24 mai 2021 – 24 mai 2022, soit un an jour pour jour depuis que le règne de l’imperturbable patriote – ou si l’on veut du président libérateur – a débuté dans une totale stupéfaction et une forêt d’incertitudes laissant aphones bien d’observateurs. Aujourd’hui si la stupéfaction d’incompréhension d’alors a trouvé sa réponse dans le constat d’une amélioration évidente au plan sécuritaire dû au changement drastique d’orientation en matière de coopération militaire, reste que bon nombre d’incertitudes demeurent.
En effet, beaucoup d’eau a coulé sous le pont depuis la prise de main par le colonel Assimi Goita, bougeant ainsi les lignes d’une façon assez ambivalente. Et pour cause, au même moment où le Mali passe pour la terre promise du monde panafricaniste, on se trouve dans une terrible claustration qui s’approfondie et qui tranche avec cette vocation apparente. Curieusement ce paradoxe ne concerne pas que les rapports diplomatiques conflictuels entre le Mali et la communauté internationale. Il se constate également dans le fait que jamais pendant les dernières décennies de déliquescence de notre pays on a été tant proche et si loin d’une réelle refondation nationale aux relents d’espoir chimérique. La lutte implacable contre la corruption et le népotisme du début du règne Assimi Goita s’est décrédibilisée par la colonelisation à grande échelle de l’administration, les scandales liés à l’attribution des logements sociaux et de certains recrutements, etc. A ces déconvenues s’ajoutent celles en rapport avec la violation de la charte de la transition ainsi des procédures judiciaires controversées notamment le cas très parlant de l’ex feu premier ministre Soumeilou Boubèye Maiga. Toutes choses qui prouvent que les questions de justice et d’équité sociale, de conformité à la légalité, de lutte contre la corruption, entre autres, ne viendront pas d’un coup de baguette magique ou par des discours démagogues et populistes mais plutôt par une sincère conjonction d’efforts entre gouvernants et gouvernés pour l’intérêt suprême de la patrie.
Par ailleurs si la témérité salutaire – quoiqu’aux conséquences multiples – du pouvoir Goita à braver le sournois monde extérieur qui se délectait à tout télécommander au Mali, à relativement redoré le blason de notre pays, force est de reconnaitre que la capitulation par étranglement que cherche la France et son acolyte CEDEAO commence à prendre forme par le biais d’un embargo qui fait changer progressivement le discours d’un peuple affamé. Même phénix dans un isolement injuste, le Mali fière et digne du colonel Goita pourra-t-il démentir l’évidence comme quoi « La sécurité dans la famine peut détourner les raisonnements» ?
Ousmane Tiemoko Diakité
Source: Le Témoin