En 2017, Emmanuel Macron, est élu Président de la République française avec 66% des suffrages, puis réélu en avril 2022 avec 58,55 % des voix. Malgré cette expression populaire, il est celui qui détient le record d’impopularité des Présidents de la Ve République, même si sa popularité avait rebondi pour un tant soit peu en France. Son manque de maturité politique suffisante, de pragmatisme et de vision à long terme pour l’Afrique, etc., ont fait basculer la politique extérieure française vers la débâcle, le fiasco, qui fait dire à nombre d’observateurs que jamais la France n’a connu à ce qui ressemble à une descente aux enfers.
Les principaux faits qui ont basculé la politique française de Macron vers la débâcle
Beaucoup de faits expliquent l’échec de la politique française sous Macron, en Afrique et singulièrement au Mali. En effet, en août 2020, Ibrahim Boubacar Kéïta, le mentor de Macron, est débarqué du pouvoir par des officiers supérieurs de l’Armée sous la direction du Colonel Assimi Goïta. Ce qui ouvre une période de Transition dirigée par Bah N’Daw et son Premier Ministre Moctar Ouane (septembre 2020-mai 2021). Puis arrive le 24 mai 2021, la Transition dite de Rectification qui change de main et de système, sous le leadership de Assimi Goïta, nouveau Président de la Transition et de son tout nouveau Premier Choguel Kokalla Maïga. Ce que la France appelle « le coup d’Etat dans un coup d’Etat ». Depuis, le Président Macron multiplie ses coups bas, ses invectives, ses discours incendiaires, discourtois, haineux et diffamatoires à l’endroit des nouvelles Autorités qu’il qualifie d’illégitimes et d’irresponsables. Tout cela intervenait au moment où ces Autorités qui, après avoir constaté l’échec de neuf ans de présence des forces étrangères (Barkhane, Takuba, MUNISMA), pour la sécurisation et la stabilisation du Mali, décident alors, de diversifier leurs partenaires, en se tournant notamment, vers la Russie qui, a en si peu de temps, réussi à équiper et à former nos forces armées qui montent aujourd’hui en puissance contre les terroristes désormais terrorisés.Cette décision de revirement du Mali, a entrainé la colère de la France qui annonce de façon unilatérale, son retrait du Mali. Retrait qui fera dire au Premier Ministre du Mali Choguel Kokalla Maïga à la tribune des Nations-Unies en septembre 2021 que, « la France abandonne le Mali en plein vol ». C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. A cet évènement, s’ajoute, l’expulsion en janvier 2022, de Joël Meyer, ambassadeur de France au Mali, pour ses propos hostiles, subversifs et outrageux. Depuis, l’Elysée ne manque aucune occasion pour sermonner, vilipender et menacer les Autorités de la Transition. Aussi, les manœuvres mafieuses de l’Elysée avec les ex-rebelles de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), pour une partition programmée du Mali et avec les terroristes, pour déstabiliser le pays, ont incité les Autorités de la Transition à prendre leurs distances vis-à-vis de la France prédatrice, aux velléités néocolonialistes.
Autres ripostes des Autorités, c’est le retrait des licences de RFI et de France 24, mises à contribution par l’Elysée, pour discréditer régulièrement le pouvoir en place et nos forces armées qu’elles accusent d’exactions sur les populations civiles au Centre du Mali et dans la zone de l’Office du Niger et de prétendues disparitions de citoyens mauritaniens à la frontière avec le Mali et dont la MINUSMA se donne la mission de relayer des bilans fictifs de victimes pour le compte des organisations de défense des droits de l’homme dont le seul but est de nuire l’Etat du Mali. C’est dans ce contexte de complot international, qu’interviennent la rupture avec effet immédiat, des accords de défense avec la France et ses partenaires européens de Takuba, le 02 mai 2022, leur départ du Mali et le rappel à l’ordre de la MINUSMA.
Ce qui va exacerber les tensions entre Paris et Bamako, ne laissant aucune chance à la négociation. Jamais la politique française n’a connu une telle débâcle, annonçant du coup, le début de la fin de son hégémonie au Mali. C’est un véritable camouflet diplomatique pour la France, endolorie et humiliée qui va désormais chercher à se venger, avec le concours de ses valets ou ses bourreaux de chefs d’Etat de la CEDEAO, dans l’intention de déstabiliser par tous les moyens, l’Etat du Mali et ses institutions.
Comment Macron le pyromane et ses bourreaux de Chefs d’Etat peuvent-ils arriver à leurs desseins funestes ?
