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L’accord pour la paix et la réconciliation sacrifie sur l’autel du soupçon : Probablement la reprise des hostilités entre la CMA et les FAMA ?

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Rien ne va plus entre les différentes parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du procès d’Alger, à savoir le gouvernement malien et la Coordination des Mouvements de l’Azawad. Chaque camp rejette la responsabilité de l’impasse à l’autre d’où une certaine radicalisation des positions. Le gouvernement malien par la voix du Ministre en charge de la réconciliation a fustigé les comportements et de la CMA et de la médiation internationale qui se rendent coupables, à ses yeux, de complicité voir de duplicité dans la violation flagrante de l’Accord par les ex rebelles. Pour la CMA, le gouvernement n’a nullement la volonté de mettre en œuvre cet accord qui reste à ses yeux le seul cordon ombilical qui lie les deux parties. Face à ce qu’il convient d’appeler la radicalisation des positions, et le blocage, ne s’achemine-t-on pas vers une escalade de la violence pouvant aboutir à une guerre totale à l’image de celle qui oppose la Russie à l’Ukraine ? Le fil du dialogue ne doit-il pas être rétabli afin de trouver une issue sans crépitement des armes ?C’est par une correspondance du Ministère de la réconciliation, de la paix et de la cohésion nationale, chargé de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale datant du 24 février 2023 et adressée au Ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’Etranger de la République Algérienne Démocratique et Populaire, Chef de file de la Médiation, que les différentes violations constatées par le gouvernement malien ont été évoquées. Les griefs sont entre autres l’installation d’États-Majors par certains mouvements armés dans le Gourmah en 2020-2021, la réouverture des postes de sécurité dans les Zones de Kidal, Gao, Ménaka et Tombouctou. La délivrance illégale d’autorisations de déplacement sur les sites d’orpaillage. L’installation et la mise en place de dispositifs de sécurisation sur les sites d’orpaillages illégaux de N’Tahaka (sud de Gao) et au Nord de Kidal, le refus de recevoir les médecins en charge de la lutte contre la Covid-19, les actions entravant le fonctionnement optimal des Bataillons des Forces Armées Reconstituées (BATFAR). La conduite de patrouille TARTIT par des entités non reconnues (CSP-PSD) sans concertation, ni accord du Gouvernement (Kidal, Ménaka, Gao, Tombouctou, Taoudenni).L’occupation et l’organisation de rencontres à Anéfis, l’opérationnalisation d’un tribunal islamique à Kidal et qui a déjà délibéré sur le cas de deux éléments du BATFAR de Kidal. La sécurisation de la ville de Kidal par le « CSMAK », et ce malgré la présence du BATFAR, la collusion de plus en plus manifeste avec les groupes terroristes, en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies,

 

En plus de ces écueils mentionnés dans sa correspondance, le ministre en charge de la réconciliation, le colonel Major Ismaël Wagué n’a pas hésité de tancer les parrains de cet Accord pour leur inaction face à ce qu’il a qualifié de flagrantes violations de l’Accord par la CMA. Pour le ministre Wagué, les structures chargées d’accompagner la mise en œuvre de l’Accord, notamment la MINUSMA, l’Observatoire indépendant et le Groupe d’experts international pour les sanctions concernant le Mali, n’ont jamais comblé les attentes. En effet, l’inaction du premier, le silence du deuxième sur les violations effectuées par certains mouvements ainsi que la propension du troisième à outrepasser son mandat posent la question de la pertinence de ces structures. Pour le Colonel Wagué, l’attitude de certains mouvements, suivie de l’absence de réaction de la médiation, jettent un discrédit sur cette dernière.Si officiellement les groupes armés signataires n’ont pas répondu à ces accusations, il nous revient de sources concordantes que des cadres de la CMA considèrent la lettre du colonel Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation nationale, adressée au ministre algérien des Affaires étrangères, qui conduit la médiation internationale, comme un acte hostile, voir une déclaration de guerre.

 

Nos interlocuteurs expliquent que ni le gouvernement malien, avec qui le dialogue est rompu depuis des mois, ni même le médiateur algérien, avec qui les échanges sont en revanche intenses, ne les avaient informés de cette lettre, qu’ils ont découverte sur les réseaux sociaux près d’une semaine après son envoi. En tout cas la CMA rejette fermement ces accusations qui pour elle, ne sont pas nouvelles. Certains cadres affirment que les actions sécuritaires de la CMA respectent le cadre de l’accord et nient toute collusion « non prouvée » avec les djihadistes.

 

Face à ce regain de tension entre les parties signataires et surtout à une certaine radicalisation des positions, à cela il faudrait ajouter le surarmement de part et d’autre, il est à parier que les hostilités reprendront.

Le fil du dialogue ne doit-il pas être rétabli afin de trouver une issue sans crépitement des armes ?

 

 

Youssouf Sissoko

L’Alternance

 

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