C’est avec un grand étonnement que le citoyen ‘’lambda’’ malien a appris, non sans s’en réjouir, que le gouvernement de Transition a annoncé la suspension des indemnités dues aux membres des mouvements armés siégeant au Comité de Suivi de l’Accord (CSA). Cet étonnement et cette réjouissance du citoyen ‘’lambda’’ sont d’autant légitimes quand on sait qu’il y a belle lurette que le train de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger est à l’arrêt. En conséquence de cet arrêt des travaux, le citoyen ‘’lambda’’ estimait que le versement des indemnités avait été stoppé.
C’est ce qui était convenable de faire.
Mais avec la récente annonce du gouvernement de transition, à propos de la suspension de certaines indemnités, on se rend compte que malgré la léthargie qui caractérise le processus de mise en œuvre de l’Accord d’Alger, les hommes et les femmes qui ont des rôles à jouer dans le processus, continuaient jusque-là à se sucrer sur le dos des pauvres contribuables. Une vraie sinécure, s’il faut appeler les choses par leurs noms. C’est tout simplement dire, de sa signature définitive, le 20 juin 2O15, à nos jours, la mise en œuvre de l’Accord d’Alger est plutôt devenue une vache laitière pour les acteurs commis à la tâche. Depuis lors, l’enjeu principal, qui est l’obtention de la Paix et de la Réconciliation au Mali, s’est mué en ‘’comment faire pour maintenir longtemps en vie la vache laitière ?’’.
Dès lors, on comprend aisément pourquoi les groupes armés du Nord n’en finissent pas de tergiverser pour la mise en œuvre de l’Accord. C’est ainsi que la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), à force de tergiverser, a poussé l’outrecuidance jusqu’à menacer de se retirer du processus de mise en œuvre de l’Accord.
Alors la réaction du gouvernement malien de Transition ne s’est pas fait attendre et : « en représailles de cette violation de l’accord d’Alger, il a annoncé la suspension des indemnités des mouvements armés dont les représentants siègent au sein du Comité de Suivi de l’Accord (CSA). Le moins que l’on puisse dire, est que le gouvernement de transition est désormais dans une logique de changement de paradigme quant à la prise de ses responsabilités dans le cadre du processus de paix. C’est à juste raison que l’opinion nationale malienne se demande quelles sont les vraies raisons qui ont prévalu pour que le gouvernement décide de la suspension des indemnités pour certains membres du CSA ?
Il est de notoriété publique qu’actuellement l’atmosphère n’est pas à l’amiable entre le gouvernement de Transition et les mouvements signataires de l’Accord. Le commun des maliens ne s’imaginait pas que le payement des indemnités aux ex-rebelles touaregs tenait des desideratas de l’Autorité d’Etat. On se souvient qu’en son temps, le président IBK s’était emporté contre les agissements des dirigeants de la CMA et avait, lui aussi, menacé de suspendre lesdites indemnités. Mais sur les réseaux sociaux, Bilal Ag Acherif avait fustigé les menaces du président IBK en déclarant que les indemnités en question n’appartiennent ni au Mali ni à IBK. De cette déclaration de Bilal, nombreux avaient été les citoyens qui en avaient conclu que les fonds pour la mise en œuvre de l’Accord d’Alger provenaient de la communauté internationale.
Mais à dire aujourd’hui, que le gouvernement malien de transition à des latitudes pour suspendre de tels financements, c’est réconfortant. » Rappelons que les indemnités ont été octroyées aux représentants des mouvements armés au CSA grâce à un décret présidentiel pris en 2016 par le défunt président de la République dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Il nous revient, de certaines indiscrétions dans le sérail, que chaque bénéficiaire de cette indemnité touche en moyenne un million de Francs CFA par mois….
Source: Le Soir de Bamako