La situation conflictuelle née du renouvellement du bureau du Conseil national du patronat du Mali (CNPM) s’éloigne de l’issue heureuse tant souhaitée. C’est du moins ce que laisse entrevoir l’avènement d’un collectif quelques jours seulement après le consensus apparent fait autour de Moussadeck Bally pour diriger le Conseil. Face à la presse, le 10 septembre à l’hôtel de l’Amitié, le nouveau collectif, tout en rejetant la démarche de l’administration provisoire, a mis sur place un autre collège transitoire composé de 11 membres dirigé par Me Abouba Aly Maïga.
C’était l’occasion par ailleurs de se prononcer sur la modification des statuts et règlement du CNPM qui, selon Me Badian, ne peut intervenir que sur décision du comité statutaire dissous au moment de la mise en place de l’administration provisoire. «Donc, matériellement les amendements apportés au statut et règlements ne pouvaient se faire », a-t-il soutenu, accusant dans la foulée l’administration provisoire d’avoir outrepassé les missions qui lui ont été assignées, à savoir : la gestion courante de l’Organisation, l’élaboration et l’adoption d’un règlement électoral et l’organisation de nouvelles élections. Cet abus de mandat est une violation du Code de procédure civile, a relevé Me Hagge, en se référant notamment à ses dispositions selon lesquelles lorsque le mandataire viole le mandat ses actes ne sont pas opposables au mandant. Par conséquent, explique-t-il, les décisions de l’administration provisoire ne sont ni opposables à Mamadou Sinsy Coulibaly ni à Diadié dit Amadou Sankare. Agissant au nom du collectif, l’avocat dit avoir introduit deux plaintes contre des décisions de l’Administration provisoire. L’une en référé en vue d’obtenir l’arrêt des opérations d’organisation de l’élection et l’autre afin d’obtenir l’annulation du statut électoral adopté selon lui «par forcing et en violation» du mandat de l’Administration provisoire. Et d’indiquer en sus que la décision d’écarter deux personnalités importantes du CNPM de la manière la plus mauvaise est déjà en soi une violation de la loi.
Quant au porte-parole du collectif, Oumar Dioura, il s’est surtout appesanti sur le consensus ayant abouti à la désignation de Moussadecck Bally comme président du CNPM. S’inscrivant en faux contre la démarche, M. Diouara soutient qu’il n’y a eu aucun consensus et accuse l’administration provisoire de vouloir imposer un opérateur économique du reste irrégulier vis-à-vis du CNPM. Au nom du collectif, il a déploré ce qu’il désigne comme «une manœuvre pour remettre le Patronat du Mali à la France», avant d’annoncer la mise en place d’un collège transitoire composé de 11 membres représentant 29 des 39 groupements professionnels sous l’égide de Me Abouba Aly Maiga, avocat au barreau du Mali et membre de l’Union internationale des avocats, président du bureau pénal international Afrique. Parmi d’autres membres influents on dénombre entre autres Youssouf Traoré de la Fédération nationale des transporteurs routiers du Mali, Abdoulaye Hamidou Cissé du Syndicat patronal des boulangers du Mali, Bakary Yaffa de l’Association malienne des explorateurs des légumes et fruits, Barazi Amar Ibrahim Touré du Conseil patronal de la région de Gao, Mme Simpara Assitan Keïta du Groupement des commerçants maliens, Almamy Samory Touré du Patronat de l’ audiovisuel et des nouvelles technologies (Panotech) ; Djibril Touré du Groupement des libraires et papetiers du Mali, Abdramane Fané de l’Association coopérative des revendeurs de carburant du Mali ; Souleymane Koné de l’Association des maitres imprimeurs.
Sur son serment d’Avocat, le Président du nouveau collège transitoire s’est engagé à servir l’intérêt général du patronat et du Mali et promet de s’employer sans relâche pour résoudre de cette crise qui pourrait être fatale pour les entreprises maliennes.
Amidou Keita
Le Témoin