Invité le samedi 25 juin de l’émission « Politik » d’Africable Télévision, le président du Mouvement pour un destin commun (Modec), Konimba Sidibé, a dressé un tableau sombre de la gestion du Mali par le Premier ministre, Dr. Choguel K. Maïga.« Je dois dire que nous sommes restés sur notre faim pour ne pas dire davantage ». Ce sont là les propos du président du Mouvement pour un destin commun (Modec). Ce qui laisse transparaître toute sa déception dans la gestion de la transition sous la conduite du Premier ministre.
Konimba Sidibé dénonce pêle-mêle la persistance de la mauvaise gouvernance, les scandales des logements sociaux, le népotisme, le clientélisme à tous les niveaux et la violation de la loi pour intégrer des cadres supérieurs dans la fonction publique.
« C’est du IBK sans IBK », accuse l’ancien ministre de la Promotion des Investissements. Comme si tout cela ne suffisait pas, Konimba Sidibé en rajoute une couche : «la poursuite de la corruption à ciel ouvert. Vous avez entendu qu’il y a quelques progrès sur ce front ? Je n’en connais pas. Enfin l’impunité qui, selon lui, n’a guère été combattue ».
La persistance des maux ci-dessus cités fait dire à l’ancien député élu à Dioïla que la refondation ne doit pas rester un discours creux. « La refondation, c’est d’abord la rupture avec toutes les mauvaises pratiques de gouvernance », a-t-il affirmé, taclant ainsi le Premier ministre, Dr. Choguel K. Maïga, qui rabâche constamment les oreilles des Maliens avec ce concept creux de « Refondation de l’Etat ».
Tout en jugeant le président du MPR de clivant, Konimba Sidibé souligne que la persistance de la mauvaise gouvernance dans le pays est due principalement au fait que le Premier ministre, une fois installé au pouvoir, a lâché (en plein vol) le Mouvement du 05 Juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-Rfp), regroupement dont il est lui-même issu. « Il a tout fait pour instrumentaliser le comité stratégique du M5-RFP par rapport à son agenda à lui et non la feuille de route du M5-Rfp », souligne Konimba Sidibé.
Comité stratégique du M5-Rfp marginalisé
Dans le processus de la gouvernance, note le président du Modec, le Premier ministre a reçu à marginaliser complètement le comité stratégique du M5-Rfp. « Avant qu’il ne soit Premier ministre, on s’était mis d’accord pour que le M5-Rfp soit comptable du bilan, il serait bon qu’on ait des concertations périodiques dans un cadre bien défini.
La décision a été prise à l’unanimité. Mais dès qu’il a eu le poste de Premier ministre, il a tout fait pour que ce cadre ne soit jamais mis en place. Ce qui fait que les dirigeants du M5-Rfp ont tout appris à la télévision comme tout le monde », dénonce Konimba Sidibé.Concernant les assises nationales, il affirme n’avoir pas été entendu par Choguel K. Maïga. « Nous avons dit qu’il faudra tout faire pour qu’elles ne ressemblent pas aux anciens fora ». Il dit être resté sur sa faim à propos des progrès sur les questions essentielles comme celles qui avaient été tranchées par le Dialogue national inclusif en 2019.
À titre d’exemple, il cite la révision de la Constitution et la relecture de l’Accord d’Alger. « Au moment de la conception des ANR, nous avons dit qu’elles aboutiront aux mêmes constats que le DNI parce qu’on n’aura pas avancé d’un pouce. Il faut que les ANR discutent du contenu de la Constitution en disant ce qu’il faut enlever ou ajouter. En ce moment, il y aura un progrès. Il en va de même pour le cas de l’Accord. Toutes ces questions ont été mises sous le boisseau », s’est insurgé Konimba Sidibé.
Enfin, le président du Modec accuse Choguel K. Maïga d’avoir fait du comité stratégique du M5-Rfp un instrument de guerre contre le Conseil national de transition (CNT), qui est la 2e institution du pays.
Il se demande comment on peut s’adresser à une telle institution avec des termes les plus désobligeants, en les traitant d’opposants à la transition ou en accointance avec les forces hostiles au changement, et en prenant le président du CNT par son nom.
À noter que le président du Modec et plusieurs autres membres du comité stratégique ont été suspendus de l’organisation. Ce qui a entraîné son effritement avec le départ de plusieurs organisations.
Les ministres Konimba Sidibé, Mohamed Aly Bathily et Cheick Oumar Sissoko, tous anciens membres du comité stratégique, ont dans un communiqué appelé à la mise en place d’un comité stratégique Mali Kura sous un nouveau leadership.
Abdrahamane SISSOKO
Le wagadu