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Edito : J’ai vraiment peur pour mon pays

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Face à la recrudescence des attaques terroristes, la seule priorité des autorités maliennes aurait dû être la lutte contre l’insécurité, mais à analyser de près elles la priorité se trouve ailleurs, reléguant du coup au second plan le péril djihadiste. Depuis la rectification de la transition par les cinq colonels, le 24 mai 2021, le Mali cherche toujours sa voie celle de la paix, de la stabilité et du vivre ensemble afin d’atteindre les objectifs de la refondation tant souhaité par les maliens dans leur grande majorité. Cette rectification, il faut le rappeler, qui est sans nul doute le deuxième coup d’Etat en un an et qui a permis au Colonel Assimi Goïta et ses compagnons de mettre hors du jeu politique le duo Bah N’Daou/ Moctar Ouane, respectivement Président et Premier ministre de la transition, est loin de produire les résultats escomptés tant les événements, à la fois ubuesques et burlesques se succèdent et se ressemblent tous. Pour rappel si le peuple dans son écrasante majorité avait fondé de l’espoir sur la nouvelle équipe dirigeante avec à sa tête le colonel Assimi Goïta c’est pour voir enfin le bout du tunnel, mais hélas les fleurs sont en passe de trahir leur promesse de fruits. Le Mali hormis la montée en puissance des forces de défense et de sécurité, reste ce grand pays malade qui attend la thérapie indispensable pour sa survie. Les différentes attaques ce dernier temps doivent interpeller plus d’un sur la nécessité d’aller à une union sacrée autour de l’essentiel. Mais hélas cela ne semble pas être la meilleure option pour certains prétentieux qui multiplient les problèmes.

 

J’ai vraiment peur pour mon pays alors que nombreux étaient les maliens à applaudir la fin de l’Opération française Barkhane, la fermeture de RFI et de France 24, l’avènement des militaires russes pour soutenir des militaires maliens, l’expulsion de l’ambassadeur français au Mali, celle du porte-parole de la MINUSMA, l’arrestation des 49 militaires ivoiriens considérés comme des mercenaires, pensant, à tort ou à raison, trouver la solution à nos problèmes, qui s’enchainent à un rythme effrayant. Les maliens commencent à déchanter car ni la crise sécuritaire, ni la crise sociale encore moins la crise institutionnelle n’ont connu véritablement un début de solution durable. Le Pays s’enfonce chaque jour davantage et les réponses aux différents questionnements tardent à venir. Aujourd’hui nos vrais ennemis, sont les terroristes, qui non seulement jouent sur nos divisions, mais aussi et surtout changent de modus operandi en fonction des stratégies élaborées par l’Etat. A défaut de gagner du terrain, ils sèment la psychose et profitent chaque fois de nos mésententes pour occuper des espaces et de localités.Nous devrions changer de fusil d’épaule car le Mali vit aujourd’hui en totale autarcie dans un monde globalisé. Il est en froid avec ses voisins immédiats, il est en brouille avec ses partenaires traditionnels que sont les occidentaux. Les populations subissent les conséquences de l’embargo, bien que levé, entrainant une crise sociale sans précèdent. Les prix des denrées de première nécessité ont flambé, les réformes bien qu’entamées, ont du plomb dans l’aile car il n’y a aucun consensus autour d’elles. Quelques actions solitaires ont été posées comme entre autres la mise en place de la commission de rédaction de la nouvelle Constitution sans consultation, ni consensus, en excluant la classe politique et une bonne partie de la société civile. Idem pour le comité de suivi des Assises Nationales de la Refondation, ANR. Comme si cela ne suffisait pas le Premier ministre chef du gouvernement jette un pavé dans la marre en tenant des propos qui divisent beaucoup plus qu’ils n’unissent. Les membres signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation commencent à s’agacer de la lenteur et fourbissent les armes. C’est dans ce contexte sociopolitique très tendu que les forces du mal que sont les terroristes se sont attaqués au camp de Kati, le poumon du pouvoir actuel car c’est là où réside le Président de la transition et son puissant ministre de la défense. Peut-on objectivement réussir en ayant tous ces lourds fardeaux sur la tête ? La réponse est non et pourtant la solution pour une transition réussie est entre les mains du Colonel Assimi Goïta. Il doit au prime à bord siffler la fin de la recréation de ce gouvernement qui ne vit que de crises, secundo rassembler le plus largement possible les Maliens pour avoir un nécessaire consensus autour des reformes prioritaires. Et enfin renouer le dialogue avec tous les partenaires du Mali sans exclusive.

 

Youssouf Sissoko

Source: L’Alternance

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