C’est désormais acté, Paris ne pourra plus décider pour Bamako ! Les Autorités maliennes ont adressé, le mercredi 1er mars 2023, une correspondance à Pedro Comissario Afonso, président en exercice du Conseil de sécurité et ambassadeur du Mozambique auprès de l’Onu, de leur décision de retirer à Paris son rôle de Porte-plume pour les résolutions sur la situation de leur pays au Conseil de Sécurité (CS). En français facile, Bamako ne veut plus de Paris pour rédiger les résolutions le concernant aux Nations unies.
Dans ce courrier du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop rappelle que «La France a toujours porté la plume sur toutes les questions concernant le Mali devant cet auguste organe, y compris pour ce qui concerne l’initiative et le portage des projets de résolutions relatifs au mandat de la Minusma». Mais le problème est que la Mission onusienne est aujourd’hui fortement suspectée par Bamako. Qui estime qu’elle est de connivence avec Paris pour déstabiliser le Mali. La quasi-totalité des Hauts Responsables de la Minusma ne sont-ils pas de nationalité française ? Pour faire le jeu de la France ?
Pour comprendre la courageuse décision de Bamako, une explication de la notion de Porte-plume s’impose. Tout comme le fait que la France était jusque-là Porte-plume du Mali !
En effet, le rôle de Porte-plume fait référence au membre du Conseil de Sécurité qui dirige la négociation et la rédaction de résolutions sur un point particulier de l’ordre du jour du Conseil onusien. Ainsi depuis 2012, lorsque le Mali a été confronté à une crise interne sous la menace des terroristes et des Groupes armés touaregs indépendantistes, la France a été chargée de ce prestigieux rôle. Sauf que, au regard de la réalité sur le théâtre des opérations militaires, la France n’a jamais agi dans l’intérêt du Mali. Qui l’accuse même de connivence avec ses groupes armés qui œuvrent pour déstabiliser notre pays.Déjà, en août dernier, le Gouvernement de Transition avait porté plainte contre elle auprès du Conseil de Sécurité de l’Onu pour actes d’agression, de subversion, de déstabilisation et de violation de l’espace aérien malien par des aéronefs des forces armées françaises. Stationnées au Niger voisin, Les Forces françaises continuent de violer l’espace aérien du Mali. N’est-ce pas des faits suffisants, l’inimité de ce pays, pour que les autorités maliennes récusent la France de son rôle de Porte-plume ?
Pour toute âme animée d’objectivité, le Mali n’avait d’autres choix que de prendre ses responsabilités vis-à-vis de ce drôle d’ami. Mais, nul doute que des Maliens vont encore blâmer leurs autorités en crieront sur les toits que la Transition malienne est en train de « provoquer» l’ancienne Puissance coloniale. Ils finiront par réaliser que leurs compatriotes en majorité sont décidés, à tout prix, à s’affranchir de la tutelle française.
Gaoussou Madani Traoré
Source: Le Challenger