Pour la réouverture des écoles fermées dans la région de Tombouctou, les Jihadistes ont fixé leurs conditions. Ils veulent non seulement l’introduction de l’arabe, mais aussi la fin de la mixité filles-garçons dans une même classe. Des conditions qui violent le principe de la laïcité de la République et qui vont être difficiles à mettre en œuvre dans un bref délai.
«Suite aux différentes rencontres et concertations, nous autorités religieuses, avons décidé d’accompagner la réouverture des écoles fermées pour le bien-être des enfants de la région de Tombouctou», ainsi débute la correspondance adressée par le cadi de Zouéra (cercle de Goundam/Tombouctou) au gouverneur de la région de Tombouctou, aux autorités scolaires et aux autres acteurs de l’éducation.
«Les enfants sont laissés à eux-mêmes et dévient du bon chemin. Il faut donc les occuper par une bonne éducation. Cela permettra aux enfants de bien connaître leur religion qu’est l’islam et d’apprendre pour se construire une vie et avoir un métier», a-t-il souligné comme pour prouver qu’il est réellement préoccupé par l’avenir de ces enfants privés de l’un de leurs droits fondamentaux, notamment l’accès à l’éducation.
«Mais, l’accompagnement se fera sous certaines conditions qui doivent être acceptées par les autorités scolaires et tous les acteurs de l’Ecole», a poursuivi le cadi dans sa missive datant du 26 octobre 2022. Les conditions fixées font naturellement référence «au Coran et à la sunna du Prophète Mohamed (PSL» ! Primo, le cadi exige que «les autorités scolaires prennent la décision d’introduire l’arabe à l’école, dont le Coran et son interprétation en langue du milieu et dans tous les ordres d’enseignement».
Secundo, «il faudrait qu’au niveau des adolescents et adolescentes, par exemple au second cycle et ailleurs, les rangées des filles et des garçons soient séparées par une barrière, lorsqu’il est impossible de séparer la classe… Il est souhaitable que les filles soient enseignées par les femmes et les garçons par les hommes lorsque les classes sont séparées (une classe à des rangées, filles et garçons)». Et enfin, tertio, «lorsque les adolescents (filles et garçons) sortent pour le chemin de l’école, il faudrait qu’ils s’habillent décemment comme le veut la religion musulmane».
Pour le moment, nous n’avons pas la réaction du gouverneur de la région de Tombouctou, des autorités scolaires et des autres acteurs de l’éducation. Il est clair que ces conditions vont être difficiles à être réunies. Sans compter qu’elles mettent en mal la laïcité de la République dont les principes vont se noyer dans les préceptes religieux.
Il faut rappeler que la rentrée scolaire 2022-2023 a eu lieu le 3 octobre dernier alors que près de 1 500 écoles sont forcées pour des raisons d’insécurité, notamment dans le nord et le centre du pays.
Naby
Le Matin