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Le calvaire des aides ménagères

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Elles sont nombreuses, pendant la saison sèche, à quitter leurs villages respectifs pour venir à Bamako, à la recherche de quoi subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Elles sont âgées de 11 à 18 ans ou plus. Certaines aides ménagères travaillent dans des conditions difficiles et pour des salaires insignifiants. La plupart d’entre elles sont victimes de violences physique, verbale et sexuelle de la part de leurs employeurs. Cependant, d’autres sont dans de bonnes conditions et sont bien traitées par leurs patronnes.

 

Les larmes aux yeux, Mariam, âgée de 16 ans, dit avoir été victime de maltraitance de la part de sa patronne. « Ma patronne me fait subir toute sorte de violence physique que j’endurais pour un salaire dérisoire. Mais j’ai réussi à m’enfuir en abandonnant mon salaire chez la dame», dit-elle.

 

C’est aussi le cas de Awa Coulibaly, qui se lève tous les jours à 6 heures du matin et se couche vers 23heures. « Quand je me lève le matin, la première des choses que je fais, c’est allumer le feu pour préparer le petit déjeuner. Ensuite, je balaie la cour, fais la vaisselle. Je dois aussi laver la voiture du patron avant qu’il ne parte au travail. Puis, je nettoie le salon et l’arrange. Tout cela doit se faire avant 9 heures, car c’est à cette heure-là que la patronne va au travail. A la descente, je dois partir chercher les enfants à l’école, et bien avant ça, je dois tout faire pour finir de préparer. Et gare à moi si la patronne vient trouver que je n’ai pas fini une seule de mes tâches. Elle me couvre de toutes sortes d’injures. Franchement, je n’en peux plus », a-t-elle martelé.

 

Wassa, dans la quinzaine d’âge, a été victime de violence physique. «Je travaillais dans une famille aisée à Sébénikoro. Au début, tout allait bien avec ma patronne. Plus le temps passait, plus son comportement envers moi changeait, jusqu’au jour où elle m’a battue à sang, car j’ai fait tomber un verre sans faire exprès et elle l’a coupé de mon salaire», dit-elle.

 

Une jeune femme sous anonymat nous confie qu’à l’âge de 14 ans, elle subissait des agressions sexuelles de la part du mari de sa patronne quand celle-ci s’absentait. «Il m’a fait croire que si je ne me laissais pas faire, il va me renvoyer et dire à sa femme que je suis une voleuse. Prise de peur, je me suis laissé faire jusqu’à ce que je quitte leur maison», déplore-t-elle.

 

« Ma patronne s’est enfuie avec mon salaire. J’ai dû appeler ma mère au village qui m’a envoyé un peu d’argent. Dieu voit tout », déclare Aminata qui vit chez sa sœur en ce moment.

 

Sous anonymat, une fille « bobo », qui a échappé à une tentative de viol de la part de l’époux de sa patronne depuis 2018, dit s’être souvenu de l’incident comme si c’était hier. « Mon violeur a d’abord attendu que son épouse se rende au travail, avant de me sauter dessus. Il m’a embrassée dans le cou et a commencé à me toucher le corps. Je l’ai repoussé et je me suis échappée », indique-t-elle.

 

Kany, aide-ménagère, dit qu’elle n’a pas toujours eu son salaire pour rentrer au village pour les travaux champêtres. « Les travaux champêtres ont déjà commencé au village. Toutes mes sœurs sont rentées. Mais, moi, je ne peux pas, car je n’ai pas encore mon argent. Partir faire ces travaux est une tradition chez nous. Ma patronne me dit d’attendre octobre pour me payer », dit-elle en larme, la tête baissée devant un tas d’assiettes.

 

Rokia, aide ménagère dans le quartier Mamaribougou, témoigne qu’elle ne mange pas à sa faim, pis, elle n’est pas payée régulièrement par sa patronne. « Je fais des travaux ménagers qui sont au dessus de mes capacités physiques. Je me lève tôt et me couche après tout le monde», déclare-t-elle.

 

Cependant, toutes les aides ménagères ne sont pas confrontées à des situations difficiles. Certaines travaillent dans de bonnes conditions. C’est le cas de Oumou, aide ménagère depuis 6 ans. Elle affirme que celle qui l’emploie est une dame très gentille et régulière dans les paiements mensuels. «Depuis mon arrivée dans la famille, je me sens comme chez moi, je suis très à l’aise. On se comprend très bien», a-t-elle dit.

 

D’autres viennent en ville pour apprendre des choses avec leurs employeurs, comme c’est le cas d’Adja qui affirme avoir tout appris avec sa patronne qui était très gentille. « J’exprime toute ma gratitude à ma patronne, c’est elle qui m’a tout appris. Cette profession m’a permise d’apprendre des choses que j’ignorais au village», conclut-elle.

 

MARIE Dembélé, stagiaire

Le Republicain

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