Dans un entretien exclusif, le Chef de Canton de Tomora, représentant de l’ensemble des chefs de village des communes du nord de Bafoulabé, s’est prêté à nos questions sur la problématique de l’esclavage par ascendance dans la région de Kayes en général et en particulier les cinq communes du nord de Bafoulabé.
M.Bakary Sissoko : Bonjour, je suis Bakary Sissoko, j’ai 90 ans, je suis le chef de village d’Oussoubidiagna, chef de canton de Tomora et représentant de l’ensemble des chefs coutumiers des cinq communes du nord de Bafoulabé. Mon père a été chef de canton, trois de ses frères ont été chefs de canton. J’ai vécu toutes ces périodes jusqu’à maintenant.
L’esclavage est aboli depuis vers la fin du 19ème siècle par l’arrivée du colonisateur. Pourquoi on vous accuse de l’existence de cette pratique dans la région de Kayes en général et principalement dans les communes du nord de Bafoulabé ?
Bon, l’esclavage par ascendance est un label importé d’ailleurs par nos parents qui se trouvent en France, Angola, Espagne, Mauritanie, Gambie et au Sénégal. C’est eux qui ont importé ce label dans notre région. En 90 ans, je n’ai jamais connu un esclave dans la région de Kayes. Mon père avait des chevaux, ce n’est pas quelqu’un d’autre qui cherchait de l’herbe pour les chevaux, c’est moi qui cherchait de l’herbe pour les animaux. Ça veut dire que si on avait des esclaves, on allait les utiliser pour chercher de l’herbe. Donc à ma connaissance je n’ai jamais connu de l’esclavage chez-nous.
Par contre il y’a des us et coutumes chez nous qu’on appelle « Lada ». Dans la conception de la société malienne chacun à une place, chacun exécute une tâche selon les évènements mais en réalité, chacun vague à ses occupations, chacun a sa famille et a ses biens. En un mot personne n’est soumise à ces pratiques depuis l’arrivée des blancs dans les années 1880 dans le cercle de Bafoulabé. Les blancs ont demandé l’abolition de l’esclavage et quand cela a été demandé, nos parents ne se sont pas opposés. Ils ont tout simplement accepté et demandé à chacun de s’installer là où il veut. Il y’en a qui sont restés avec la communauté et d’autres ont fondé des villages comme les “France Kouta et les Libertés”. Si vous allez dans le cercle de Bafoulabé, il y’avait des villages qui s’appelaient à l’époque France Kouta, où sont installés les anciens esclaves. Aujourd’hui, ce nom “France Kouta” a disparu parce que lors d’un déplacement de l’ancien Président de la République du Mali, Feu Modibo Keïta dans la région de Kayes, ce dernier a demandé de les rebâtisser, ce qui fut fait. Du côté de Kayes, certains se sont installés dans des villages au sud de la ville et dans un quartier de la ville qui s’appelle Liberté. Aujourd’hui avec la décentralisation, leur commune s’appelle Liberté Dembaya. Donc depuis lors il y’a pas de domination à caractère esclavagiste chez-nous. Par contre nous avons des us et coutumes entre nous comme partout au Mali, de Kayes à Kidal, nous célébrons des évènements ensemble.
Ce qu’on reproche à nous les populations du nord de Bafoulabé n’est qu’une manipulation de l’opinion nationale et internationale par l’administration, les ONG et les Organisations des droits de l’homme, le Gouvernement voir même certains universitaires et non une quelconque survivance. Je m’inscris en faux pour dire que si tel était le cas, le Maire de Tomora est un ascendant d’esclave en plus de 12 conseillers communaux sur 23 dans notre commune. Nos représentants au conseil de cercle et au conseil régional sont tous des ascendants d’esclave. Ce que je ne comprends pas après tout ça on nous accuse de brimer ces mêmes personnes là. On dit aussi qu’on utilise leurs femmes pour nos étrangers et leurs biens à volonté, ce qui est déplorable que des hauts responsables racontent ça sur des ondes.
