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Interview exclusive du DG de l’Administration du Territoire, Abdou Salam Diepkilé

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La Direction générale de l’Administration du Territoire gère la carrière des représentants de l’Etat c’est à dire les gouverneurs de régions et les membres de leur cabinet, les préfets, les sous-préfets. Cette Direction est la structure de contrôle et de suivi-évaluation des activités de l’ensemble des QNG, Associations signataires de l’Accord cadre, ainsi que la délivrance des récépissés des associations et des partis politiques. » La Direction générale de l’Administration du Territoire est l’une des structures étatiques les plus importantes du Mali eu égard à ses missions et prérogatives. C’est ainsi que nous avons approché le Directeur général de cette structure pour informer le public du travail de titan de ce service peu connu. Il nous révèle les grands chantiers réalisés et en cours de réalisation de sa Direction. Cette Direction gère la carrière des représentants de l’Etat que sont les gouverneurs et les membres de leurs cabinets, les préfets et sous-préfets. De même, elle est chargée de délivrer les récépissés des Associations étrangères, les Fondations des partis politiques, les suivi-évaluations des ONG nationales et internationales, entre autres. Lisons ensemble cette interview combien révélatrice.

 

M.le Directeur, pouvez-vous vous- présentez à nos lecteurs ?

 

 

Je m’appelle Abdou Salam Diepkilé, Directeur général de l’Administration du Territoire.

 

 

Quelles sont les missions dévolues à votre Direction ?

 

La Direction générale de l’Administration du Territoire est née de la fusion de la Direction nationale de l’Intérieur et de la Cellule d’Appui au Développement à la Base (CADB). Ces deux structures ont été fusionnées en 2011. Donc par la loi 2011-055 ont permis de créer la Direction générale de l’Administration du Territoire. Elle a pour mission essentielle, d’élaborer les éléments de la politique nationale en matière d’Administration du Territoire, elle veille au respect des règlements et des textes de la République, elle gère la carrière des représentants de l’Etat, c’est-à-dire les gouverneurs de régions, les préfets, les sous-préfets. Cette Direction est la structure de contrôle et de suivi-évaluation des activités de l’ensemble des ONG ainsi que la délivrance des récépissés de certaines catégories d’associations et des partis politiques. A travers nos démembrements sur l’ensemble du territoire national, nous veillons à ce que les activités des ONG et partenaires soient conformes aux politiques nationales de développement de notre pays.

 

Il y a quelques semaines le Gouvernement a procédé à une vague de mutation et de redéploiement des Représentants de l’Etat, qu’est-ce qui explique cette décision ?

 

Cette décision est motivée par le fait que nos plus hautes Autorités ont fait du retour de l’Administration sur l’ensemble du Territoire, leur priorité. Pour que les opérations militaires en cours soient efficaces, le déploiement de l’Administration civile devait suivre dans les meilleurs délais en vue d’apporter à nos populations, les services sociaux de base et mieux que cela, ça n’honore pas un pays de dire que nous avons créé des circonscriptions administratives, c’est-à-dire les régions, les cercles et les arrondissements et que nous ne parvenons pas à pourvoir les postes d’agents de l’Etat capables de les animer, de porter les politiques publiques et d’apporter le développement aux populations qui ont assez souffert de la crise.

 

 

Quel est le rôle des représentants de l’Etat dans la refondation et la restauration de l’Autorité de l’Etat ?

 

Refonder un Etat, c’est d’abord procéder à des réformes profondes et ces réformes doivent être portées par des agents publics de l’Etat bien formés. Les plus hautes Autorités prennent des décisions au niveau national, mais au niveau régional, au niveau local, il faut des cadres compétents et valables pour faire porter ces réformes et expliquer à nos concitoyens, le bienfondé de ces différentes réformes. C’est dans ce sens que nous avons procédé ici au Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, à la nomination d’abord au mois de mars, de plusieurs préfets et adjoints aux préfets, ensuite au début du mois de juin, à la nomination des conseillers à la sécurité des gouverneurs et le 22 juin dernier, en Conseil des Ministres, à la nomination de 189 sous-préfets. Et ses 189 sous-préfets, c’est d’abord pour ne plus qu’on parle de poste vacant que sur l’ensemble du territoire national, de Taoudéni à Kayes et de Kidal à Kolondièba. Qu’il y ait des représentants de l’Etat, aux côtés de nos concitoyens, qu’ils leur apportent les services sociaux de base et aussi qu’une suite favorable soit donnée à leurs attentes par nos représentants. Mieux encore, il y a aujourd’hui les reformes en cours dont la mise en œuvre nécessite la présence de l’Etat. Donc, il faut que les représentants de l’Etat soient sur toute l’étendue du territoire national pour faire porter les reformes essentielles qui sont en cours.

