La lutte contre des malversations financières dans notre pays n’est pas une pratique nouvelle et son combat ne serait pas possible tant que le citoyen lambda ne soit pas conscient qu’il s’agit là de la préservation de son bien-être. Mais la passivité des autorités judiciaires et administratives semble motiver de plus le phénomène, destructeur de l’économie nationale.La corruption en Afrique, particulièrement au Mali, est devenue un phénomène très préoccupant et freine nos développements socio-économiques. Aujourd’hui, il est difficile de voir un citoyen malien se limiter au-delà de ses salaires élevés ou pas sans corrompre en vue de s’enrichir illicitement et en toute conséquence. Triste constat. C’est ainsi que l’on perçoit l’expansion dudit phénomène faisant naître de doute sur l’efficacité de la justice qui couvrirait selon certains, des personnes impliquées ou incriminées dans des affaires de détournements de deniers publics. De même, les rapports d’études sur la déontologie des agents de l’État remis aux autorités par les organes de lutte contre la corruption demeurent dès fois, sans suite. En effet, dans nos sociétés, la corruption est perçue comme une culture de soi et est faite consciemment sans prendre en compte des pertes économiques colossales qui en découlent caractérisant ainsi, par des arrangements dans nos services de sécurité, dans nos circulations routières, dans nos centres de références médicales entre autres. À cela s’ajoutent des irrégularités administratives et financières qui font froid dans le dos. Par ailleurs, il ressort d’une compilation des rapports des structures de contrôle que de 2005 à 2019, les irrégularités financières au détriment de l’État et des collectivités territoriales s’élèvent à 1 266 milliards de nos francs CFA. Selon le coordinateur de l’Office centrale de la lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI), Moumouni Guindo, ces montants perdus auraient pu servir à financer entre autres, la construction des écoles, des hôpitaux des infrastructures publiques. Dans un autre passage, il ajoutera que ces moyens financiers spoliés à l’État pouvaient lui suffire à construire 264 hôpitaux de haut standing, 1767 centres de santé de référence et environs 42 ponts. En fin, la lutte contre ce fléau ne devrait plus être un vain mot, mais traduite plutôt en actes concrets. Et pour ne pas être dévoyée et décrédibilisée, la justice doit être ferme et rigoureuse sur la question et nos autorités, doivent être exemplaires dans leurs prises de décisions en vue d’éradiquer ces pratiques d’une autre époque.
Yacouba COULIBALY
L’Alternance