En sa qualité de ‘’L’invité de la semaine’’ de l’ORTM du jeudi 5 mai dernier, le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Mamoudou Kassogué a levé un coin de voile sur l’état d’avancement des dossiers de corruption et de la délinquance financière dans notre pays. Une question que la Transition a inscrit parmi ses missions majeures. Selon lui, de 2018 à décembre 2021, c’est la somme de 126 milliards 119 millions 983.938 FCFA qui a été détournée et de juin 2021 à aujourd’hui, 1.200 personnes ont été auditionnées par la seule Brigade Economique et Financière de Bamako sur plus de 90 dossiers qui sont en instance à son niveau.
La justice malienne était le thème de l’émission ‘’L’invité de la semaine’’ de l’ORTM 1 du jeudi 5 mai 2022 avec sur le plateau, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Mamoudou Kassogué. Pendant une trentaine de minutes, le Ministre Kassogué s’est prononcé sur l’état de l’appareil judiciaire malien et les dossiers dans ses registres. Tout cela, sous le label de la lutte contre la corruption et la délinquance financière. De prime abord, il a évoqué l’affaire contre le patron du coton, Bakary Togola et autres, qui vient d’être renvoyée à la Cour d’Assises. Selon lui, il s’agit d’un dossier emblématique de la lutte contre la corruption, au sujet duquel l’enquête administrative a été bouclée. Ce qui a permis de rétablir certains faits contre certaines personnes qui étaient dans la composition de ce jugement ayant commis des fautes professionnelles susceptibles de les conduire devant le conseil de discipline. D’où l’occasion pour lui de rassurer qu’ils luttent contre la corruption tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du corps de la magistrature. Il a aussi déclaré qu’’il n’y a pas de justice sélective, pour répondre à ceux qui disent qu’il suffit d’être du côté du pouvoir pour ne pas être inquiété. « Dans toutes les couches de la société, nous avons des personnes qui passent devant la justice, donc il n’y a pas de justice sélective » a-t-il étayé.
Dans la même dynamique, le ministre Kassogué a notifié que de juin 2021 à aujourd’hui, 1.200 personnes ont été auditionnées par la seule Brigade Economique et Financière de Bamako sur plus de 90 dossiers qui sont en instance à son niveau. Cela, pour lever toute équivoque sur la détermination de la justice malienne à lutter contre ce mal (corruption).
A la lumière de cette sortie du Garde des Sceaux, il ressort que de jour comme de nuit, les procédures se construisent patiemment et efficacement au Mali. « Ce n’est pas une course de vitesse. Donc, en matière d’enquête financière on va doucement pour non seulement permettre de réunir des éléments, d’approfondir les enquêtes mais aussi respecter la présomption d’innocence, respecter les droits de la défense » a-t-il synthétisé en face du journaliste Yaya Konaté.
En
outre, par rapport au recouvrement qui est en train d’être réalisé, il a donné l’information que sur la période de 2018 à décembre 2021, le nombre total des dossiers en matière de corruption est de 1.462 dossiers. Au compte desquels, il y a 690 qui sont clôturés et transmis, 275 dossiers totalement jugés. De ce fait, les montants en cause sont de l’ordre de 126 milliards 119 millions 983.938 FCFA.
Au titre de remboursement versé au trésor public, le ministre Kassogué a évoqué la somme de 4 milliards 241 millions 661.863FCFA sur la période de 3 ans. Quant aux cautions versées pour les remises en liberté et autres, dit le Ministre Kassogué, elles sont de l’ordre de 15 milliards 372 millions 827.410FCFA et les remboursements effectués lors de la session spéciale d’Assises de décembre 2021 sont de 1 milliard 577 millions 145.907FCFA et les amendes prononcées au cours de cette session sont de 639 millions 40.000FCFA. Dans le même registre, dira le ministre de la Justice, les dommages et intérêts recueillis sont de 260 millions 150.000FCFA. « Les condamnations qui ont été prononcées et dont les montants n’ont pas encore été recouvrés sont à l’ordre de 86 milliards 873 millions 496.505FCFA » a-t-il renchérit.
Comme perspectives pour lutter efficacement contre ce fléau de corruption, en sa qualité d’ancien Procureur près du Pôle Economique et Financier de la Commune III, il a indiqué que la mise en place du Pôle National Economique et Financier va radicalement changer la conduite des opérations en matière de lutte contre la corruption. D’ailleurs, que ce Pôle détachera le parquet financier à celui du droit commun, qu’il aura un Procureur Spécialisé, des Substituts Spécialisés, des Juges d’Instructions spécialisés, des Juges au siège Spécialisés et une Brigade Spécialisée. Quand la justice va tout va !
Par Mariam Sissoko
Source: Mali Tribune