Mais chez nous, nous sommes des nobles et surtout nous sommes des musulmans après tout. Certaines organisations des Droits de Homme disent qu’on empêche ces gens d’aller même dans les mosquées, au centre de santé, à l’école où dans les salles de classe, ce sont nos enfants qui mettent devant, les travaux publics étant leur corvée. Ce qui est déplorable, ce que ces propos sans fondement sont relayés par des responsables administratifs. Nous avons envoyé des enquêteurs dans ces localités mais, personne n’a découvert ces pratiques dont on parle. Tout a été inventé, même un animateur d’une radio locale à Kayes, dont j’ai le vocal sur mon téléphone, dit que les nobles ne participent pas à leurs funérailles, les empêchent d’aller même pêcher dans les cours d’eau, et leur retire des terres. Mais partout au Mali, il existe le droit coutumier bien vrai que toutes les terres appartiennent à l’Etat. Donc la question que je pose est de savoir : Qu’est-ce qui diffère la région de Kayes du reste du Mali ?
La chefferie du village qu’ils contestent en disant que c’est le plus âgé du village sera désormais le chef du village. Mais partout au Mali la chefferie est connue par tous, c’est de père en fils et de grand frère au petit frère, cela n’existe pas seulement dans la région de Kayes. Aussi le mariage au Mali est règlementé par des codes et des us, ce n’est pas chez nous seulement. On ne peut pas forcer quelqu’un à se marier. Comme preuve le code de mariage du Mali stipule que « le mariage est une union libre entre un homme et une femme » mais nous-mêmes, nous savons que cette union dépend des familles. Le mariage, si ce n’est pas aujourd’hui, était célébré entre deux familles, et deux communautés et non entre deux individus.
Ce même animateur a raconté aussi qu’on refuse de prier dernière un imam descendant d’esclave mais quand même il faut réfléchir avant de dire des choses comme ça. C’est dire tout simplement qu’on en a mare, on est fatigué d’entendre des mensonges sur notre communauté, la région de Kayes n’est pas différente des autres parties du Mali. Si le gouvernement veut connaître la vérité, qu’il mette une commission sur place afin d’aller enquêter dans la région de Kayes pas en allant dans un tribunal mais dans les coins plus reculés de Kayes. Et faisons en sorte que les membres de cette commission soient constitués des personnes indépendantes. Ce qu’on raconte sur nous, si cela s’avère vrai, nous allons assumer. Mais, c’est sûr que ce phénomène d’esclavage par ascendance est un label importé pour nuire seulement à la population de Kayes. Il y’a beaucoup de gens qui vivent de ça. Il y’a au moins quinze (15) associations de Droit de Homme qui vivent de l’esclavage par ascendance dans la région de Kayes. L’USAID, MERCY CORPS, Avocats sans Frontière Canada, Luxembourg et autres financent ce projet-là. Pour mettre fin aux rumeurs qui circulent partout dans le monde entier, nous avons rencontré le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux pour lui soumettre une idée de mettre en place une commission interministérielle enfin de mener des enquêtes sur le terrain. Mais personne ne s’est rendu sur le terrain, et tout le monde reste à Bamako pour raconter des choses sur nous qui n’existent pas. Il y’a beaucoup de milliards qui tournent autour de cette affaire d’esclavage par ascendance dans la région de Kayes, c’est la réalité. Pour que les membres du Collectif des Sans Papiers/Association Contre la Domination et Esclavage (CSP/ACDE) puissent avoir des financements et l’asile, ils s’adonnent à des provocations et en cas d’incident, ils transportent ces images chez les partenaires.
Qu’est-ce que les notables reprochent aux associations notamment au Collectif des Sans Papiers/ Association Contre la Domination et l’Esclavage (CSP/ACDE), Gambana et leurs soutiens ?
Le CSP/ACDE, nous avons donné des explications dans tous nos documents, c’est un collectif des sans-papiers dont les membres sont nos parents installés en France et qui font des ramifications avec le Centre Social Protestant qui défende les droits des immigrés. Ce collectif s’est transporté chez nous en collaboration avec le maire de la commune rurale de Tomora. Ce dernier a été élu sur des considérations ethnicise et ségrégationnistes. Donc le CSP/ACDE est venu chez nous par nos immigrés qui sont installés en France, Angola, Amérique, etc. Dès l’arrivé de ce collectif dans notre région, les revendications ont été d’abord la suspension de la chefferie du village, l’imam de la mosquée, le pas de danse qu’on appelle « djoubaliya », la danse des esclaves etc… Mais au Mali chacun a sa tradition, le maire a commencé à faire des émissions sur les radios en sensibilisant les gens que si quelqu’un appelle quelqu’un « dion » doit être condamné.