 

Quel est le taux de redéploiement de l’Administration sur le Territoire National aujourd’hui?Nous sommes plutôt sur une Administration qui s’adapte. Depuis 2012, nous sommes dans une situation de crise, l’Administration et tous les autres compartiments de la société s’adaptent à la situation de crise. C’est pourquoi nous faisons en sorte que dans un premier temps, que toutes les circonscriptions administratives aient un représentant de l’Etat et que ces représentants, même si c’est de façon ponctuelle, puissent offrir aux populations les services nécessaires. Vous trouverez dans certaines circonscriptions déjà créées, que les préfectures et les sous-préfectures ne sont pas encore construites. On ne peut pas demander à un représentant de l’Etat d’être déployé dans ces circonscriptions, mais nous faisons en sorte que ce préfet ou ce sous-préfet soit nommé pour qu’il coordonne le processus de déploiement de l’Etat sur le terrain, pour que les populations puissent avoir un interlocuteur auprès des plus hautes Autorités, Nous sommes en train d’envisager la réhabilitation des infrastructures, la construction ou de reconstruction dans certaines localités. Donc, il faut créer les conditions pour un retour et ce retour se fait progressivement en fonction des ressources, des moyens de l’Etat et aussi des conditions sécuritaires sur le terrain.

 

Les élections s’approchent du jour au jour, quelles sont les dispositions prises par votre Direction ?

 

La nouvelle loi électorale, loi -2022- 019 du 24 juin portant loi électorale est une loi qui crée l’AIGE conformément à la volonté et à la vision des plus hautes Autorités et depuis cette date, le Ministère de l’Administration territoriale est une structure d’appui à l’organe qui va bientôt voir le jour. Nous avons déjà organisé quelques réunions de cadres de concertation avec l’ensemble des partis politiques et avec la société civile. Déjà, quatre réunions se sont tenues dans ce sens pour d’abord, dégager un consensus autour d’un chronogramme des différentes élections et ce chronogramme a été validé par le Conseil des Ministres. Une deuxième réunion a eu lieu avec la classe politique et la société civile pour discuter des modalités de désignation de leur représentant au sein de l’organe Unique appelé Autorité Indépendante de Gestion des Elections (AIGE) et de la Décentralisation. Et au-delà de cette phase, le Ministère de l’Administration territoriale est en train, avec les Ministères intervenant dans le processus électoral qui sont : le Ministère de la Refondation chargé des Institutions et le Ministère Délégué auprès du premier Ministre chargé des Réformes Politiques et Institutionnelles et le Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération internationale de voir quels sont les mécanismes à suivre pour mettre en place l’organe. Une fois cet organe mis en place, le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation n’interviendra plus dans la gestion des résultats. Il s’occupera des questions logistiques, et apportera l’appui nécessaire en cas de besoin.

 

 

Comment est- ce que le nouveau découpage est aperçu par votre Direction ?

