Consécutives aux effets des crises institutionnelles, sociales, sécuritaires et sanitaires, de la crise ukrainienne ainsi de l’embargo infligé par les organisations sous-régionale, notamment CEDEAO et de l’UEMOA, le quotidien des Maliens est devenue insupportablement cher. À l’image de l’armée qui cesse de «monter en puissance», les prix des denrées de première nécessité ont également causé une hausse anarchique et spectaculaire. Face à un climat social en début d’ébullition, le gouvernement de transition a décidé de renoncer à certaines taxes douanières chiffrables à 154 milliards francs CFA de manque à gagner pour le trésor public. Ces efforts peinent toutefois à produire les résultats escomptés et ont fait d’une clarification par le ministre de l’Economie et des Finances, Alfousseïni Sanou, et son collègue de l’industrie et du commerce, Mohamed Ould Mohamoud, lors d’une conférence de presse consacrée aux mesures déployées par l’Exécutif dans le cadre de l’allègement du coût de vie. Ainsi, pour l’approvisionnement correct et à des prix maitrisés du pays en produits de première nécessité, le Gouvernement, dans le cadre de l’atténuation des effets liés à la flambée des denrées alimentaires à l’international, s’est illustré par une série de mesures de riposte. Elle s’est traduite, selon M. Sanou, par la réduction de 50% de la base taxable à l’importation de 300 000 tonnes de riz, 60 000 tonnes de sucre et 30 000 tonnes d’huile alimentaires et le maintien de la subvention accordée à EDM jusqu’à hauteur de 93 milliards entre 2021 et 2022.
Et ce n’est pas tout. En plus d’avoir suspendu la perception de la TVA sur les importations et les achats locaux de graines de coton, subventionné le gaz butane jusqu’en Mai 2022, le gouvernement se prévaut également d’un maintien des prix à la pompe pour l’essence et du gasoil, malgré une augmentation moyenne de plus de 40% des prix des produits pétroliers. Des mesures sans lesquelles les prix à la pompe seraient de 1 136 FCA pour le gasoil et 1139 FCFA pour le Super carburant, selon les explications du ministre Sanou, qui insiste par ailleurs sur les manque à gagner occasionné par ces
subventions au cordon douanier. Sur la période du 1er janvier au 31 juillet 2022, les pertes sur les produits subventionnés par l’Etat s’établissent à 115,684 milliards F CFA dont 11,882 milliards F CFA sur les produits alimentaires, 100,956 milliards sur les produits pétroliers et 2,846 sur la graine de coton. Sur la période, selon le ministre de l’Economie et de finances, l’ensemble des manques à gagner se chiffrent à 154,786 milliards F CFA.
Au titre du soutien direct aux ménages, le ministre relève par ailleurs la poursuivi de la politique de subvention dans le domaine de la santé, soit plus de 15 milliards annuellement consentis pour assurer certains acquis sociaux comme la gratuité de la césarienne et de certains médicaments dans le cadre de la lutte contre le paludisme, le sida, la tuberculose, les prestations du RAMED, les PEV, etc. S’y ajoute le soutien du gouvernement aux populations vulnérables à travers son programme de transfert monétaires – dont 39 milliards FCFA distribués à 366.964 ménages, soit 90.000 FCFA par ménage.
L’appui au pouvoir d’achat des ménages se traduit aussi par l’amélioration des conditions salariales : unification de la grille à un indice plafond de 1.382 FCFA pour le personnel relevant des statuts des fonctionnaires de l’Etat, des Collectivités territoriales et des statuts autonomes et militaires, augmentation des indemnités de différents corps de métier pour un coût global d’environ 200 milliards FCFA, etc.
Pour plus de 310 milliards, des arriérés de dettes fournisseurs et prestataires ont été apurés, dans le cadre du renforcement de la résilience des acteurs économiques, en même temps que les dettes fiscales en faveur des entreprises du secteur de l’hôtellerie, du tourisme, du spectacle et de la restauration impactées par la COVID-19 à hauteur de plus de 30 milliards FCFA. Le monde rural n’est pas en reste et les mesures d’allégement se sont traduites par plus de 57 milliards FCFA pour la subvention aux intrants agricoles et 87 milliards FCFA pour la relance de la filière coton, tandis que 115 milliards FCFA sont allés à la relance de OMH et 600 millions FCFA pour celle la COMATEX.
Ces mesures sont en cours d’exécution a expliqué pour sa part le ministre du commerce, en rassurant sur des résultats probants dans les jours à venir.
Amidou Keita
Le Témoin