Le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga est convoqué par le Conseil national de transition (CNT). Cette convocation du PM fait suite au discours musclé du président du CNT Malick Diaw face à son invité du jour. C’était lors de la cérémonie d’ouverture de la session d’avril de l’institution parlementaire.Le Premier ministre affirme avoir réalisé son PAG à 80% . Le 21 avril 2021 prochain, il n’y aura pas de vote de défiance, mais c’est l’heure des comptes ! Aujourd’hui, son fameux Plan d’action gouvernementale n’a comme seul point de satisfaction que les succès militaires enregistrés par son ministre de la Défense et des Anciens combattants. Et sa gestion de l’action gouvernementale commence à agacer tout le monde. Car en plus de ne pas avancer dans l’exécution de son plan, le Premier ministre ne rend pratiquement compte à personne.
Face à sa posture de foncer la tête baissée, les conseillers, à travers leur président, le Colonel Malick Diaw, sont sortis de l’observation lors de l’ouverture de la session d’avril du CNT pour dénoncer vigoureusement son immobilisme. Colonel Malick Diaw, qui est sorti de son calme naturel pour taper du poing sur la table.
En effet, le Président du CNT estime, comme d’ailleurs bon nombre de Maliens, que le processus de la refondation du Mali tant promis au peuple traine entre les mains du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga. Ainsi lors de l’ouverture de cette session, le président du CNT a publiquement rappelé le Premier ministre à l’ordre de rendre compte au CNT sur son bilan dont il s’est félicité de réaliser les 80%.
«Je voudrais m’adresser solennellement au Premier ministre pour lui dire qu’indépendamment des évaluations périodiques faites du PAG, les Maliens veulent savoir exactement l’état d’avancement du processus de transition ainsi que le chronogramme détaillé. Cela est d’autant plus important que c’est au peuple que revient la paternité des conclusions des ANR notamment celles devant aboutir à un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Les échanges en cours avec la CEDEAO ne devraient en aucune manière constituer un facteur de blocage de notre processus de refondation. Sur cette question, Monsieur le Premier ministre, vous serez certainement invité à passer devant le CNT, conformément à sa mission de contrôle de l’action gouvernementale, pour des échanges plus approfondis dans un bref délai », a-t-il interpellé publiquement le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga.
Mais qu’est ce qui suscite toutes ces reproches maintenant ? Les jeunes colonels ont-ils marre de Choguel et de son populisme ? Sans doute, Malick Diaw a raison sur des points notamment sur le fait que la transition sous le leadership de Choguel Kokalla Maïga est plus populiste que travailleuse. La preuve, à part les succès militaires dont la gestion dépasse la compétence de Choguel, le gouvernement de la transition n’a pas du tout bougé dans les réformes politiques et institutionnelles. A défaut d’organiser les élections, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga n’avance pas aussi du tout sur son fameux Plan d’action gouvernementale dont le coût s’élevait à plus de 2 000 milliards de F CFA (environ 3 milliards d’euros).Pire, le comportement belliqueux de Choguel Kokalla Maïga ne semble donner aucune chance à la réussite de ces réformes qui ne sauraient se réaliser sans la classe politique malienne. Et comme pour faire un avertissement à Choguel, le Colonel Malick Diaw lui a dit ses quatre vérités : « Notre souhait le plus ardent est que tous les Maliens se joignent aux autorités de la transition, sous le leadership de son Excellence, le Colonel Assimi Goïta pour le sursaut national. D’ailleurs, pour la gestion de la transition, nous avons toujours voulu que tous les fils du Mali y prennent une part active ».
Ce n’est pas tout. Dans son discours d’ouverture de la session d’avril du CNT, le Colonel Malick Diaw lui a presque signifié que lui et ses collègues putschistes ne se sont pas sacrifiés pour échouer dans cette transition. « En décidant d’intervenir le 18 août 2020, nous, acteurs militaires, avions déjà sacrifié notre vie pour une cause que nous croyons juste et salutaire pour la survie de notre pays. Aujourd’hui plus que jamais, nous sommes déterminés à donner notre vie s’il le faut pour préserver l’intégrité et le renouveau du Mali. Nous ne sommes pas dans cette transition pour le plaisir et nous n’entendons pas non plus la laisser dérouter », a clairement mis en garde le président du CNT.
Issa SANTARA
Ciwara Iknfo