Le gouvernement a interdit par décret au mois d’octobre 2022, la vente, la distribution et la consommation de la CHICHA au Mali. Malgré l’entrée en vigueur de cette décision dès ce 15 février 2023, les consommateurs, en majorité jeunes, demeurent toujours accrochés à leurs narguilés et ne comptent pas y renoncer aussi facilement.
Presque cinq mois après la décision préventive du gouvernement d’interdire toute utilisation, au Mali, de la chicha, un produit jugé trop toxique pour la santé humaine, rien n’a changé sur le terrain. La jeunesse, véritable concernée par la décision, reste toujours accrochée. Les chicha-rooms, pour la plupart, restent toujours opérationnels. Pourtant, le gouvernement avait donné six mois aux vendeurs pour vider leurs stocks et aux les consommateurs pour apprendre à oublier ce produit.Cinq mois après, des jeunes continuent de fumer ce produit sans crainte à Bamako. Pire, certains promettent même de bouder la décision prise par le gouvernement. Selon Bam’s Yara (son nom de chicha-room), à Samè, un quartier de la Commune III du District de Bamako, rien ne peut empêcher la jeunesse de consommer la chicha. « Rien n’a diminué dans la consommation de la chicha et je sais que beaucoup comme moi vont continuer à le faire. Moi personnellement, je ne peux plus m’en passer. Il y a des gens qui consomment des produits plus dangereux que la chicha. Si le gouvernement n’a pu pas empêcher cela, ce n’est pas la chicha qu’il va empêcher », insiste le jeune.
Un autre jeune réplique de façon plus inconsciente. Il s’agit d’Ibrahim Diallo toujours de Samè. Selon lui, cette décision n’a rien avoir avec la protection. « Pour moi, c’est de la pire comédie. Cette décision ne vise pas à protéger les jeunes. Les gens savent ce qu’ils font. Je pense que le gouvernement a d’autres priorités plus importantes que de se donner à la diversion avec cette question de chicha », a-t-il souligné.
Cependant, pour Dianguine Dida Cissé de Samè, la meilleure manière de minimiser la consommation de la chicha est d’augmenter le prix en lieu et place de l’interdiction. « Pour moi, il y a une autre manière de lutter contre chicha. C’est de doubler, voire tripler le prix à travers les taxes et autres moyens de l’Etat », a-t-il ajouté. Dianguine Dida Cissé a estimé également qu’il y a des consommateurs VIP auxquels la loi ne pourra interdire le produit.
La vérité, c’est que beaucoup de clubs chicha restent toujours opérationnels et certains commerçants, qui ont refusé de répondre à nos questions, continuent de vendre les produits. A partir de ce 15 février 2023, date butoir de l’interdiction de la vente et de la consommation de la chicha au Mali, les regards sont désormais tournés vers l’Office central des Stupéfiants (OCS), chargé de veiller au respect strict de la loi par les populations.
Pour rappel l’Organisation mondiale de la santé (OMS) mettait en garde en 2017 contre la dangerosité du narguilé, qui est dix fois plus nocif que la cigarette et qui ne fait pas l’objet des mêmes campagnes de sensibilisation que le tabac.
Toumani Kanouté, stagiaire
Source: Ziré