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Rencontre/Une heure avec Dr. Abdramane Sylla, ancien ministre : «Notre pays souffre de manque de vision d’Etat et de la faillite de l’éducation»

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Ministre du RPM, le Dr. Abdramane Sylla a été débarqué en 2018 par un Premier ministre, auquel le Président de la République avait donné les pleins pouvoirs, y compris pour jeter dehors les cadres bon teint du parti du tisserand. Ce ne fut pas lourde perte pour le Soninké, car le pouvoir d’IBK qui a chancelé juste après, a fini par s’écrouler.Que s’est il passé? Il faut faire un bilan, tirer les actifs des passifs. Le Dr. Abdramane Sylla, ancien ministre des Maliens de l’Extérieur, tente de rassembler ses camarades du parti pour au moins demander dans l’immédiat, au nouveau pouvoir d’ouvrir une enquête, afin de tirer au clair les fonds perdus sans résultats, et Dieu sait qu’il y en a eu dans les domaines aussi divers que la Défense nationale, l’Agriculture et autres. Il n’aura comme réponse que des regards du coin de l’oeil qui l’ont fait renoncer à ce projet de tri, car de cette enquête, on ne voulait pas en entendre parler. Il tourne tranquillement la page du RPM, se mettant en marge de toutes les activités du parti du tisserand jusqu’à ce jour. Le RPM, c’est du passé. Mais la politique ne sera jamais du passé pour Youko, car il est à l’oeuvre dans le laboratoire. Ce n’est pas encore un parti politique, par ce qu’il se dit conscient du nombre très élévé des formations politiques dans notre pays, c’est donc une association dénommée “Convention citoyenne pour le Renouveau et l’Emergence du Mali (CCREM- Mali Josen Kura)” qui l’occupe avec ses amis, et dont le siège se trouve à l’étage d’un superbe bâtiment à l’ACI 2000, non loin du monument Bougiba (obélisque). Avec ses amis, ils y mènent la reflexion sur le Mali, ce qu’il est devenu et ce qu’ils peuvent faire pour leur pays. Mais ce n’est pas tout ce qui occupe l’ancien ministre, qui est retourné entre temps à la craie. Professeur d’enseignant supérieur à la Faculté d’histoire et Géographie, il enseigne l’histoire des Relations Internationales et l’Histoire de la Géopolitique. Il lui arrive d’être occupé quatre à six heures par jour sur certains modules, avant d’avoir quelques jours de relaxe. Le Dr. Abdramane Sylla s’est également adonné à la culture du riz à l’Office du Niger, où il produit assez pour sa consommation familiale.

 

Par ailleurs, la communauté Soninké l’ayant prié d’accepter d’être le président de l’Association culturelle soninké (ACS-Mali), il l’accepta volontiers, et aujourd’hui, cette association organise avec les associations Soninké d’autres pays, le Festival International Soninké, chaque deux ans, comme recemment à Nouakchott. L’ancien ministre des Maliens de l’Extérieur, Dr Abdramane Sylla, est ouvert à toutes les autres associations culturelles, comme Tabitaal Pulaaku, Gina Dogon, Ir-Ganda, qui le sollicitent aimablement pour être à leur côté.

 

Des projets pour le Mali

 

A l’origine de la création de la “Convention citoyenne pour le Renouveau et l’Emergence du Mali (CCREM- Mali Josen Kura)”, ce sont des groupes de jeunes qui voulaient plutôt s’ériger en “club de soutien au Dr. Abdramane Sylla”. Il les en a dissuadés, mais finira par ceder face à leur détermination à le voir à la tête d’une organisation assez représentative. Cette association est une réalité aujourd’hui et regroupe ses amis autour d’un idéal démocratique et de bonne gouvernance.

 

Le ministre Abdramane Sylla nous témoigne que sorti du gouvernement en 2018, il s’est permis une certaine réflexion. C’est de voir quel rôle, pouvait-il jouer dans cette situation. Quelle leçon tirer de notre parcours politique de 1960 à nos jours? Après chaque changement, dans l’apparence des choses, il n’est pas rare d’entendre qu’hier était meilleur. C’est du déjà entendu après chacune des trois Républiques successives. Il s’est interrogé avec ses camarades pour comprendre ce qui a marché et ce qui ne l’a pas été et pourquoi ?

 

Deux conclusions majeures:

 

Cette réflexion a débouché sur deux conclusions majeures. La première était que le Mali a manqué de gouvernants visionnaires après le premier Président Modibo Kéita. “Il y a un manque de vision de l’Etat. A part le président Modibo Kéita, les autres ont manqué de vision véritable de l’Etat. Le président Modibo avait l’étoffe d’un chef d’Etat qui voulait un modèle d’Etat pour son pays, il a voulu bâtir un État socialiste et a voulu se donner les moyens politiques, économiques pour y arriver”. Nous sommes en 1960 où le monde divisé était en deux blocs: le bloc capitaliste, qui vit de nos ressources, de notre destruction, selon Dr. Sylla Abdramane. L’autre bloc était progressiste, qui vit de solidarité agissante entre les peuples du monde. Pour lui, Modibo ne s’était pas trompé en s’orientant vers le camp socialiste avec la Chine, l’Union soviétique, la Yougoslavie, qui ont beaucoup apporté à la jeune République du Mali. Grâce à notre coopération avec la Russie on a pu former des cadres dont le pays avait besoin, des militaires ont été formés dans ce pays et des équipements militaires pour la défense de notre intégrité territoriale ont été mis à la disposition de l’Etat malien.