 

 

Nous, nous parlons plutôt ici au Ministère de l’Administration de Réorganisation Territoriale. En 2012, par la loi 2012 -017, les plus hautes Autorités ont créé onze nouvelles régions et nous sommes passés de huit à dix- neuf régions. Donc, il fallait très rapidement créer les cercles et les arrondissements qui devaient composer ces nouvelles circonscriptions et ces nouvelles régions. Juste après, la loi 012 -017, il y a eu la loi 012-018 qui a créé les nouvelles régions de Taoudéni et Ménaka. Mais pour ce qui concernent les autres régions, elles n’ont pas connu ou vu leurs cercles et arrondissements. Nous avons une carte administrative qui n’est pas à jour et cette situation ne fait pas bonne image au Mali. C’est pourquoi depuis 2014, plusieurs commissions de travail ont été créées pour réfléchir sur la création des cercles et des arrondissements des autres régions de notre pays. C’est ce processus que nous sommes en train de continuer aujourd’hui et à chaque fois, nous le faisons avec le souci de plus d’inclusivité, de co-construction et de transparence, c’est pourquoi chaque fois que la commission travaille au niveau national, nous faisons des ateliers régionaux de restitution. Et à chaque fois que nous recueillons les recommandations des forces vives de chaque région, nous revenons travailler sur ce document et aujourd’hui, nous avons un document. Au niveau du ministère, les travaux de la commission ont pris fin et nous attendons que le gouvernement examine le travail qui a été fait et que nous sortons très rapidement de cette situation qui n’honore pas notre pays.

 

Quelles sont les difficultés majeures que connait la Direction générale de l’Administration du Territoire ?Nous avons deux types de difficultés. Il y a celles qu’on peut appeler les difficultés qui sont inhérentes à toutes les Administrations, on dira qu’on a un manque de ressources humaines, un manque de ressources financières et pour moi, ce ne sont pas des difficultés profondes. Pour moi, la plus grande difficulté c’est la place de la Direction. Je suis obligé de me retrouver dans les réunions ou encore dans les rencontres très importantes où je dois expliquer qu’il y a une Direction générale de l’Administration du Territoire, une des Administrations les plus importantes du pays, mais qui, du fait qu’elle n’est pas assez visible. Nous sommes aujourd’hui en train de tout mettre en œuvre pour sortir de cette situation. Pour moi, l’essentiel c’est que les pouvoirs publics comprennent le rôle central que joue cette Direction dans l’animation et la gouvernance de nos terroirs. Il contrôle les activités des représentants de l’Etat, des gouverneurs, des préfets et des sous-préfets et gèrent leurs carrières. Pour moi, c’est l’une des Directions aujourd’hui les plus importantes, mais qui est moins connue du public, moins connue de certains ministères sectoriels ou de certaines structures de l’Etat lui-même. En remettant la direction de l’Administration du Territoire au cœur des questions des politiques nationales en matière de service, rend aux populations, c’est réhabiliter cette Direction et la remettre dans son rôle de structure pilote. En tout cas, ce n’est pas une Direction qui appartient seulement au Ministère de l’Administration territoriale, c’est une Direction pour l’ensemble du Mali parce que les autres services qui voudraient s’adresser aux gouverneurs, s’adressent généralement à notre Direction pour faire répercuter les instructions sur les Autorités Administratives. Donc, la Direction générale de l’Administration du Territoire est un service qui est à la disposition de toutes les Autorités, qu’elles soient civiles ou militaires, en vue de la réalisation de leur objectif dans nos circonscriptions.

 

Quelles sont les politiques et les stratégies mises en œuvre pour relever les défis?

 

