Si Recep Tayyip Erdogan a indiqué que son pays s’opposerait à l’adhésion à lOTAN de la Finlande et de la Suède, c’est moins pour complaire à la Russie qu’en raison du manque de collaboration de ces deux pays dans la lutte contre le mouvement kurde, le PKK, ennemi public numéro un de la Turquie.
Lors d’une conférence de presse aux côtés de son homologue algérien, le président Tebboune, qui est très proche des autorités d’Ankara, Recep Tayyip Erdogan indiquait les raisons de son veto à toute intégration de la Suède et de la Finlande à l’OTAN : « nous ne dirons pas ‘oui’ à l’adhésion à l’organisation de sécurité OTAN de ceux qui appliquent des sanctions contre la Turquie ».
Le président turc faisait référence clairement à un dossier central de la diplomatie turque: la lutte sans concessions contre le PKK, le mouvement indépendantiste kurde que la Turquie, depuis 1984, comme terroriste. Lorsque l’opération militaire « Fontaine de paix » est menée par l’armée turque en octobre 2019 au nord de la Syrie en octobre 2019 considérées, non sans de solides raisons, comme la base arrière des forces kurdes gangrenées par le PKK.
La plupart des pays européens ont réagi fort mal face à cette intervention. C’est le début d’une brouille sévère entre Erdogan et Macron. Dans la foulée, la Suède et à la Finlande suspendent leurs livraisons d’armements vers la Turquie. Ce sont là les « sanctions » auxquelles fait allusion le président Erdogan dans sa conférence de presse.
Une coopération sécuritaire inexistante
La Turquie reproche également aux deux pays nordiques d’abriter sur leur sol des membres d’organisations considérées comme terroristes par Ankara. Il est vrai que Stockholm et Helsinki n’ont pas donné suite à plusieurs demandes d’extradition concernant une trentaine d’individus réclamés par Ankara.
Une délégation suédoise doit se rendre en Turquie pour tenter de trouver une issue. A la diplomatie turque, ferme dans les principes, a adopté, ces derniers mois, un ton plus conciliant à l’égard de pays jugés peu amicaux ou hostiles. Les voyages d’Erdogan au Caire ou en Arabie Séoudite en sont l’illustration.
L’équilibre entre Kiev et Moscou
La Turquie, qui a accueilli plusieurs rounds de pourparlers entre Russes et Ukrainiens, cherche à consolider sa position de médiateur incontournable dans la politique de défense du continent européen. Une posture qui pourrait renforcer le président turc, à un an de l’élection présidentielle de 2023.
Pour adhérer un membre à l’OTAN, il faut obtenir l’unanimité des pays membres – actuellement au nombre de trente. En cas d’opposition de la Turquie, le processus est bloqué. Ankara cherche à négoocier l’entrée de la Suède et de la Finlande au sein de l’OTAN. Cette opposition à un élargissement de l’OTAN aux frontières de la Russie sera appréciée à Vladimir Poutine qui pourtant n’a pas fait de l’acte de candidature de la Suède et de la Finlande un casus belli. Sous réserve que les deux pays n’installent pas de bases hostiles à la Russie sur leur territoire.
Il reste que Turcs et Russes ont renforcés leurs relations bilatérales, mais sur des bases ambiguës. Ankara a toujours cherché à négocier avec Moscou, d’égal à égal, notamment sur le dossier libyen. Ce qui n’empêche pas la Turquie de vendre des armes à l’Ukraine, en particulier des drones, qui ont décimé les soldats russes sur le front ukrainien..
Source: Mondafrique