Rokia DOUMBIA dite Rose, Madame vie chère, a été arrêtée la semaine dernière et mise sous mandat de dépôt. Pour avoir dit que : la vie est chère, une réalité difficile à supporter au quotidien. Son arrestation et son incarcération font l’objet de débats au sein de l’opinion publique malienne. Si certains de ses compatriotes accusent les autorités de l’avoir arrêtée à tort, d’autres par contre, soutiennent qu’elle méritait bien cela. A-t-elle dit faux en parlant de la vie chère au Mali ? Les autorités ont-elles des raisons fondées de la mettre sous mandat de dépôt ?
Sans toutefois apporter un jugement de valeur, il nous paraît utile de traiter ce sujet, sous l’angle de la communication et du marketing politique. En vérité, la vie est belle et bien très chère au Mali. Les prix des denrées de première nécessité ont grimpé depuis des mois. Il n’est pas facile de se nourrir normalement, dans la mesure où les Chefs de famille ne parviennent plus à donner correctement l’argent de la popote. D’ailleurs, c’est bien l’argent qui est devenu insignifiant pour faire l’achat normal pouvant nourrir une famille.
Les grossistes, semi-grossistes, les détaillants et les boutiquiers témoignent tous, que les marchandises qu’ils importent sont très chères. Mais l’on s’étonne que les produits de première nécessité, cultivés et produits sur place au Mali, soient doublement chers sur le marché national. C’est le cas du haricot, du riz, du sucre, de la tomate, aubergine, du piment, entre autres cultivés localement.
A cela s’ajoutent, l’eau et l’électricité qui sont sans cesse coupées. Il existe une quantité de zones du pays où les populations n’ont ni électricité, ni l’eau potable. Quant aux prix des Transports en commun, c’est carrément un casse-tête chinois. Pour se faciliter les déplacements, la population malienne, dans sa grande majorité, se déplace en mototaxi et Sotrama.
L’argent ne circule plus. La pauvreté est dans toutes les familles. Ceux et celles qui aidaient, n’en ont plus assez pour manifester leur générosité, comme d’habitude. Malgré l’esprit du partage et de la solidarité, rares sont les personnes qui peuvent positivement répondre aux sollicitations des parents, amis et connaissances.
Voilà la réalité à laquelle la population malienne est confrontée au quotidien. Alors, l’on peut normalement s’interroger : pourquoi Madame Rokia Doumbia dite Rose, vie chère, a-t-elle été arrêtée, pour avoir dénoncer un fait qui est réel?
En nous basant sur la communication et marketing politique, nous doutons que le fait de dénoncer soit ici, en cause. Nous estimons plutôt que c’est la façon ou la manière, dont elle a dénoncé qui soit réellement la cause de son arrestation et sa mise sous mandat de dépôt. En effet, la communication au sens professionnel du terme, est une discipline très complexe et qui contient des risques. Voilà pourquoi, nous conseillons aux candidats à la prise de parole en public : de faire extrêmement attention. Surtout, quand le contexte est politique.
Que celui qui décide de s’exprimer, se conforme aux règles et aux techniques de la communication. Il y a un certains nombre de préalables à gérer avant de s’extérioriser. Que dire ? A qui le dire ? Où le dire ? Quand le dire ? Comment le dire ? Etc. L’observation des règles et des techniques de la communication, permet ainsi à l’orateur d’être mieux écouté, entendu et compris.
Pour ce qui concerne madame Rokia DOUMBIA dite Rose, c’est possible qu’elle ait fait des erreurs ou des fautes, sur la question de Comment dire, ce qu’elle avait à dire, et qui était pourtant très vrai. La vie est bien chère au quotidien au Mali. Mais, elle n’aurait sûrement pas bien communiqué. Elle aurait peut-être utilisé un langage inapproprié, des vocabulaires choquants, des mots non mesurés sur la courtoisie etc. Dans le fond, elle a dit ce que vit réellement la population. Mais elle a certainement mal dit cette vérité qui crève les yeux. Pour résumer que la communication est une discipline complexe.
Monoko Toaly, Expert en Communication et Marketing Politique
Le pélican