Et après le collectif a commencé à installer leurs comités dans les villages dans le but de boycotter les chefs de villages. La mise en place de ces comités a provoqué des incidents qui ont conduit une soixantaine de nos parents en prison dont la tranche d’âge varie entre 50 à 86 ans parmi ces prisonniers, il y a eu un cas de mort le 20 février dernier, le défunt avait 52 ans du nom de Mamadou Kanouté alias Soulaka Moussou Mamadou. Nous disons que ce collectif est devenu la source de tous nos problèmes dans ces localités-là, il travaille en collaboration avec « Gambana et Khasso Kili nia » qui veut dire nous sommes tous pareils en Khassonké et Soninké. Le CSP est issu de la loi 1901 de la France pour se différencier de cette association de la France, le collectif a ajouté Association Contre la Domination et Esclavage (ACDE). Aujourd’hui la région de Kayes est à feu et à sang à cause de ces associations entretenues par des ONG, des organisations des droits de l’homme et en complicité avec le département en charge de la justice, financé par Mali- Justice- Project à travers l’Ambassade des Etats-Unis.
Ce projet Mali Justice Project a financé le code pénal, le code de procédure pénale et a participé à la rédaction de la nouvelle constitution. Comme preuve, il a même exigé une loi qui criminalise l’esclavage. Mais cette loi va criminaliser qui alors qu’il n’y a pas d’esclavage chez nous. C’est pour dire tout simplement qu’il y’a aujourd’hui un consortium international autour d’un label pour existence de l’esclavage par ascendance dans la région de Kayes, au Sénégal, en Mauritanie et en Gambie alors que c’est un complot qui a pour mission de détruire nos us et coutumes. Le Ministre de la Justice a l’habitude de dire sur le plateau de Micado FM qu’il a été témoin d’un cas qu’un soi-disant noble a eu à dépouiller toutes les récoltes d’un esclave et que les femmes des esclaves sont à la disposition de nos étrangers. Mais soyons sérieux, nous sommes dans un pays avec tous les respects que je dois au ministre, nous ne pouvions pas faire ces genres de choses et de surcroit nous sommes des musulmans.
Avez-vous eu des rencontres avec les organisations des Droits de l’Homme sur ce sujet ? Si oui, quelles sont les résolutions assorties à l’issue de ces rencontres ?
D’abord nous avons senti ce problème depuis longtemps et encouragé par le gouverneur, le préfet, le sous-préfet. Nous avions fait des écrits pour alerter le Gouverneur, le Procureur, le Préfet, le Sous-préfet, le Ministre de la justice, Garde des Sceaux et des Droits de l’Homme, le Haut Conseil Islamique, le RECOTRADE y compris le Premier Ministre dans l’objectif de prendre des dispositions. Quand les incidents ont commencé, nous avions aussi rencontré le Ministre de la justice, le ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, le ministre de la Réconciliation, il y’a eu même une rencontre avec le Premier ministre et quatre autres ministres avec les images des victimes. Nous les avions dit avec des preuves à l’appui que les victimes ne sont pas des ascendants d’esclaves mais plutôt nos enfants et ceux qu’ils étaient attachés dans les images, nous avions ces gens-là qu’on peut vous montrez si vous le souhaitez. Aussi lors d’une mission organisée par le département en charge de la réconciliation à Bafoulabé, à Kayes et à Séro, nous les avons montré ces personnes comme élément de preuve. Nous avons même porté plainte contre les auteurs qui ont commis ces crimes. J’ai chargé mon neveu de rencontrer la CNDH. Ce jour il a apporté tous les documents. En plus de ces rencontres, nous avions envoyé les journalistes sur le terrain, les huissiers avec les représentants du ministère de la réconciliation mais aucun de ces rapports n’ont parlé de l’existence de cette pratique chez nous. Nous avions eu a rencontré le Chérif Ousmane Madani Haïdara pour qu’il puisse intervenir avant qu’il n’y ai des morts, mais aujourd’hui il y a eu des morts. Nous avons le sentiment qu’il n’y a pas de droit pour nous, nos gens sont en prison depuis plus d’une année maintenant parmi eux il y’a des chefs de villages, nous avions tout fait pour qu’ils puissent bénéficier même de liberté provisoire sans succès.
