L’espoir de la refondation du pays se heurte une fois de plus aux anciennes pratiques qui, sans conteste, ont la vie dure. Le rallongement de la liste des scandales en cette période transitoire qui cristallisait tous les espoirs de l’avènement d’un Mali nouveau sonne comme une piqûre de rappel et impose réflexion sur le choix de la stratégie et l’ordre des priorités. L’atteinte des objectifs d’une politique ou réforme étant largement tributaire de la qualité des ressources humaines chargées de leur mise en œuvre et de l’adhésion de l’immense majorité de la population, la persistance des anciennes pratiques néfastes à grande échelle suscitent des interrogations et non des moindres.La vision du Mali Koura est-elle la même pour tous ? Le Mali Koura n’est-il pas un slogan-écran dont se servent certains pour se mettre à l’abri du besoin ? Quoi qu’il en soit, la triste réalité du quotidien meublée de scandales de tous genres est en soit la réponse à ces questions qui taraude l’esprit de bon nombre de Maliens. Plus de deux ans après la phrase choc de l’ancien président de la transition partagée par l’ensemble des Maliens et qui promettait une lutte implacable contre l’impunité, le denier public continue de saigner et les pratiques néfastes se portent comme un charme sans que les auteurs ne s’inquiètent.La réaction à minima des autorités de la transition nourrit un embarras et un scepticisme sur leur capacité à étancher la soif de justice et de transparence attendu par la population et inscrit en gras dans le programme d’action gouvernementale adopté à l’unanimité par le CNT. En dehors de l’abrogation du décret de l’attribution des logements sociaux et les mutations des responsables services impliqués dans les scandales, tous inclinent à penser que les nouvelles autorités s’efforcent à faire du neuf avec du vieux au sens le plus large du terme.
Les réponses souvent évasives aux questions d’actualités relatives pour la plupart aux scandales et la gestion des dossiers et projets en souffrances du PM lors du grand oral sont de nature à renforcer le scepticisme naissant qui s’amplifie au rythme des évènements qui jurent d’avec les discours réformateurs. Dans sa volonté de refondation, n’a-t-on pas mis la charrue avant les bœufs ? C’est la question qui mérite d’être posée. Tout compte fait, le Mali nouveau restera un vœu pieu si les autorités ne s’investissent pas davantage dans la lutte contre toutes formes de dérives par leur exemplarité et leur détermination à traquer les déviations avec rigueur en imposant le respect des lois de la République à tous sans exclusive.
Bouba Sankaré
Mali Tribune