À deux mois et demi des élections législatives, le domicile de l’opposant Ousmane Sonko a été encerclé par un dispositif impressionnant des forces de l’ordre encagoulées et des blindés, afin de l’empêcher de participer à une manifestation organisée par l’ensemble de l’opposition. Et comme si cela ne suffisait pas, on l’a empêché d’aller à la prière du vendredi. Comme quoi, règne déjà au Sénégal un climat de tension pré-électorale.
L’escalade verbale laisse place à la confrontation entre pouvoir et opposition, le premier interdisant au second de protester dans la rue contre l’invalidation d’une liste nationale de candidats pour les législatives du 31 juillet. Des heurts ont ainsi éclaté entre jeunes et policiers, occasionnant deux morts à Dakar et dans le sud du pays et l’arrestation manu militari de trois figures de l’opposition.Si rien n’est fait, le Sénégal court donc le risque de plonger dans l’impasse politique. Mais comment l’éviter alors que l’opposition dénonce l’invalidation de la liste nationale de la coalition Yewwi Askan Wi menée par le parti de Sonko, comme un stratagème du président Macky Sall pour écarter ses adversaires? D’ailleurs, le président n’a-t-il pas déjà fermé la porte à un repêchage de la liste invalidée lorsqu’il affirme que : «De toute façon, le pays va faire ces élections, le Conseil constitutionnel a décidé” ?
Quoi qu’il en soit le président de la république, garant constitutionnel de l’unité nationale, est la seule personne pouvant éviter le pis-aller. L’intérêt supérieur de la nation lui exige de savoir raison garder en mettant la balle à terre. Mais comment ?
En faisant de sorte que les opposants arrêtés soient relaxés. Le fétichisme juridique n’aura servi qu’à provoquer la crise politique en cours. Macky doit engager un dialogue politique fécond avec ses opposants, toute démocratie véritable exigeant la participation intégrale des candidats de l’opposition à l’ensemble des scrutins. Le pouvoir doit donc les garantir ce droit constitutionnel des opposants pour les empêcher d’aller le chercher par la force de la rue. Il y a un an (en mars 2021), n’ont-ils pas déjà prouvé leur force de mobilisation dans l’ensemble du pays. ?
Sonko a lancé un « ultimatum » à Macky en le sommant de libérer ses camarades opposants. Il est souhaitable que le président Sall mette son orgueil et ses calculs politiques de côté. La crise étant politique, doit pouvoir être réglée par le dialogue politique. Rien que cela !
Gaoussou Madani Traoré
Source: Le Challenger