Nos premiers défis, c’est que nos démembrements au niveau des différentes localités répondent aux attentes des populations. C’est pourquoi nous sommes, depuis deux mois, dans l’élaboration d’un document de politique nationale d’Administration du Territoire. Ce document précieux permettra aux représentants de l’Etat et aux autres structures de mieux situer leur domaine d’intervention et d’orienter leurs efforts sur les objectifs bien précis. Ce document servira de boussole, non seulement pour les plus hautes Autorités, mais aussi pour les représentants de l’Etat que sont les gouverneurs, les préfets et les sous-préfets. Dans les prochains mois, on aura un document qui servira de boussole pour l’Administration du Territoire. Au-delà nous sommes en train de mieux communiquer. Nous avons pu organiser avec l’appui de nos autres structures, deux activités phares. Premièrement, la remise des insignes et des attestations aux chefs de quartiers et de fractions sous la haute présidence du Président de la Transition, chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goita qui a lui-même remis les insignes et les certificats plus l’emblème national aux soixante- deux chefs de quartiers de Bamako. Cette activité va s’étaler dans toutes les régions du Mali, dans tous les cercles, tous les arrondissements pour que tous les chefs de village, de quartier et de fraction de Kayes à Kidal, puissent avoir dans les jours à venir, leurs certificats et leurs insignes. C’est une activité phare qui a été portée par le Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation avec l’appui précieux de la Direction générale de l’Administration du Territoire. La deuxième activité, c’est la rencontre du Président de la Transition avec les vingt gouverneurs du Mali pendant deux jours. C’était un exercice inédit. Le Président de la Transition, malgré son agenda, a accepté d’écouter les gouverneurs. Chaque gouverneur est passé pour expliquer, présenter les doléances, les attentes, les difficultés de sa région avec les vingt-huit membres du gouvernement en présence du chef du gouvernement. Ils ont assisté à l’atelier du début jusqu’à la fin. Le deuxième jour, le chef de l’Etat a accordé une audience à chaque gouverneur pour écouter et les entendre sur les problèmes de nos concitoyens. A la suite de cet atelier, le chef de l’Etat a instruit les Ministres afin que des réponses soient apportées, Le chef de l’Etat a instruit le Ministre de l’Administration territoriale de mettre en place un mécanisme de suivi de ces réalisations au profit de nos concitoyens. Donc, chaque mois, le Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, sur la base d’un chronogramme de réalisation des activités qui ont été annoncées par les Ministres, rendra compte au chef de l’Etat des activités réalisées. Ces deux activités phares qui ont été réalisées grâce à un appui précieux de la Direction. Ce sont des activités du ministère, mais la structure technique qui a accompagné le département dans leur réalisation, c’était bien évidemment la Direction générale de l’Administration du Territoire. Désormais, de notre zone de confort pour aller vers les populations, vers les plus hautes Autorités afin que notre rôle et notre mission soient plus connus, mieux valorisés et que les problèmes qui se posent à l’ensemble du territoire national soient connus des plus hautes Autorités.

 

 

En tant que Directeur général, quel appel avez-vous à lancer aux Maliennes et maliens ?

Aux maliennes et aux maliens, je voudrais dire qu’il y a ici au Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, une politique qui puisse les mettre au cœur de nos actions et que la Direction générale de l’Administration du Territoire est à la disposition de tous les citoyens. Les questions de liberté publique, les associations, les ONG nationales et étrangères ainsi que les fondations nationales et étrangères, les partis politiques, toutes ses questions de liberté publique sont gérées au niveau de la Direction générale de l’Administration du Territoire et nous faisons en sorte que les problèmes de nos concitoyens aient une réponse au niveau de la Direction générale de l’Administration du Territoire. Nos portes resteront ouvertes chaque fois que le besoin est là pour répondre aux attentes des citoyens. Je voudrais lancer un appel aux autres structures qui, pour des raisons de missions ou autres besoins, ont recours aux gouverneurs, aux préfets et aux sous- préfets que nous restons à leur disposition pour constituer un relais des instructions et des grandes décisions à prendre pour nos représentants. Si aujourd’hui, une structure voudrait faire une mission ou impliquer les gouverneurs dans la bonne réussite de leurs activités, elle pourrait passer par nous pour répercuter ces instructions ou donner des instructions ou autres orientations nécessaires à tous les représentants de l’Etat. Pour cela, nous restons entièrement à la disposition, que ce soit les autres ministères ou des citoyens.

 

Votre mot de la fin ?

 

Vous remercier sincèrement pour l’initiative que vous avez eu de venir vers nous. Nous sommes une Direction qui ne communique pas beaucoup, mais nous restons très précieux pour la conduite des affaires publiques. Et si vous avez eu l’initiative de venir vers nous pour que nous ayons l’occasion de nous exprimer, nous ne pourrons que vous dire infiniment merci. Nous restons à la disposition encore une fois de la presse et de toutes les structures de l’Etat à les accompagner pour que l’Administration du Territoire, qui est notre mission première, se fasse sans difficulté majeure. Nous vous remercions pour cette belle initiative et nous osons espérer que cette initiative ne s’arrêtera pas là et qu’elle se perpétuera.

 

 

Source: La DECOUVERTE

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