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Commerce : Choguel met fin à un dogme économique

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La revalorisation du rôle et de la place de l’Etat dans l’importation des produits stratégiques comme les hydrocarbures et l’engrais est à l’actif du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga et son ministre de l’Economie et des Finances. Le chef du gouvernement est en réalité l’artisan de l’ouverture du Mali à des marchés internationaux qui étaient jusqu’ici négligés par les importateurs. On est bien en face de la fin d’une pratique commerciale basée sur l’exclusion de l’Etat dans l’approvisionnement du pays.Pour réussir son pari, Choguel a pris le soin d’entamer le toilettage de certains textes interdisant à l’Etat d’importer les hydrocarbures. C’est dans ce cadre que l’Office national des produits pétroliers a obtenu le droit de s’impliquer dans l’importation d’hydrocarbures. Cette structure était cantonnée longtemps dans le rôle d’observateur, l’approvisionnement du pays ayant été confié à des groupes privés. Les institutions de Breton Woods, FMI et Banque Mondiale, mettent un point d’honneur au respect de la distanciation entre l’Etat et l’importation.

 

Mais le Mali ne pouvait plus rester fidèle à cette règle néolibérale que Choguel a brisée en allant sur le marché russe. Un important contrat lie le Mali et la Russie en matière commerciale. Le Mali a acheté des marchandises d’une valeur de 100 millions de dollars américain. Dans le lot, il y a des produits pétroliers qui doivent bientôt arriver sur le sol malien via le port de Conakry. Les privés qui ravitaillent le Mali en hydrocarbure ne pouvaient pas obtenir ces produits pétroliers en raison des restrictions financiers imposées par des pays occidentaux aux Russes.

 

Fallait-il rester fidèle aux injonctions des occidentaux qui ont encouragé l’imposition d’un blocus sur le Mali à travers l’embargo de la CEDEAO ? Pour Choguel, l’équation était simple : s’ouvrir aux marchés des pays n’appliquant pas des restrictions. Les sanctions occidentales contre la Russie ont conduit à une inflation qui est pourtant évitable en allant s’approvisionner sur le territoire russe. C’est ce que l’Etat malien a commencé, mais pour cela il fallait enlever les textes qui empêchent les services publics d’approvisionner le pays en produits commerciaux.Dans la même veine, les réformes doivent continuer pour permettre à l’Office malien des produits alimentaires (OPAM) d’approvisionner les magasins en céréales importées de la Russie. Des milliers de tonnes de blé sont en route pour le Mali via la Russie. Ce blé sera stocké dans les magasins de l’OPAM, mais les textes limitent ce service dans l’approvisionnement des populations. On ne sait pas encore comment l’Etat compte vendre les tonnes de blé en provenance de Russie. On sait que des privés maliens ont déjà commencé à importer du blé de la Russie en 2022.

 

Mais on est loin de l’instauration d’un circuit commercial normal où les privés sont bien impliqués. Pour l’instant, ce sont les services publics qui ont la cote dans ce domaine. Une réforme des textes a aussi permis à la Compagnie malienne de développement du textile (CMDT) de redevenir l’unique fournisseur d’engrais aux producteurs de coton. Ainsi, des milliers de tonnes en provenance de Russie seront destinées aux magasins de stockage de la CMDT qui les distribuera ensuite aux paysans.

 

En somme, nous sommes bien à la fin d’un dogme économique imposé par l’économie néolibéral. Tout se passe comme si les autorités de la transition s’alignaient derrière les recommandations de ceux qui prônent un changement du modèle économique du pays. L’ancienne ministre et essayiste Aminata Dramane Traoré ne peut que se réjouir de cette dynamique qui reste tout de même timide aux yeux de certains qui veulent mettre à nu l’irrationalité des politiques imposées par le néolibéralisme économique.

 

Soumaïla Diarra

Source: Le Pays

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