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Insalubrité : Bamako, une poubelle à ciel ouvert

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Gagnée par l’incivisme, l’indiscipline et l’insouciance, la population de la capitale malienne a transformé la ville de Bamako en un dépotoir. Et cela, depuis, l’instauration de la démocratie importée, dont les acteurs en ont profité pour se servir aux dépens du peuple malien. Tout est devenu décharge dans la cité des Trois Caïmans: symboles de l’État, monuments, espaces verts, cimetières, marchés, hôpitaux, écoles, voies de circulation, bâtiments publics, cours d’eau… Ils sont envahis par des montagnes d’ordures, bloquant la circulation par endroits et polluant l’atmosphère et transmettant des maladies.

 

Pour rendre Bamako propre, la capitale malienne, les régimes qui se sont succédé n’ont pas manqué d’initiatives. Mais, c’est sous l’ère dite démocratique que l’argent public destiné à cela a pris une autre destination. La dernière manifestation de ce détournement de deniers publics à ciel ouvert par le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est la signature d’un contrat, d’un montant de 9 milliards de F CFA, avec l’Ozone, une société marocaine. Résultat: Bamako bat le record de la capitale la plus sale de la sous- région ouest- africaine et de maladies tropicales.

 

Appelée la coquette pour son cadre de vie propre, la ville de Bamako est devenue aujourd’hui la plus insalubre du pays du fait du laxisme des dirigeants et du comportement de la population. Celle-ci caractérisée par l’incivisme, l’indiscipline et l’insouciance a fini par transformer la cité des Trois Caïmans en une poubelle en plein air. Elle n’épargne aucun endroit pour le dépôt des ordures. Cela nous a conduit en 2014 à une révolution des ordures ménagères. Désespérée, la population de Bamako a transformé les voies de circulation et les symboles de l’État en dépotoirs. Elle manifestait ainsi son mécontentement face au non enlèvement des ordures dans les familles. Malheureusement, le phénomène continue de plus belle.

 

Les habitants de Bamako n’ont trouvé d’autres solutions que de transformer les symboles de l’État, les monuments, les espaces verts, les cimetières, les marchés, les hôpitaux, les écoles, les voies de circulation et les bâtiments publics en poubelles. La liste est loin d’être exhaustive. Le Grand marché, jadis propre, est aujourd’hui envahi par les déchets ainsi que la route de Dabanani. N’en parlons pas du marché de Médina-Coura (Sougouni-Coura). Les plates-bandes des voies express ne sont pas épargnées. Aucun quartier qu’il soit populaire ou résidentiel n’échappe à cela. Les montagnes d’ordures aux odeurs nauséabondes sont visibles partout. Les cours d’eaux et les caniveaux sont obstrués par les déchets de toutes sortes. Le fleuve Niger, dont le lit a été morcelé, est le dépotoir des déchets médicaux, électroniques, des eaux usées et des ordures ménagères.

 

Interrogées, certaines personnes disent que la situation d’insalubrité de Bamako incombe à l’État. D’autres pointent le doigt sur les mairies. Malheureusement, elles font fi de leur responsabilité. Du côté des municipalités, on met l’accent, d’une part sur le manque de fond alloué à l’assainissement et, d’autre part, que le transfert de fonds par l’État aux collectivités n’est pas encore une réalité. Quant à l’État, il dit que la gestion a été confiée aux Groupements d’intérêt économique (GIE).

 

Finalement, pour faire face à cette honte nationale et internationale, les autorités de la transition ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Elles réhabilitent la voirie du district. Elle s’occupera désormais de la gestion des ordures à Bamako. Cette décision est le fruit d’une rencontre de haut niveau, présidée, la semaine dernière, par le colonel Abdoulaye Maïga, ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Avant cette déclaration du ministre Maïga, les capacités des services de la voirie ont été renforcées avec la réception de neuf (09) équipements neufs dont: quatre (04) camions bennes de 12 roues, soit 40 m3 chacun, un camion benne de 10 roues soit 20 m3, deux (02) camions bennes remorques de 4 essieux U, soit 60 m3, deux (02) chargeuses de capacité de godet 4.2 m3. Ils ont été offerts à la mairie du district par l’Agence nationale d’investissement des collectivités territoriales (CNICT).

 

L’espoir est permis. À condition que les Bamakois changement de comportement. Sinon, Bamako ne sera pas Dakar, Accra, Kigali comme beaucoup le souhaitent.

 

Yoro SOW

Inter de Bamako

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