Pour mettre certains groupes armés sur le droit chemin, la transition a décidé de suspendre les indemnités de leurs représentants au Comité de suivi de l’accord (CSA). Cette mesure draconienne concerne les mouvements de la plateforme, de la Coordination des Mouvements de l’Azawad et des mouvements armés de l’inclusivité. Certains se disent surpris par cette punition concernant surtout les membres des mouvements signataires siégeant dans les commissions de désarmement démobilisation et réinsertion, d’Intégration et le Comité de Suivi de l’Accord.
Le moins que l’on puisse dire est que le torchon brûle entre la transition et les groupes armés signataires de l’Accord d’Alger. Le ministre de la Réconciliation nationale, Colonel Ismaël Wagué, a dressé la liste des cas les plus récents des violations de l’accord. Il s’agit, entre autres, de l’’installation d’Etats-Majors par certains mouvements armés dans le Gourma en 2020-2021, la réouverture des postes de sécurité dans les Zones de Kidal, Gao, Ménaka et Tombouctou. Il y a la délivrance illégale d’autorisations de déplacement sur les sites d’orpaillage, l’occupation et l’organisation de rencontres à Anéfis, l’opérationnalisation d’un tribunal islamique à Kidal.
On peut aussi ajouter la sécurisation de la ville de Kidal par les groupes armés, la collusion de plus en plus manifeste avec les groupes terroristes, en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations-Unies qui « exigent de tous les groupes armés présents au Mali qu’ils rompent tous les liens avec des organisations terroristes. C’est dans ce contexte que le gouvernement a décidé de fermer le robinet en attendant que la médiation internationale et les parrains des mouvements armés reviennent à de meilleurs sentiments.
De nombreux Maliens se réjouissent de la fin de ce qu’ils considèrent comme une prime à l’impunité. Pour rappel, les indemnités ont été octroyées aux représentants des mouvements armés au CSA grâce à un décret présidentiel pris en 2016 par le défunt président de la République dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation. Cette suspension est la suite logique des tensions entre le gouvernement de transition et les mouvements armés, notamment la CMA. En décembre 2022, les groupes armés ont suspendu leur participation aux pourparlers sur la mise en œuvre de l’accord de paix scellé en 2015.
Par la faute d’un groupe de radicaux, tous les mouvements armés sont frappés au porte-monnaie. Ainsi, les cadres des mouvements de la plateforme et des mouvements de l’inclusivité déplorent la décision du gouvernement, expliquant que la CMA est la seule coupable, celle qui a suspendu sa participation au sein du CSA. Selon les Mouvements de l’Inclusivité, il est inconcevable qu’ils soient frappés par cette. La transition estime que la CMA n’a cessé de violer l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger.
Soumaïla Diarra
Source: Le Pays