La surenchère qui entoure la confection des cartes nationales d’identité est dûe à la politique de limitation desdites cartes aux commissariats et autres structures de délivrance.
Dans un communiqué, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile souligne : «…Il a été donné de constater que certaines unités font la rétention sur la carte d’identité, créant ainsi la pénurie et la surenchère sur le prix de cession de cette pièce ». Le communiqué poursuit, « le prix de la carte nationale d’identité est de 1 700 F CFA dont 1 000 F CFA pour la carte, un timbre de 500 F CFA et un timbre de 200 F CFA. Il ne saurait être toléré que cette carte d’identité soit cédée à un prix excédant ce montant… ».
Selon certains agents des commissariats sillonnés, le ministre de la Sécurité n’a fait que dénoncer un pan des difficultés liées à la délivrance des cartes. Pour un commissaire adjoint dont nous tairons le nom, l’élément important qui fait qu’il y a spéculation autour des cartes, s’explique par le petit nombre de cartes mis à la disposition des commissariats.
Aux dires de notre interlocuteur, au lieu que le ministre s’accroche au prix de confection, « qu’il nous dise le nombre de cartes qu’il met à notre disposition. C’est là tout le problème » poursuivit-t-il. Et d’ajouter que « Quand les commissariats n’ont que 100 cartes par semaine et que plus de 200 personnes viennent se présenter en une seule matinée, comment voulez vous que le nombre des bénéficiaires ne soit pas limité quotidiennement ? A l’en croire, « dans chaque commissariat de Bamako, il y a au moins 150 personnes qui se présentent tous les matins. Donc, on est obligé de diviser la centaine de carte mise à notre disposition par le nombre de jours ouvrables. Ce qui fait environs 20 à 30 cartes par jour ».
Le ministre doit bien se dire que c’est parce qu’il n’y a pas assez de cartes qu’il y surenchère sur le prix.
Ce mercredi 17 novembre 2022, dans la cour d’un commissariat de la rive droite, il est 5h, 121 personnes se sont inscrites sur la liste de présence. Tous venus pour se faire une carte nationale d’identité. Quand vint 6h30, un agent procéda à l’appel des noms. Et, il s’en est suivi la vérification des documents exigés pour l’établissement de la carte. Les détenteurs de dossiers incomplets sont « mis à la touche ». Inscrit à la 21e place sur la liste de présence, M.S n’a pas eu la chance d’être retenu ce mercredi. Et pour cause, le policier écourte l’appel. Lui et la centaine de personnes sont invités à rentrer à la maison. On leur a expliqué qu’il n’y a plus de cartes disponibles.
Question : Pourquoi le ministère de la Sécurité n’augmente pas le nombre de cartes mis à la disposition des commissariats ? « C’est de sa faute si les Maliens n’arrivent pas à se faire identifier comme voulu », conclut-il.
Mohamed Keita
Arc en ciel