Pays stable dans une sous-région en proie à l’instabilité institutionnelle et aux coups d’états à répétition, vitrine de la démocratie en Afrique de l’ouest, le Sénégal est plus que jamais menacé par le syndrome de la crise politico-institutionnelle qui a pignon sur rue en Afrique. Le Président sortant Macky Sall en fin de second mandat, semble avoir l’intention de briguer un troisième dans une totale confusion et dans un imbroglio juridico-politique absolu. Pour atteindre cet objectif il n’hésite pas d’écarter ses potentiels et redoutables concurrents, à l’image d’Ousmane Sonko, le Président de PASTEF, Patriotes du Sénégal pour l’Ethique, le Travail et la Fraternité, et cela par le biais d’une justice aux ordres du prince du jour. Macky Sall comprendra-t-il que l’heure de l’autocratie est révolue sous nos tropiques ? Va-t-il mettre à l’eau les précieux acquis de la démocratie sénégalaise ? A quand l’indépendance de la justice au Sénégal ?
Après avoir réduit en silence certains opposants comme Karim Wade, le fils de l’ancien Président de la République du Sénégal, Khalifa Sall, l’ancien Maire de Dakar et Aminata Touré, l’ex Première Ministre, l’infernal rouleau compresseur de Macky Sall se dirige aujourd’hui vers Ousmane Sonko, le jeune loup politique aux dents longues, pour lui faire subir le même sort que les trois précédemment cités. Comme il est de coutume les pouvoirs africains savent bien faire taire leurs opposants. En effet, tous les stratagèmes et autres manigances peuvent être ourdis pour réduire en silence un opposant. C’est d’ailleurs ce que Macky Sall semble faire en trouvant un bouc émissaire en la personne de Hadji Sarr, une masseuse dans un salon. Cette dernière, manipulée à souhait, n’a trouvé autre chose que de porter plainte contre Ousmane Sonko pour viol et menace de mort. En effet, ce supposé acte qui se serait passé en 2021, fait ébranler aujourd’hui toute la République sénégalaise un an avant l’élection présidentielle. Beaucoup d’observateurs voient en cette plainte une manœuvre dilatoire pour éliminer de la course un redoutable adversaire qu’est Ousmane Sonko. Car après les dernières élections législatives remportées à une très courte majorité par le camp présidentiel, qui du reste a été contestée par l’opposition, Les sondages ne présagent nullement une victoire de Macky Sall face au candidat de l’opposition et de surcroit Ousmane Sonko. C’est pourquoi il voudrait bien l’éliminer par le truchement d’une justice aux ordres
Macky Sall comprendra-t-il que l’heure de l’autocratie est révolue sous nos tropiques ?
Après avoir fait deux mandats bien accomplis, en termes de bilan, que reste-t-il au champion de la coalition Benno Bokk Yaakaar si ce n’est de remercier le peuple sénégalais qui lui a fait confiance pendant 12 ans. Nul ne pourrait lui contester son bilan qui a été celui du renouveau du Sénégal, mais de là à vouloir s’éterniser en confisquant le pouvoir, cela passerait difficilement au pays de la Téranga. Pour rappel Macky Sall doit sa victoire contre Abdoulaye Wade à une large coalition contre un troisième mandat de ce dernier. Pourquoi voudrait-il alors écrire une page sombre de la belle histoire démocratique du Sénégal, en confisquant le pouvoir au prix d’énormes sacrifices de son peuple ? Le nombre de morts se compte désormais par dizaines, alors qu’on est loin de l’épilogue de ce long métrage dont le réalisateur n’est personne d’autre que Macky Sall. Son projet de troisième mandat ne passera pas au Sénégal et s’il veut faire le forcing se serait à ses risques et périls.
Va-t-il mettre à l’eau les précieux acquis de la démocratie sénégalaise ?
Tout porte à croire que 2024 va être une année de tous les dangers y compris la mort de la démocratie Sénégalaise. Tous les ingrédients d’une révolution populaire sont visibles, car deux camps s’affrontent et leurs positions se radicalisent au fur et à mesure que l’on s’approche de la Présidentielle. Le Camp du Président sortant Macky Sall, déterminé à faire avaler une amère couleuvre au peuple sénégalais qui ne demande rien d’autre que l’alternance à la tête de l’Etat du Sénégal en février 2024. En face se trouve Ousmane Sonko, celui que la jeunesse sénégalaise réclame à cor et à cri pour mettre fin au pouvoir autocratique de Macky Sall. Entre ces deux camps se trouve une armée fortement républicaine et qui n’a pas une tradition de coup d’Etat comme c’est le cas tout autour du Sénégal. Mais jusque quand cette neutralité de la grande muette va-t-elle continuer étant entendu qu’elle a le devoir de protéger le peuple contre les dérives autocratiques d’un homme ? Le peuple mature et résilient du Sénégal trouvera certainement les recettes nécessaires pour sauver les précieux acquis de sa démocratie
A quand l’indépendance de la justice au Sénégal ?
Quant à la justice sénégalaise, elle fait l’objet de beaucoup de critiques et semble se complaire dans un assujettissement au prince du jour. Ne pourrait-elle pas se référer à des grands noms comme Kéba M’Baye en acquittant Ousmane Sonko dans la désormais affaire dite de Hadji Sarr ? Qui, en réalité, est une cabale judiciaire contre un adversaire redoutable à Macky Sall dans son machiavélique dessein de s’éterniser au pouvoir au Sénégal. Après plus d’une dizaine de morts dans des heurts entre partisans de l’opposant Ousmane Sonko et les forces de l’ordre, la justice doit simplement arrêter l’hémorragie en acquittant Sonko et en lui permettant d’être candidat à la prochaine Présidentielle, quitte à Macky Sall de le battre aux urnes.
Youssouf Sissoko
Source: L’Alternance