Le Conseil national de la transition (CNT) qu’on peut appeler par le jargon de la rue la «Centrale nationale d’un triumvirat» (entendez par là une association de trois (03) partis politiques en vue au Mali: ADEMA, RPM URD) qui gèrent le Mali. La centrale regroupe en son sein des barons des trois (03) partis politiques. Dès lors, le CNT s’est mué en une opposition farouche pour la reconquête du pouvoir perdu, le 18 août 2020.
Assarid Ag Imbarcawane, premier vice-président du Conseil national de la transition (CNT) est un ancien député de l’ancien parti unique, (UDPM), ancien député ADEMA-PASJ. Il bat le record de longévité dans le «royaume CNT». Marimantia Diarra, président de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ) est le quatrième vice-président du CNT.
Mamadou Diarrassouba, ancien député et ancien questeur de l’Assemblée nationale (2014-2019) est membre fondateur du Rassemblement Pour le Mali (RPM). Mamadou Hawa Gassama, député de carrière, est militant de l’Union pour la République et la démocratie (URD).
Sur cent quarante-sept (147) conseillers nationaux, l’ancien parti, ADEMA, au pouvoir, depuis 1992, détient le plus grand nombre de conseillers nationaux au CNT, avec ses démembrements (RPM, URD, ASMA-CFP). Ensuite, viennent les militaires.
Pour les analystes, ce n’est pas surprenant de voir au sein du CNT une cohabitation ADEMA et forces armées. L’ADEMA-PASJ a géré le Mali pendant dix (10) ans (1992-2002). Les vingt (20) dernières années, la ruche n’a jamais accepté d’aller à l’opposition, elle a continué à soutenir les présidents Amadou Toumani Touré (ATT) et Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) pour éviter la prison.
Quant aux Forces armées (au moins 30 bidasses sont au CNT), l’ADEMA-PASJ s’est emparé du domaine militaire par ses interventions et immixtions intempestives, les chefs militaires dépourvus d’initiatives et de commandement réel ont abdiqué. La haute hiérarchie militaire foisonne d’officiers n’ayant jamais servi en dehors de la capitale. D’autres n’ont jamais exercé un commandement. N’ayant jamais été au contact des hommes, ils ignorent les vrais problèmes des armées.
Les faits sont souvent têtus. La première législature de l’Assemblée nationale du Mali (1992-199) était composée de cent seize (116) députés. Sur ces 116, il y avait quatre-vingt-six (86) anciens Secrétaires généraux de l’ancien parti unique, l’Union démocratique du peuple malien (UDPM).
Du coup, le changement demandé par le peuple s’est transformé en renaissance de l’ancien parti unique sous une nouvelle appellation «ADEMA- PASJ». C’est pourquoi, le premier quinquennat du président Alpha Oumar Konaré a connu beaucoup de soubresauts avec à la clé des gouvernements de large ouverture, gaspillant les maigres ressources du pays. Les nouveaux princes du jour au pouvoir à Bamako, seraient les fils de ceux-là qui ont dirigé le Mali démocratique de 1992 jusqu’au 18 août 2020.
La forte présence au Conseil national de vieux militaires à la retraite corrobore cela. Pour comprendre que le Conseil national de la transition (CNT) est une caisse de résonnance de la ruche, il faut prendre en compte l’amendement sur la Loi électorale (92 articles corrigés). Retour sur l’ancienne Loi électorale avec ses insuffisances. Le désir de changement est vif et très largement partagé. Mais, il n’est pas pour aujourd’hui.
Les cinq (05) colonels au pouvoir ont des affinités avec les régimes ADEMA-ATT IBK. Seuls les patriotes sont capables de changement par le strict respect de la loi et la vérité en toute chose. La forte présence d’anciennes personnalités, d’anciens députés et de chefs militaires au CNT montre à suffisance qu’il n’y aura pas de changement de système de gouvernance, mais de continuité.
Pour avoir les coudées franches d’une restauration, l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ), en bon stratège dans le mauvais sens, a invité le grand révolutionnaire Oumar Mariko, président du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI), pour piéger lors d’un débat politique. De quoi le camarade Mariko s’est-il mêlé ?
Entre le pouvoir du fils et celui de son père, le Dr Oumar Mariko devait décliner tout simplement l’invitation. Il ne devait pas faire de piqure. Il devait laisser l’ADEMA-PASJ dans son coma. Depuis ce jour-là, Dr Mariko se cache et aucun baron de la ruche n’a le petit doigt pour défendre l’opposant encombrant pour la transition et le défenseur des sans voix.
Safounè KOUMBA
Inter de Bamako