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Journée mondiale de la radio : les maux du secteur décriés par des professionnels du métier

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Le Mali à l’instar de la communauté internationale a célébré, ce lundi 13 février, la Journée mondiale de la radio. Mettant l’occasion à profit, nous nous sommes penchés sur le recueil de l’avis de certains directeurs Le Mali à l’instar de la communauté internationale a célébré, ce lundi 13 février, la Journée mondiale de la radio. Mettant l’occasion à profit, nous nous sommes penchés sur le recueil de l’avis de certains directeurs et animateurs de radios. Ils décrivent les maux du secteur, dénoncent certaines pratiques et interpellent les autorités et les responsables chargés de la régulation du secteur en voie de « disparition ».

 

Amara Sylla, directeur de la Radio Tissa : « Tout le monde se permet de dire qu’il est animateur ou homme de médias »

 

Dans le cadre de la célébration de cette journée, je rends d’abord un vibrant hommage à ces braves hommes et femmes qui se battent corps et âme, pour que nous puissions voir aujourd’hui, surtout dans le domaine des médias. Aussi, je rends hommage à ces braves soldats et à tous ceux qui sont en train de se battre pour la libération de notre territoire. Quand on essaie de voir le secteur de la radio, on dirait qu’il y a eu de grand changement avec la modernisation. Il y a eu une grande évolution en la matière. La radio est généralement beaucoup plus écoutée par les gens en étant dans n’importe quelle activité. Elle est vraiment la source d’information qui est classique. Mais les informations partent très vite, avec l’évolution de la technologie. Il faudra comprendre que les sources d’information comptent aussi beaucoup. Parce que de nos, tout le monde se permet de dire qu’il est animateur ou homme de médias, alors que tout le monde n’a pas tous les outils nécessaires pour pouvoir faire ce travail. Certains n’ont même pas fait de formation, mais ils se font appeler animateurs. Cela dénature souvent le travail bienfait des professionnels. Cela doit être parmi nos revendications. Il faut que le gouvernement s’implique davantage pour la régulation des autorisations d’agrément pour l’ouverture des radios. Il y a certes des radios. Mais la question se pose à savoir si toutes les radios sont conforment aux textes. Il pourrait avoir beaucoup d’informations mettant les gens dans l’obscurité, sans ces informations données par les radios. Il faut vraiment la formation des animateurs et acteurs de radios pour des meilleures sources d’informations. Il faut le recadrage de ces informations avant leur diffusion sur les antennes radiophoniques. Parce que la mauvaise information peut aggraver la crise dans le pays. Et la bonne information pourra plutôt édifier les gens. La radio est l’un des outils d’information les plus efficaces.

 

Famolo Diarra, directeur de la radio Nassirouminalaye : « Les radios privées se nourrissent des publicités »

 

Cette journée est dédiée aux radios du monde. Les difficultés auxquelles le secteur est confronté restent nombreuses. Les radios privées fonctionnent sur la base de leurs propres fonds. Elles se nourrissent à travers des publicités. Le personnel est payé grâce auxdites publicités. Mais le constat est qu’on ne trouve plus de publicité à faire. Auparavant, les animateurs et les promoteurs de radios collaboraient avec certains partenaires dont les guérisseurs, les marabouts et autres. La plupart de ces collaborations sont, de nos jours, arrêtées par le fait que beaucoup parmi lesdits partenaires sont devenus propriétaires de radios. Les partenaires avec qui on travaillait sont présentement retournés chez eux, en raison des crises que traverse le pays. Les radios privées vivent toutes les difficultés actuellement. Mais nous, nous continuons parce que travailler à la radio est devenu une passion pour nous. Nous aimons ce travail et ne pouvons pas le laisser. Autre difficulté, c’est que l’arrivée des réseaux sociaux a négativement joué sur la place et le rôle que les radios jouaient. Auparavant, les gens écoutaient les radios pour avoir des informations. Mais beaucoup préfèrent se connecter pour s’informer. Vu ces conditions auxquelles nous sommes confrontés, j’en veux plutôt aux plus hautes autorités, de même qu’aux responsables chargés de réguler le secteur. Tout le monde ne mérite pas d’avoir de radio. Mais tout le monde l’a aujourd’hui. Les dirigeants doivent faire énormément attention sur ce point. Les travailleurs de radio souffrent énormément. Parce que beaucoup de propriétaires n’ont pas de moyens pour l’entretien du personnel. La radio est le moyen le plus proche en termes d’information. Mais je dirais que le secteur tend vers son déclin au Mali, parce que les travailleurs n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins. Ils vivent dans la précarité.

 

Boubacar Sanogo, animateur à la radio Nassiraoulé : « On est en train d’aller vers la médiocrité »

 

Ce n’est pas facile de travailler dans une radio. Les difficultés liées à ce secteur peuvent découler d’ignorance, voire du manque d’expérience pour la part des travailleurs. Ce propos peut certes heurter certains, mais c’est de la vérité. La méconnaissance de ce métier peut faire du travailleur un quémandeur, un dénigreur. Cela s’explique que rares sont des travailleurs qui ont suivi des formations avant de commencer à exercer le métier. Les gens ne me comprennent peut-être pas, mais ça sera toujours difficile de se nourrir dans ce métier sans une formation et l’amour du métier. La radio est une entreprise. Elle est ouverte par son propriétaire en vue de bénéficier de quelques choses (argent). Même s’il n’y a pas de rémunération, le travailleur professionnel peut avoir son salaire sans mendier ou faire autre chose. Cela nécessite à ce que l’animateur ou le travailleur en question cherche des publicités pour la radio. Le fait d’avoir des publicités permet à un travailleur d’obtenir des pourcentages. La radio est différente d’un service public ou de l’Etat. A ceux qui disent qu’il n’y a pas de l’argent dans ce secteur, je dirais que c’est faux. Il y a quand même des problèmes au niveau des propriétaires de radios. Certains possèdent de radios, mais il se trouve qu’ils n’ont aucune expérience en la matière. Des jeunes assis dans les ‘’grins’’, voire ceux du quartier sont parfois invités par des propriétaires pour qu’ils travaillent à la radio. Ce sont ces mêmes gens qui tiennent des propos désobligeants sur les antennes. On est train d’aller vers la médiocrité. Il faut la formation des animateurs qui font la revue de presse. Un grand problème réside à ce niveau. Dans les radios où les gens crient en disant qu’il n’y a pas de marché, tu trouves qu’ils n’ont pas programme ou de bon contenu.

 

Boubacar Keïta, directeur de programme de la radio Danaya : « J’invite l’Etat à s’impliquer dans la gestion des radios »

 

Les radios ont des soucis aujourd’hui. Parce que tout le monde est devenu journaliste. Pour parler à la radio, il faut une certaine crédibilité et la passion. Cette jeunesse n’a ni la passion ni la manière de faire un bon travail. Au niveau des radios de proximité, on a remarqué que n’importe qui veut parler au micro et donner des informations. Cela n’est pas donné à tout le monde. L’information est parfois donnée à la radio sans aucune vérification de la source. J’en veux beaucoup aux jeunes. L’information doit toujours être accompagnée des preuves. Le médecin peut tuer une personne, tout comme l’information d’un animateur. J’invite l’Etat à s’impliquer dans la gestion des radios et de les subventionner pour la formation du personnel, la diffusion des bonnes informations, la régulation du secteur.

 

Mamadou Diarra

 

Source: Le Pays

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