Est-ce que les notables sont prêts aujourd’hui d’engager des discussions franches avec ceux qui vous accusent de pratiquer l’esclavage par ascendance à l’outrance dans la région de Kayes ?
Les chefferies traditionnelles ont toujours œuvré dans le sens d’engager des discutions avec les membres du collectif pour qu’il ait la paix et la cohésion sociale. Parce que nous vivons ensemble depuis 300 ans, nous avions même mobilisé les gens pour qu’ils interviennent entre nous, notamment le ministère de la réconciliation version Bouaré, les huissiers et d’autres personnes ressources. Pour vous dire que nous sommes prêts à dialoguer avec le collectif, lors d’une mission du ministère de la réconciliation à Kayes, Bafoulabé et à Séro. Il y’a eu une charte de réconciliation dont nos gens ont signé mais les membres du collectif ont refusé de signer cette charte de réconciliation.
Qu’est-ce que vous reprochez au Gouvernement ?
Ce que nous reprochons au gouvernement après tout ce qu’on a apporté comme des éléments de preuves et nos mises en garde le gouvernement n’arrive pas à s’assumer. Nous avons écrit aux ministres de la justice, et celui de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, nous avions rencontré le Premier avec quatre ministre de la République avec des preuves pour dire que l’esclavage par ascendance dans la région de Kayes est un fonds de commerce sinon il n’y’a rien. Malgré toutes nos démarches la justice reçoit les plaintes venantes du CSP et au même moment les plaintes introduites par nous sont rejetées. Normalement le ministre de la Justice doit intervenir. Aujourd’hui, nous pouvons dire que le gouvernement refuse de jouer son rôle en tant qu’Etat. Nous avions présenté au juge d’instruction un jeune blessé par les balles des membres du CSP et les photos des personnes attachées, le juge a fini par nous dire qu’il n’est pas compétent pour ça. Est-ce on peut croire à notre gouvernement ? Et telles que les choses sont en train d’évoluer, avec l’article 4 de la nouvelle constitution (l’ancien article 3) dans laquelle, on a intercalé l’esclavage vous savez pourquoi, c’est pour que demain dans la région de Kayes si quelqu’un dit « dion », le collectif portera plainte contre la personne et ce dernier ira en prison. L’intoxication est arrivée à un niveau où certains journalistes nous traitent des criminels, des gens de moyen âge, que nous sommes des soi-disant nobles. En définitive même en Angleterre il y’a la noblesse.
Dans le souci de maintenir un climat social apaisé dans vos localités quelles sont les actions entreprises par les autorités traditionnelles puisque tous les chefs traditionnels sont responsabilisés par le Président de la transition, S.E le Colonel Assimi Goita ?
Il y’a une contradiction dans la politique menée par l’Etat aujourd’hui. Le Chef de l’Etat veut revenir à la légitimité traditionnelle sachant très bien qu’ils peuvent résoudre beaucoup de nos conflits avant l’implication de l’Etat. Et pendant ce temps, il y’a un chef de village de 86 ans en prison depuis plus d’un an parce qu’il est parti répondre à une convocation. Donc il y’a quand même une contradiction dans cette affaire de légitimité traditionnelle au moment où le CSP veut mettre en péril nos us et coutumes. Chez nous aujourd’hui, les autorités traditionnelles ne peuvent rien faire sans pourtant être entravées par le CSP/ACDE, Khasso Kili Nia et Gambana, ils refusent même de dialoguer avec les autorités traditionnelles.
Que diriez-vous sur les vidéos horribles qui circulaient sur les réseaux sociaux montrant des jeunes gens attachés, bastonnés et parlant même des cas de morts ?
