En quelques jours, des réactions disproportionnées ont été constatées sur les réseaux sociaux et dans les causeries au sujet de la publication du Plan de passation des marchés pour 2023 au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.On se demande comment ce souci de transparence d’un service public a pu susciter un déchainement de critiques qui peinent à convaincre les gens ? Il y a derrière cette levée de boucliers des hommes de mains qui ont visiblement une soif de scandale, surtout que la transition travaille inlassablement à assainir les services publics.
Mais il n’y a pas eu que des réactions négatives, preuve que les Maliens savent faire la part des choses entre l’information et la manipulation. « La publication du plan de passation des marchés (PPM) d’une structure publique ou privée est un acte de transparence et de souci d’acquérir les biens au moindre coût en informant le maximum de potentielles entreprises pouvant fournir ces biens au service », a expliqué Salif Tall sur son compte d’un réseau social. Et l’internaute de poursuivre en indiquant que ce document est exigé par la DGMP en début d’année à tous les ministères et structures publiques. « Maintenant, en ce qui concerne la nature des commandes du ministère et leurs montants, cela est une question d’appréciation et d’information que le département peut fournir pour éclairer les citoyens qui estiment que les montants semblent trop au regard du contexte et du discours actuel des autorités », a-t- il poursuivi.
Toutefois, le début de la semaine dernière a été marqué par une vaine tentative de créer la polémique autour du Plan de passation des marchés publics pour la fourniture de produits au ministère de l’Enseignement supérieur. Certains ont crié au scandale en publiant sur leurs pages Facebook des extraits de l’avis rendu public dans un journal officiel. Mais le scandale qu’on a voulu créer n’a pas vraiment indigné grand monde à part ceux qui ont tenté de polémiquer en vain sur le sujet. A vrai dire, le tollé auquel s’attendaient les auteurs n’a pas eu lieu.
Par contre, les pages Facebook qui ont repris en boucles les extraits de l’avis publié par le ministère de l’Enseignement supérieur ont permis d’identifier un réseau bien organisé. Certain estiment que les pages qui ont publié sur le sujet sont entretenues et financées par une source dont le but est d’exposer des faits censés nuire à la réputation de la transition. Le drame est que ces publications n’arrivent pas à avoir la confiance de la population. L’acharnement avec lequel les auteurs de ces publications travaillent sème le doute dans les esprits.
Tout compte fait, on est loin des milliards volatilisés dont étaient habitués les Maliens pendant des décennies. Le ministère de l’Enseignement supérieur a failli être trahi par sa transparence. Il s’agit de l’un des plus grands départements ministériels du pays. On comprend alors pourquoi le faux scandale n’a pas marché. S’agissant par exemple de l’achat des produits alimentaires à hauteur de 60 millions de FCFA, il est clair que le ministère qui a plusieurs démembrements à travers le pays doit doter ces services.
A regarder de près, on voit clairement que les autorités de la transition hésitent encore à délier le cordon de la bourse. Pour la fourniture en journaux et magazines, il n’y a que 15 millions de F CFA qui sont prévus par le ministère de l’Enseignement supérieur. C’est dérisoire au regard de l’importance des médias dans la consolidation de la démocratie. Il faut être du milieu pour comprendre à quel point un montant plus élevé auraient été bénéfique pour les entreprises de presse. Depuis plusieurs années, les journaux et le reste des médias maliens manquent cruellement d’appui public.
Dans le même contexte, les prix des intrants ne font que grimper, faisant courir le risque d’une faillite généralisée aux entreprises de presse. Depuis l’éclatement de la crise sanitaire du coronavirus en 2020, les entreprises de presse au Mali vont de crises en crises. Des pays comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont annuellement mis à la disposition de leurs médias plus d’un milliard de nos francs. Les 15 millions du ministère de l’Enseignement supérieur font pales figures à côté de ce montant. On est même loin des milliards débloqués par certaines chancelleries occidentales pour le blogging et autres activités de communication au Mali.
Soumaila Diarra
Source: Le Pays