Dans la région de Sikasso, les champs de thé ont complètement disparu sous la poussée de la végétation. Cette situation est liée à la liquidation de la production malienne du thé qui a fait le bonheur d’une poignée d’importateurs dont certains vont à plus de 15 000km pour chercher ce que les paysans de Sikasso peuvent produire. Les regards sont à présent tournés vers la transition, surtout que le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a la volonté de remettre en marche les entreprises d’Etat ruinées par la privatisation.Pour beaucoup d’observateurs, il est clair que dans le passé les autorités maliennes ont été les premiers ennemis de l’économie nationale. Le thé de Farako devrait servir non seulement tout le Mali, mais aussi plusieurs pays de la sous-région où le thé est consommé. Cet héritage de Modibo Keïta peut pourtant être réhabilité pour permettre aux Maliens de consommer du thé produit par leurs concitoyens et redonner à la localité de Farako sa gloire d’antan.Jusqu’à présent, personne n’a pu expliquer pourquoi les Maliens raffolent du thé vert de Chine importé et qu’au même moment la production locale soit en arrêt. C’est ce paradoxe qu’avait voulu combattre l’ancien ministre de l’Industrie Aly Ag Ibrahim sous IBK. Ce dernier s’était rendu en 2017 à l’usine de thé Farako dans la région de Sikasso dans le but de relancer la production locale. Quatre ans après, l’unité industrielle ne s’est pas remise de sa faillite amorcée il y a plus d’une décennie malgré des tentatives de reprise.
En attendant, dans le village de Farako, dans la commune de Finkolo, à environ 15 km de la ville de Sikasso, la population caresse toujours le rêve de la réhabilitation de l’unique usine de thé vert du Mali. La faillite de l’usine qui employait 1000 ouvriers temporaires et plus de 400 travailleurs permanents a commencé bien avant 2011 où la production s’est arrêtée alors qu’il n’y avait pas une crise de la demande.
La cessation des activités de cette usine est la preuve que les Maliens sont incapables aujourd’hui de se hisser à la hauteur des pères fondateurs de l’indépendance. Avec peu de moyens, le premier président de la République Modibo Keïta a construit cette usine pour répondre à la forte demande locale du thé vert de Chine. Au lieu d’importer du thé, les Maliens n’avaient qu’à produire sur place du thé de bonne qualité en créant des emplois directs.
La transition a le devoir de redresser ce tort fait à l’économie nationale. En effet, le Mali a commis l’erreur de privatiser cette usine suivant aveuglément des directives des institutions de Bretonwoods pour le tout privé. Malheureusement, les acquéreurs n’ont jamais pu donner de l’élan à l’usine de thé qui n’était pas en difficulté au moment de sa privatisation. Ainsi, les autorités nationales ont bradé cette usine en plombant l’économie locale avec des milliers de chômeurs et en privant l’Etat de ressources importantes.
Soumaïla Diarra
Source: Le Pays