Le président français, Emmanuel Macron, en visite à Toulon, a proclamé, le mercredi 9 novembre 2022, la fin officielle de l’opération Barkhane, trois mois après le départ des troupes françaises du Mali.
Selon le gouvernement malien, après neuf ans de lutte anti-djihadiste, les résultats de cet engagement français au Mali «n’ont pas été satisfaisants». Et pour cause, malgré des victoires tactiques et l’élimination des chefs djihadistes, le terrain n’a jamais été réellement repris. La population malienne s’est ainsi massivement manifestée en faveur d’un départ départ des troupes militaires françaises à plusieurs occasions avant la rupture de fait de la coopération militaire entre la France et le Mali.
Nous avons sillonné les rues de Bamako, afin de recueillir les avis de certains citoyens sur cette fin officielle de l’opération Barkhane.
Ainsi, selon, Aly Bolly enseignant, tous les pays du Sahel devraient dire non à la présence de bases militaires françaises. «Jusqu’à présent le président Macron n’a pas encore entendu plus de ras-le-bol des Africains. Nous ne voulons plus de base militaire française sur notre sol, une coopération oui mais sans base militaire sur les sols africains», a-t-il soutenu.
Oumar Téréra, commerçant de son état, estime que la France a surtout manqué de tact et de respect dans l’application des différents accords de défense. Et de relever au passage l’incohérence de vouloir partir et rester en même temps, avant de s’interroger sur l’opportunité d’un énième partenariat équitable qui n’aurait pas dû être si la présence des bases françaises en Afrique découlait de concertations sincères et respectueuses. «Il y a une perte de terrain significative et une place comblée par d’autres qui ont plus de considération pour les rapports d’État en État», a-t-il relevé pour expliquer l’attitude de la France.
«La France a perdu le Mali au profit de la Fédération de Russie », a martelé pour sa part Moïse Kamaté, pour expliquer la fin de l’opération Barkhane, tandis que Binkin Diarra juge le discours du Président français empreint d’insolence et de signes annonciateurs d’une immixtion future dans les affaires africaines. « Nous disons haut et fort qu’on ne voulait plus leur soi-disant soutien» a-t-il martelé.
Quant à Abdoulaye Saye, un autre commerçant, il souhaite la fin de la MINUSMA et de toutes les opérations de forces étrangères au Sahel sans exception.
Certains citoyens accueillent cependant la mesure avec réserve et en appellent à la prudence. C’est le cas de Sidiki Fofana, retraité, pour qui les Africains doivent faire preuve de vigilance face à une démarche pouvant tenir d’une autre stratégie. Et pour cause, relève-t-il, la fin de Barkhan est annoncée en même temps que le navire militaire le grand plus en Afrique accoste en Côte d’Ivoire pour stationner des hommes à la frontière malienne. C’est quoi finalement son projet ?» s’interroge-t-il.
Même son de cloche de la part de Bocar Diarra : «Dieu merci, mais je vous préviens d’être vigilant et attentif, car c’est le début du commencement d’une nouvelle ère de guerre stratégique. Tous les pays africains doivent s’unir pour stopper cette guerre à répétition, surtout les pays sahéliens»
Aly Poudiougou
Source: Le Témoin