Dans un élément vidéo véhiculé sur les réseaux sociaux, on aperçoit clairement un vieillard ségovien appeler ses concitoyens à «fracasser la tête» à tout homme politique qui ne souhaiterait pas voir le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga à la Primature et à «étrangler » tous ceux qui s’opposeraient au colonel Assimi Goita comme président du Mali.Ce faisant, le sage, disons ce vieillard de Ségou, verse manifestement dans l’apologie du crime par incitation au meurtre et défie ainsi le Procureur Touré, qui est passé maître dans la traque de ceux qui s’illustrent par des infractions identiques sur les réseaux sociaux. En termes clairs, c’est comme si l’auteur de l’élément vidéo invitait le chef du parquet de la Commune IV à aller se faire voir, à défaut de le trouver à Ségou s’il est «homme».
Ces propos, qui auraient conduit son auteur en prison sous d’autres cieux, ne sont cependant pas à prendre à la légère, car ils peuvent être sources de tensions politiques voire servir de facteur déclencheur pour que certains s’en prennent aux acteurs politiques du Mali, notamment ceux du Cadre d’échange des partis et groupements de partis pour une Transition réussie.
Ils peuvent tout aussi être une réplique à la conférence-débat organisée par l’ADEMA-PASJ, il y a quelques jours, sur les réformes politiques et institutionnelles en cours, conférence au cours de laquelle les héritiers de feu Abdrahamane Baba Touré n’avaient pas fait de cadeau aux acteurs de la Transition. Certains participants ayant même mis en cause la légitimité d’un pouvoir transitoire à réviser ou à réécrire la constitution.
Quoi qu’il en soit, il y a lieu de craindre le pire au Mali si de tels propos devaient passer sous silence dans l’impunité la plus totale pour des pyromanes au service des princes du jour. Le cas échéant, cela dénoterait d’une justice à double vitesse quand on sait que sous cette même Transition d’autres ont gouté à l’incarcération pour beaucoup moins que pareille abomination.
La liberté d’expression à sens unique (rien de rien pour ceux qui injurient, qui insultent et qui appellent même au meurtre au nom des autorités de la Transition… et « In jail » pour les autres) doit cesser. Et pour cause, elle ne contribue en rien au raffermissement de la démocratie puisqu’en démocratie la démission d’un Premier ministre ou même d’un président n’est jamais un crime de lèse-majesté.
On doit cesser de cataloguer les Maliens en «bon et mauvais Malien». Ceux qui interpellent ou critiquent les autorités actuelles ne sont pas de « mauvais maliens»; au contraire ils le font parce qu’ils aiment le Mali et sont soucieux de son devenir au même titre que ceux qui les encensent.
A qui profite l’incitation la haine entre Maliens ?
La classe politique malienne est ainsi interpellée à se dresser comme un seul homme contre de tels propos avant qu’il ne soit trop tard… Est également interpellé, dans le même sillage, le Procureur Touré, quitte à ce qu’il saisisse son homologue de Ségou, pour que ce «vieux pyromane» soit puni avec une rigueur mesurable à son apologie du crime et à l’outrage à magistrat» qu’inspire ses propos.
Le Procureur Touré se doit d’être cohérent en prouvant qu’il agit selon sa conscience et ses convictions dans la distribution de la justice, ultime rempart dans un Etat de droit.
Quant aux Maliens, ils sont exhortés à ne pas céder face aux cris de sirène de ceux qui veulent les amener à se haïr, au lieu d’encourager à semer la graine de l’amour dans les cœurs et les esprits pour le Mali ! Car c’est aussi à ce prix que le Mali-Kura se fera.
Mahamadou Adama TRAORE, affectueusement appelé « Mussolini »,
Journaliste / communicant et 1er Adjoint au Maire de la Commune Rurale de N’Gouraba
Le Témoin