Si le vote de la nouvelle Loi électorale par le Conseil national de transition (CNT), le 17 juin 2022 et sa promulgation, le 24 juin 2022, par le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a fait couler d’encre et de salive, le choix des quatre représentants des partis politiques fait suer plus d’un au sein des états-majors des partis politiques.
En effet, les Assises nationales de la refondation (ANR), tenues les 24, 25 et 26 septembre 2021, avaient adopté dans ses résolutions la mise en place d’un organe unique de gestion des élections en vue de l’organisation d’élections libres, transparentes, crédibles, apaisées et dont les résultats seront acceptés de tous. Dans ce sens, le gouvernement, après avoir écouté l’atelier de Fana, de la commission technique de relecture de la Loi électorale pour la création d’un organe unique de gestion des élections, les 25 et 26 Septembre 2021 et l’atelier d’échanges sur l’avant-projet de la Loi électorale en vue de la création de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), les 4 et 5 novembre 2021, a élaboré et adopté en Conseil des ministres du 24 novembre 2021, un projet de Loi électorale qui a été soumis au Conseil national de transition (CNT), le 6 décembre 2021.La nouvelle Loi électorale, en son article 4, consacre la création d’un organe dénommé: Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) en charge de l’organisation et de la gestion de toutes les opérations référendaires et électorales. Elle est composée de quinze (15) membres désignés dont: trois (03) par le chef de l’État; – un (01) par le Premier ministre; – deux (02) par le président de l’organe législatif; – un (01) par le président du Haut Conseil des collectivités; – un (01) par le président du Conseil économique, social et culturel; quatre (04) par les partis politiques et trois (03) par la société civile.
Si la nouvelle Loi électorale semble faire l’unanimité au sein du CNT parce que adoptée à 115 voix pour, 3 contre et zéro abstention, avec quatre-vingt-douze (92) amendements, le grand bémol reste la composition de l’AIGE.
La grande problématique qui casse les têtes est la désignation des quatre (04) représentants des partis politiques. Comment choisir quatre (4) personnes parmi deux cent soixante-onze (271) partis politiques présents sur l’échiquier politique ? Quelles seront les modalités à adopter pour justifier ces choix ? Voilà les questions qui ne cessent de tourmenter la tête de bon nombre de dirigeants politiques.
Ainsi, sollicité par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, à faire des propositions de modalités pour la désignation de leurs quatre représentants, nous n’avons nullement été surpris qu’il n’y ait pas eu de consensus et nous restons sceptiques qu’il en aurait si tôt. Car, nul n’ignore que ses partis politiques qui animent la scène, sont d’accord sur une seule chose, c’est qu’ils ne seront jamais d’accord.La politique étant pour bon nombre parmi eux comme un facteur d’ascension sociale, nul ne semble prêt à laisser passer cette opportunité inespérée. Chacun y va de ses calculs. Qui cédera la place au profit de qui ? L’enjeu est de taille et le jeu n’en vaut-il pas la chandelle surtout quand on sait qu’une fois nommé à l’AIGE, on est membre pour sept ((07) ans dans un confort qui met le représentant à l’abri du besoin.
Ainsi, cette question, non seulement accentue la division entre les partis politiques mais risquerait de provoquer des fissures à l’intérieur des partis eux-mêmes. Car, si d’aucun parti, fut-il grand ou petit, ancien ou nouveau, n’est prêt à céder pour l’autre, à l’intérieur des partis politiques eux-mêmes, le choix de la personne aussi reste problématique.
Finalement, le temps n’aurait-il pas donné raison au Premier ministre Dr Choguel Kokala Maïga et son gouvernement qui, ayant pressenti ce problème et pour prémunir contre ce blocage, avaient tout simplement proposé une modalité pour le choix des membres du collège chargé de la sélection des neuf (09) membres de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) à savoir: trois (03) proposés par le président du Conseil national de transition (CNT) et quatre (04) par le chef du gouvernement et le choix final laissé à la discrétion du président de la transition ?
Daouda DOUMBIA
Source: Inter De Bamako