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Dr Simaga, Maître-Assistant à la Faculté de Droit Privé de Bamako : Comment comprendre l’insécurité au Mali ?

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La République du Mali a connu une triple crise en 2012.

 

– Une crise sécuritaire qui s’est manifestée par l’annexion des deux tiers de son territoire jusqu’en janvier 2013.

 

– Une crise politique avec un coup d’Etat suivi d’un retour heurté à la légalité constitutionnelle.

 

-Une crise humanitaire avec l’exode de plusieurs centaines de milliers de déplacés dans les régions du centre (Mopti), celles du sud (Ségou, Sikasso, Kayes) et des réfugiés dans les pays voisins (Mauritanie, Burkina Faso, Niger, Algérie).

 

Sur le plan historique, il convient d’analyser comment le Mali a pu basculer dans la violence que l’on connait aujourd’hui, en mobilisant à titre explicatif les facteurs autant économiques que sociaux ou politiques. L’histoire des facteurs de transformation du centre du pays est essentiel pour une meilleure compréhension d’être un groupe de quelques dizaines d’individus, comme cela est communément véhiculé, il convient d’analyser les contours. La question qui se pose également est de savoir si cette question est purement locale ou nationale ou bien si elle se ramifie à l’échelon régional.

 

La très grande sensibilité des domaines couverts ainsi que l’amplitude de la recherche ont nécessité de la part des enquêteurs de fréquents turn over.En outre, il a été nécessaire d’assurer à plusieurs reprises de déplacement des personnes-ressources vers des lieux plus sûrs pour recueillir leurs témoignages : les légitimités traditionnelles, parents ou victimes de personnes appartenant à des mouvements (armés ou non), conseillers municipaux.

 

De même, certaines structures (institutions d’éducation coranique, associations) ont été approchées.

 

Sur le plan politique, de bilan des deux (2) années d’application de l’Accord parait mitigé :

 

a) Au nord du Mali, les relations entre la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la plateforme sont ponctuées de phases de rapprochement relevant à la fois les limites d’un accord obtenu a minima et le caractère extrêmement précaire de la situation sécuritaire.

b) La mission onusienne de maintien de la paix déployée sur le sol malien a été le théâtre de près de deux cents attaques causant plusieurs centaines de morts et de blessés.

Si la couverture médiatique des événements permet d’attester que la montée en puissance de nos forces armées et de sécurité (FAMA), elle ne permet pas de comprendre qui en sont les vrais acteurs, leurs mobiles ou encore les facteurs et les conséquences de cette insécurité. Une analyse approfondie donne quelques clés de compréhension soulignant qu’il s’avère difficile d’identifier les auteurs des attaques commises pas toujours revendiquées mais fréquemment attribuées aux groupes djihadistes.

 

Pourtant, les groupes qui entretiennent cette insécurité sont nombreux et n’ont pas toujours de teinte religieuse.

 

Au titre des recommandations, l’Etat doit reconsidérer la question de l’insécurité sur de nombreux plans :

 

D’abord il s’agit de réintégrer le septentrion et le centre du pays dans le processus de paix, ce qui a déjà été initié par des processus de Démobilisation, Désarmement et Réinsertion (DDR) dont nous avons vu qu’ils n’ont été menés complètement à bien. Cela induit également de remettre les régions du nord et du centre dans le cadre des projets de développement afin de comprendre les pertes dues à l’insécurité.

 

Ensuite la jeunesse doit être mise à court des solutions. Cela passe par une politique d’emploi de haute intensité de main-d’œuvre et des activités génératrices de revenus en adéquation avec la formation, afin de décourager le risque de basculement des jeunes dans le djihadisme.Enfin l’Etat doit éviter de recourir à des milices d’autodéfense en égard aux tensions intercommunautaires. Tout groupe armé formé sur une base communautaire n’aura pour effet que de raidir les autres communautés et de les pousser à rejoindre les groupes djihadistes. Les légitimités traditionnelles et religieuses doivent aussi être davantage impliquées de manière conjointe dans la gestion de l’Etat.

 

Dr Moussa SIMAGA

 

Maitre-Assistant à la Faculté de Droit Privé de Bamako

Le Challenger

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