Certains observateurs sont persuadés qu’il n’y a plus rien dans les caisses de l’Etat malien. Mais le gouvernement n’est pas alarmiste au sujet de l’avenir financier du pays qui est privé de fonds importants.
Le Trésor public malien est encore capable de payer les fonctionnaires en dépit des contraintes imposées au pays. Mais jusqu’à quand le Mali peut tenir, alors que les sanctions financières de l’Union économique et monétaire des Etats d’Afrique de l’Ouest (Uemoa) bloquent les transactions financières.
Récemment, le ministre de l’Economie de t des Finances, Aloussenou Sanou, a donné des éléments de réponse sur la façon dont le gouvernement se débrouille pour honorer ses engagements envers les fonctionnaires et d’autres prestataires de services. La grande partie de l’argent u Trésor public malien vient de l’activité économique qui ne s’est pas arrêtée au Mali.
Il est vrai que les limitations de transactions financières touchent certains services. Mais l’économie réelle est loin d’être touchée par les sanctions. Selon des experts, cela tient au fait que l’économie malienne est largement ancrée dans l’informel. Les sanctions financières n’empêchent pas les petits commerçants et autres contribuables maliens à mener leurs activités.
Les taxes et les impôts que payent ces travailleurs financent les salaires et autres dépenses importantes de l’Etat. On a observé il y a quelques mois une note du Trésor public informant les Maliens de la suspension des paiements électroniques des impôts et taxes. C’était une réponse du gouvernement aux sanctions financières. L’objectif est de ne pas mettre les impôts à la portée du système financier contrôlé par les institutions monétaires qui rendent compte à l’Uemoa.
La plupart des Maliens ne dispose pas de compte en banque, l’argent circule de main en main de façon générale. Tant que les marchés et les commerces sont loin d’être adossés aux banques et aux transferts d’argent, l’Etat peut être sûr de la disponibilité de fonds dans les caisses du Trésor public. Le marché financier international n’est plus une source de finances pour la transition qui préfère mobiliser les ressources internes pour faire face aux dépenses publiques.
Mais ce que le ministre des Finances ne dit pas, c’est que le Mali a pris les devants dans le bras de fer qui l’oppose à l’Uemoa et aux pays de la Cedeao. Le pays a en effet décidé bien avant les sanctions de rapatrier ses devises étrangères directement dans les caisses du Trésor public. Les gains provenant de la vente de l’or et du coton sont destiné au Trésor public, ce qui permet à l’Etat d’avoir des ressources énormes. L’or qui est une source de revenu sûre permet à l’Etat malien de ravitailler le pays sans passer par le système monétaire qu’utilisent les pays de la sous-région.
Vie chère
L’une des manifestations de la fragilité de l’économie nationale est bien l’inflation qui est en cours. La peur des Maliens est de se lever un matin pour constater une nouvelle augmentation des tarifs des transports. Depuis la seconde augmentation du prix des hydrocarbures par le gouvernement, les habitants de Bamako craignent la flambée des prix des produits de première nécessité. Les produits agricoles et les produits importés dépendent beaucoup du secteur des transports. Or, l’augmentation du prix du litre de carburant à la pompe se répercute directement sur le coût du transport.
La cherté de la vie est intimement liée au coût du transport des produits, particulièrement entre Bamako et les autres localités du pays. Alors que le kilo de viande est vendu à 3000 F CFA dans la capitale, il est à 2000 F CFA dans le village de Siby. Cette localité est à une cinquantaine de kilomètres de la capitale où le prix du kilo de la viande a dépassé 2500 FCA il y a des années. C’est dire que le transport joue beaucoup dans la cherté des produits de consommation.
La récente augmentation du prix des hydrocarbures va en ajouter au pourrissement de la situation économique à Bamako. La baisse du pouvoir d’achat dans les grandes villes se répercute sur les villages dont les productions dépendent des intrants. Bamako est incontournable dans la fourniture des intrants agricoles qui pourraient arriver chez les paysans à un prix élevé à cause de la cherté des hydrocarbures.
C’est donc un cercle de feu que forme la flambée des prix des transports.
A la longue, c’est toute la chaine du commerce et de l’économie nationale qui sera touchée par les transports. Pour l’instant, le gouvernement n’a rien entrepris pour diminuer l’impact de la hausse des hydrocarbures sur le pouvoir d’achat de la population. L’Office des produits pétroliers (Onap) est loin d’avoir la solution. En effet, aussi longtemps que le ravitaillement du pays dépend des fournisseurs ordinaires, la flambée des prix ne pourra combattue, malgré les subventions de l’Etat.
La situation est loin d’être satisfaisante dans les ports des pays que le Mali utilise pour se ravitailler. En Guinée Conakry, nouvel accès du Mali vers la mer, la cherté des prix des hydrocarbures a provoqué une émeute. Au Sénégal et en Côte d’Ivoire, deux pays limitrophes importants, c’est le même constat. Tout le monde se plaint de la cherté des hydrocarbures et de la diminution du pouvoir d’achat.
Oumar KONATE
Source: La Preuve