avait dénoncé un incident “inacceptable” ayant eu lieu le 22 mars dans lequel un hélicoptère malien avait “tiré six roquettes près de soldats de la paix dans l’est du Mali”. Selon un diplomate s’exprimant sous couvert de l’anonymat, des paramilitaires de Wagner pourraient être impliqués dans l’incident au côté de l’armée malienne. L’armée malienne a été accusée du massacre fin mars de centaines de civils à Moura (centre) avec la participation de mercenaires présumés de Wagner. Bamako a démenti ce massacre, assurant avoir neutralisé des jihadistes. Les autorités maliennes ont annoncé l’ouverture d’une enquête. La Russie en fin de semaine dernière a félicité Bamako pour son opération de neutralisation de jihadistes à Moura. Mardi, Stéphane Dujarric a précisé que l’enquête de l’ONU sur les évènements de Moura se poursuivait. “L’enquête doit se poursuivre sur le terrain afin d’établir les faits. À cet égard, une équipe de la Minusma a été pré-déployée à Mopti et se tient prête” à se rendre à Moura dès que les autorités maliennes donneront “un accès aérien à la zone”, a précisé le porte-parole. Le mandat de la mission Minusma, qui comprend quelque 14.000 militaires et policiers, arrive à échéance en juin. Plusieurs pays contributeurs de troupes ont entrepris de réexaminer leur participation au vu des derniers développements au Mali. La fin des opérations française et européenne va priver les Casques bleus d’un soutien aérien et médical précieux et l’ONU est en train d’étudier le moyen de le minimiser.