L’exploitation aurifère pourrait constituer une source de développement significative à moyen et long terme pour le Mali. Malheureusement, le métal précieux ne fait la richesse que d’un petit groupe et ne contribue pas au développement du pays. En cause notamment : la situation du rapatriement des devises en provenance de l’exportation de l’or est alarmante. La plupart des recettes en devises pour l’or exporté ne sont pas rapatriés. Faisant perdre à l’État des sommes colossales. Pendant longtemps, les autorités maliennes ont été trop peu regardantes sur ces questions.
Selon les chiffres de l’agence des statistiques, le Mali a exporté 69,3 tonnes d’or l’an dernier, contre 63,9 tonnes en 2021. Et la valeur des exportations de l’année dernière avoisinait les 2 001 milliards de francs CFA contre environ 1 867 milliards de francs CFA en 2021.
Une analyse de la production d’or et des statistiques sur le commerce de l’or au Mali, de même que des importations d’or malien déclarées par les Émirats arabes unis, a permis de mettre en évidence des écarts majeurs dans les données rapportées. Sur une période de quatre années, les importations d’or malien par ce pays ont successivement dépassé la totalité de la production du Mali.
Une partie de l’or est notamment exportée illégalement dans les bagages de voyageurs. Fortement probable que le trafic d’or permet à ses auteurs de placer des devises à l’étranger tout en évitant les taxes d’export, ou encore d’acquérir des biens à l’étranger qui pourraient être importés à une valeur moindre, voire en contrebande, pour être vendus au Mali tout en minimisant, voire en éludant, les droits de douane à l’importation.
C’est pourquoi le Mali a commandité un audit afin d’entreprendre un examen exhaustif de son régime fiscal et de corriger les échappatoires qui font de ce pays un aimant pour l’or produit en Afrique de l’Ouest. Ses conclusions ont insisté sur l’application de la loi relative au rapatriement des devises d’exploitation.
Le métal jaune malien est principalement exporté vers l’Afrique du Sud, suivie de la Suisse et de l’Australie.
Pour échapper à ces frais et contraintes, des circuits parallèles du commerce de l’or se sont développés ces dernières années, occasionnant des pertes annuelles de plusieurs milliards de francs CFA pour l’État.
L’Informateur