C’est sous le vocable de «la masculinité positive» comme arme de combat contre les violences liées au genre que les femmes leaders d’Afrique ont massivement convergé à Dakar, la semaine dernière. Placé sous la présidence du président de l’UA, le Sénégalais Macky Sall, le conclave s’est également déroulé sous le regard vigilant du president de la Commission Moussa Faki Mahamat en plus de son envoyée spéciale Bineta Diop, de l’ancienne présidente du liberia Ellen Johnson Sirleaf es qualité présidente d’honneur d’Awlin international et co-organisatrice de l’événement avec l’´Union africaine, ainsi que de Catherine Samba Panza de la République Centrafricaine. Y ont également pris part, en ligne, la présidente de l’Éthiopie, l’ancienne présidente de l’Ile Maurice, le président d’Afrique du Sud et la secrétaire générale-adjointe des Nations-Unies. Bref, une impressionnante brochette de figures continentales et internationales qui ont pris date en décidant de soumettre prochainement aux différents parlements nationaux un texte de loi en rapport avec la discrimination positive.
Deuxième du genre après l’édition de la RDC sous la présidence du Congolais Tshisekedi, le rendez-vous de Dakar aura été également mis à profit par l’ambassadrice Haïdara Aissata CISSÉ dite Chato pour attirer les projecteurs sur la problématique malienne dans ses dimensions les plus gênantes. La vice-présidente du Parlement panafricain chargée de la diplomatie et de la ratification – et non moins membre du CNT – a notamment profité de sa tribune pour mettre le curseur sur ce qu’elle perçoit comme une incongruité, à savoir : les sanctions individuelles et politiques infligées à son pays. En plus de plaider pour la levée sans conditions desdites mesures, la Malienne s’est illustrée par un brillant appel d’air en faveur de la Transition en vue d’un processus électoral plus serein et respectueux du calendrier convenu avec la CEDEAO.
Tout en exprimant ses reconnaissances au Président Macky Sall pour sa contribution à la levée partielle des sanctions, à travers notamment la plate-forme des femmes du Mali, la vice-présidente honoraire du Parlement panafricaine juge inadmissible la persistance des mesures punitives sous des formes qui étouffent la voix du Mali sur les scènes politiques régionale et sous-régionale. Une perception d’autant plus pertinente que les pays ne sont guère logés à la même enseigne et que lesdites sanctions ne leur sont pas appliquées avec la même rigueur, pour des situations politiques pourtant identiques.
Haïdara Aissata CISSÉ a ainsi exprimé son indignation devant ce traitement sélectif, qui s’apparente à ses yeux à un acharnement contre son pays, en dépit de toutes les concessions et efforts déployés par les autorités de la Transition pour parvenir à une gestion consensuelle du cas malien au niveau des instances sous-régionales. «Je suis indignée et choquée par l’acharnement contre mon pays malgré les efforts consentis pour obtenir un consensus avec l’institution sous régionale», a-t-elle déclaré. Et de renchérir en déplorant la tendance de l’Union Africaine à devenir «une institution à double vitesse, qui manque de cohérence» dans l’appréciation des crises institutionnelle que connaissent certains de ses états membres». Ce jugement de l’ancienne députée de Bourem est pour le moins corroboré par le traitement de la crise institutionnelle au Tchad, un pays sur lequel le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine vient de statuer le vendredi 11 novembre 2022, sur la base du rapport du président de la Commission de l’UA. Sur les 15 pays du CPS, seulement 04 ont demandé des sanctions par principe, 05 se sont prononcés contre et les autres se sont abstenus.
Quoique la décision d’épargner des sanctions au Tchad lui paraisse salutaire, Mme Haïdara Chato CISSÉ estime que la partialité ayant prévalu devrait sonner le clairon d’une solidarité agissante entre les autres pays durement frappés pour une situation similaire. Selon elle, le Mali, la Guinée, le Burkina-Faso et le Soudan doivent parler d’une même voix pour réclamer la levée sans délai des sanctions politiques et individuelles qui leur sont iniquement imposées.
Au demeurant, notre célèbre compatriote compte donner le ton elle-même, à travers pétition en ligne pour dénoncer l’injustice et l’acharnement contre les quatre pays concernés en général et le Mali en particulier. Un coup d’état n’est jamais souhaitable dans une démocratie mais, une fois accompli, les efforts de retour à l’ordre constitutionnel méritent d’être accompagnés, estime-elle, en soutenant au passage que les mesures de sanctions en vigueur ont montré leurs limites et ne sont utiles qu’à braquer chaque jour un peu plus la population contre les dirigeants.
A KEÏTA
Source: Le Témoin