Après sa réélection en avril 2022, Macron entreprend sa toute première tournée en Afrique, pendant qu’au même moment, le Ministre des Affaires Etrangères de Russie, Sergueï Lavrov, était également en tournée sur le continent. Au Cameroun, première étape de cette tournée le 26 juillet, Macron accuse, menace, dénigre et charge des régimes et des pays, notamment le Mali, où il veut mettre le feu, avec l’aide de ses exécuteurs d’ordres au sein de la CEDEAO. Il joue à la pyromanie par des discours haineux, incendiaires et cyniques. En conférence de presse avec son homologue Paul Biya, Macron dénonce avec véhémence, ce qu’il appelle « l’hypocrisie » des chefs d’Etat africains, s’adressant à ceux qui n’ont pas affiché officiellement leur opposition à la Russie en guerre contre l’Ukraine. On pourrait se demander, de quel droit s’arroge-t-il pour vouloir donner de leçon à ces dirigeants du continent ?Au Bénin, dans une Conférence de presse aux côtés de Patrice Talon, Macron se livre à des critiques virulentes envers la Russie qu’il accuse d’être « l’une des dernières puissances impériales coloniales qui a décidé d’envahir un pays voisin, pour y défendre ses intérêts ». Macron délire car il ignore l’histoire coloniale de façon générale et en particulier, celle de l’Afrique, ses peuples et sa culture.
Dans cette Afrique où le Mali, apparait comme le berceau des grands royaumes et empires dont l’empire du Mandé, l’un des plus grands empires d’Afrique Noire, bâti au XIIIe siècle. C’est aussi le seul pays en Afrique, où la diversité culturelle et les brassages ethnolinguistiques sont les mieux élaborés, les plus complets et ont le mieux réussi à contribuer à la formation d’un Etat-Nation. C’est pourquoi, il est important pour Macron, de retenir que c’est la France, puissance coloniale qui a le plus tué des africains, spolié des terres agricoles, pillé des ressources et des objets d’Arts, etc, pendant près de deux siècles. C’est encore cette France qui continue les mêmes pratiques sous le label du néocolonialisme. Macron est-il en mesure de citer un seul pays africain occupé ou colonisé par la Russie ?
Mais c’est en Guinée Bissau que la tournée d’Emmanuel Macron, le 28 juillet 2022, fut la plus amère. Elle est celle de la propension, de l’excès, de la provocation, du déni et de la tentative de diviser pour mieux régner. Tout ceci pour deux raisons essentielles, dignes d’une série à la britannique établie en deux épisodes : épisode 1, d’abord, la décision unilatérale et inopportune prise par Umaro Sissoko Embalo, de créer dans l’espace CEDEAO, une force anti-putsch, qui n’est qu’une proposition voilée, venue de Macron. Voilà une ingérence flagrante, inacceptable, une fourberie qui ne rime pas dans la logique, avec les fonctions de ce que doit être un bon dirigeant, incarnant l’humilité et la clairvoyance ; épisode 2 : un fait extrêmement grave auquel s’est livré Macron à la fois pyromane et sapeur-pompier, c’est de vouloir mettre dos à dos, des communautés au Mali qui ont vécu ensemble en harmonie, pendant des millénaires dans un creuset dit de Nation. Ainsi donc, gagné par son ambition démesurée, son orgueil et sa soif de vengeance contre le Mali, Macron accuse pour une énième fois, le Mali et les supplétifs russes de sécurité privée Wagner (qualifiés de mercenaires par la France et ses alliés sans en avoir la preuve), d’exactions « ciblant le peuple Peul, sous le prétexte de lutte contre le terrorisme ». Ces accusations mensongères et gravissimes, montrent encore s’il en était besoin, que la France n’a pas fini de ruminer son humiliation et cherche à créer le chaos, en ouvrant une brèche dans ce qu’on pourrait appeler, la guerre civile. Dans l’exécution de ces basses besognes, la France bénéficie de la bienveillance de ses marionnettes Chefs d’Etat et attend avec impatience, la grand-messe à l’Elysée. Arriveront-ils à leurs desseins funestes ?
Tout compte fait, le Gouvernement du Mali s’est indigné des propos tenus par Macron. Il a réagi le 30 juillet, par un communiqué, lui demandant « d’abandonner définitivement sa posture néocoloniale, paternaliste et condescendante… ». Le Mali, face à son destin, résistera à toutes les adversités et son Peuple résilient et débout sur les remparts, accompagnera les Autorités de la Transition jusqu’au bout, quoi qu’il advienne !
Dr. Allaye GARANGO, enseignant chercheur-Ensup/ Bamako (Mali)
Le Pélican