 

Sur le plan de l’Education, le Président Modibo Kéita avait réussi la réforme de 1962, qui était axée sur la décolonisation de la mentalité. C’est ce débat que nous vivons aujourd’hui: décoloniser la mentalité. Il a réussi également à créer la monnaie, car, que vaut une souveraineté sans monnaie nationale? Toutes les reformes étaient acquises à la cause nationale pour le développement de notre pays.Après le coup d’Etat qui a renversé Modibo Kéita, ils se sont mis à casser tous les monopoles de l’Etat et à ouvrir le pays au monde capitaliste. Le régime de Moussa Traoré s’est caractérisé par l’absence de vie politique, la privatisation et la remise en cause de tous les acquis de la première République, qui ont été démantelés, se souvient-il. La politique de l’ajustement structurelle a apporté un coup fatal à notre système éducatif. Ils ont certainement servi des causes qu’ils ignoraient et ont fait gagner du terrain à l’impérialisme. Il fallait combattre ce régime et la démocratie a été instaurée en 1991.

 

“J’ai toujours soutenu que le régime démocratique est le meilleur régime dans l’histoire de la gestion de l’Etat. Pendant les trente années passées sous le régime démocratique, ce n’est pas le système qui est en cause, ce sont les hommes qui sont en cause dans ce système”

 

, témoigne le Dr. Abdramane Sylla. Qu’est ce qui s’est passé ? Pourquoi nous n’avons pas su nous attaquer aux vrais problèmes (les plus objectifs) de la nation? Selon lui, c’est parce que les différents présidents ont été élus sur la base des programmes et des projets de société, mais aucun d’eux n’a considéré ces documents du parti comme étant un document de fond dans la gestion de l’Etat. Ils s’en sont tenus aux relations qu’ils ont avec x ou y, qui viennent après la victoire alors que certains de ces arrivistes ne savent rien desdits programmes du parti et des projets de société, affirme cet ancien cadre du RPM. “C’est l’erreur de beaucoup d’hommes politiques. Je dis en toute responsabilité que nous sommes tous comptables de cette situation. Pour moi, à part Modibo, les autres gouvernants n’ont pas eu une vision de l’Etat”, ressasse le président de la“Convention citoyenne pour le Renouveau et l’Emergence du Mali (CCREM- Mali Josen Kura)”.

 

La deuxième grande conclusion,

 

c’est la faillite de l’Education à tous les niveaux. Les trente dernières années, ce n’est pas seulement au niveau de l’école, mais aussi l’éducation au niveau familial. Sur le plan politique, on a opposé les partis entre eux, au niveau de la société civile, partout on a mis les gens dos à dos. Ce n’est pas ça notre éducation, s’insurge l’ancien ministre. Un des plus gros problèmes aujourd’hui se situe à ce niveau. Notre pays souffre de manque de vision d’Etat, de manque de bonne Education: l’Education au niveau des familles, à l’école, et de l’adaptation des programmes scolaires aux réalités du développement; nos cursus devraient être tous axés sur ce qui est bon pour notre pays, conseille-t-il. Ce sont les conclusions auxquelles sont parvenus le Dr. Sylla et ses amis. “Et après avoir procédé à une analyse globale des trois régimes, à ce niveau, nous nous sommes dits, en tant que cadres intellectuels, que pouvons-nous faire pour notre pays?”

 

“Nous avons dit qu’en tant qu’intellectuels, notre rôle serait de contribuer intellectuellement, les causes étant connues. C’est à cela que je travaille tous les jours avec mes amis. Nous avons créé l’Association dénommée “Convention citoyenne pour le Renouveau et l’Emergence du Mali (CCREM- Mali Josen Kura)” pour répondre à la question “que pouvons-nous faire?”, un document est en cours d’élaboration dont la teneur sera soumise à la réflexion du public le moment venu. La réponse privilégie la question d’éducation sur la base de nos valeurs socio-culturelles, recadrer l’éducation, revoir l’ensemble des programmes qui sont dispensés depuis la pré-scolaire jusqu’à l’université. Prendre ce qui est bon et remplacer ce qui ne l’est pas. A cela il faut intégrer des programmes andragogiques (éducation des adultes).

 

 

Après l’éducation, il y a l’agriculture avec le potentiel des terres arables, le soleil, les ressources en eau et les ressources énergétiques.

 

 

Après l’agriculture, il y a l’élevage. Notre pays est le deuxième cheptel de la CEDEAO après le Nigeria. Il faut développer les unités de transformation pour ne pas exporter le bétail sur pied. Enfin la pêche. Notre pays est connu comme agro-sylvo pastoral. Rien que dans ces secteurs, le Mali peut devenir un Mali vert et prospère où tous les enfants mangent à aisance et tombent moins malades. Il y a d’autres questions comme la gouvernance, pour laquelle le Mali a besoin d’un homme vertueux, qui sert d’exemple, qui ne vole pas et ne ment pas et qui est soucieux de son peuple, selon Abdramane Sylla, président de “Convention citoyenne pour le Renouveau et l’Emergence du Mali (CCREM- Mali Josen Kura)”, association qu’il faut désormais compter dans le paysage des organisations maliennes.

 

Daou

 

Source: Le republicain mali

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