Les vidéos qui circulaient sur les réseaux sociaux, cet évènement a eu lieu à Souroudiré lors d’une fête organisée par le Collectif des sans Papiers /Association contre la Domination et Esclavage (CSP/ACDE), les 28 et 29 septembre 2021. Ce jour-là malgré l’interdiction des autorités administratives régionales et traditionnelles à tenir un regroupement à caractère discriminatoire et provocateur, le CSP/ACDE et ses adhérents ont fait sous prétexte qu’ils vont célébrer le 22 septembre. Un regroupement qui a mobilisé 600 personnes environs dans un village où les habitants ne dépassent pas 300 personnes avec barricades aux entrées du village. Cependant les incidents ont eu lieu et les membres du CSP/ACDE ont attaché nos enfants comme ça, avant de les filmer et diffuser sur les réseaux sociaux. L’objectif visé état de manipuler l’opinion publique nationale et internationale. Si quelqu’un désire connaître la vérité sur cette affaire, il peut nous joindre, nous allons montrer des gens qui étaient attachés et torturés dont les images se trouvent sur toutes les plateformes. Nous avons amené les images chez le Premier ministre pour lui dire que ces gens sont nos enfants et les noms des personnes qui ont fait cette manipulation. Il n’y a une autre image montrant deux jeunes gens bastonnés, ceux-ci avaient tiré sur deux jeunes du village à moto au niveau d’une barricade et ils ont échappé au lynchage de la foule grâce à l’intervention des sages du village.
En fait les incidents de Souroubiré ont été organisés depuis la France pour se venger uniquement d’un de nos parents qui était en vacance au village.
Quelle a été la réaction des notables face à ces vidéos horribles ?
Face à cette situation, d’abord nous avions rencontré le ministre de la Justice Garde des Sceaux et des Droits de l’Homme, le Premier ministre et plusieurs autres personnalités de la République. Nous avions aussi organisé des conférences de presse pour expliquer au monde entier que ces vidéos sont fausses, que c’est de la pure manipulation du CSP/ACDE et des organisations des droits de l’homme. Et jusqu’à présent personne ne nous croit. Donc nous avions tout tenté pour que nous puissions vivre ensemble. Disons que la région de Kayes est développée par nos immigrés qui se trouvent un peu partout dans le monde. Mais aujourd’hui ça fait longtemps qu’on n’a pas entendu qu’on a inauguré une salle de classe, ni un centre de santé. Chez nous, nous avions eu à construire un CSRéf d’un montant d’un milliard cinq cent millions financé par l’Etat avec l’appui des immigrés.
Avez-vous des appels à l’endroit de la population du nord de Bafoulabé en particulier et celle de la région de Kayes en général ?
En tant que chef traditionnel, nous avons fait beaucoup de projets avec nos parents émigrés pour aider les populations à sortir de la misère et particulièrement le nord du cercle de Bafoulabé. Nous avons construit un CSRéf de plus d’un milliard et nous remercions l’Etat malien qui nous a beaucoup aidés. Avant la construction de ce CSRéf beaucoup de femmes ont perdu la vie pendant l’accouchement parce que les routes sont impraticables pendant la saison des pluies à Kayes. Mais aujourd’hui avec cette histoire de l’esclavage par ascendance nous ne faisons plus rien. Nos immigrés travaillent en France mais les fonds qu’ils envoient sont utilisés dans autres choses et non le développement de la région de Kayes. Ensuite les communautés sont dos à dos où chacun est prêt à tirer sur l’autres donc c’est difficile de vivre comme ça. Au lieu que les autorités cherchent à réconcilier la population ils nous envoient devant la justice. Nous savons tous qu’au Mali si quelqu’un convoque son voisin devant la justice c’est sûr qu’ils ne vont plus parler du même langage toute leur vie. Nous demandons tout simplement que l’Etat prend le taureau par les cornes et s’il y a des choses dans nos us et coutumes qui sont sources de division, qu’on les corrige une bonne fois pour tous.
Votre mot de la fin
Nous lançons un cri de cœur à l’endroit du Président de la transition Chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goita afin qu’il trouve une solution honorable à cette situation d’esclavage par ascendance dans la région de Kayes. Comment vous pouvez comprendre que le champ d’action de TEMEDET c’est la région de Kayes. TEMEDET c’est les gens du nord qui mènent leurs actions dans la région de Kayes sous prétexte qu’il y a de sécurité au nord pour mener leurs activités. Ceux –ci ne connaissent rien dans nos us et coutumes donc il faut arrêter ce label d’esclavage par ascendance pour que nous puisons vivre en paix, faisons pour que les scénarii du nord et du centre ne se produisent pas dans la région de Kayes.
Réalisé par :
Y. MARIKO
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Source: Le Matin