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Éligibilité des militaires au terme de la transition: Le colonel Assimi a définitivement tombé le masque

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Au moment où se dessine le chronogramme de retour à l’ordre constitutionnel normal au Mali, c’est un véritable pavé que la société civile a jeté dans la mare, alors que toute l’attention des acteurs était portée sur les divergences entre le gouvernement et le Conseil national de transition (CNT) concernant la nouvelle loi électorale adoptée le 17 juin 2022 par l’organe législatif de transition et qui a été promulguée dans le journal officiel par le chef de l’État, le 24 juin 2022.Il s’agit de l’éligibilité des militaires au terme de la transition en cours à Bamako. Une nouvelle disposition chargée de poudre à canon, qui risque de mettre le feu aux poudres, si l’on n’y prend garde, étant entendu qu’au départ, il n’était pas question que les dirigeants de la transition puissent prétendre à un quelconque poste électif au terme de leur intérim. De fait, la Charte de la transition interdit clairement au président de se présenter aux prochaines élections censées signer la fin de sa mission.

Assimi est-il en train de creuser la tombe du Mali ?

Mais la subtilité est qu’aux termes de la nouvelle loi, la possibilité est offerte aux militaires membres des organes dirigeants de la transition, de se présenter à condition de rendre leur démission quatre mois avant la tenue des élections. Le fait est que cette nouvelle disposition serait sans doute passée inaperçue dans l’océan des amendements que la loi électorale a subis, n’eût été la vigilance de la Mission d’observation des élections au Mali (Modèle Mali), composée d’experts de la société civile, qui a relevé la supercherie dans son dernier rapport. On voit donc venir Assimi Goïta. Et l’on peut même se demander si ce n’est pas à dessein que le débat était focalisé sur les autres points de divergences entre l’Exécutif et l’organe législatif, à l’effet de faire passer insidieusement la pilule. Toujours est-il que le scénario qui se dessine, et l’on en serait pas étonné, est de voir le locataire du palais de Koulouba larguer les amarres de la transition à quelques encablures de la prochaine présidentielle, pour se porter candidat. D’autant que dans la version révisée de la charte, le terrain a été balisé de sorte qu’en cas de vacance de la présidence de la transition « pour quelque cause que ce soit », le président du CNT, qui n’est personne d’autre que son frère d’armes, le colonel Malick Diaw, puisse le remplacer. Si ce n’est pas une façon d’assurer ses arrières pour mieux franchir le cap à la conquête du fauteuil présidentiel dans une volonté de légitimation de son pouvoir par les urnes, cela y ressemble fort. Mais le pari paraît risqué. Et pour Assimi Goïta, et pour le Mali.

 

En attendant, le moins que l’on puisse dire, c’est que le colonel Assimi Goïta a définitivement tombé le masque. Mais en donnant l’impression de jouer le jeu pour finalement montrer un tel visage de malignité, Assimi Goïta ne rend pas service au Mali. Car, au-delà de la mauvaise foi et de la volonté manifeste de conserver le pouvoir, c’est une loi très explosive qui expose le pays à d’énormes risques de déflagrations internes.

Assimi Goïta gagnerait à marcher sur les pas du général Amadou Toumani Touré (ATT) ou encore du colonel Salou Djibo

 

Et la classe politique et la société civile ne devraient pas tarder à tirer les longs couteaux. D’autant qu’en dehors de cet amendement, des voix s’étaient élevées au sein de la classe politique, notamment le M5-RFP, pour « suggérer au président de la transition de ne pas promulguer la loi amendée par le CNT », arguant du fait que la presque centaine d’amendements apportés par le CNT « dénaturent profondément » le texte initial. C’est dire si la nouvelle loi est loin de faire l’unanimité, et comporte en elle-même les germes d’une crise pré et post-électorale d’envergure. Mais, si à la crise sécuritaire déjà très préoccupante, devait s’ajouter une crise politique qui pourrait davantage exacerber les tensions sociopolitiques, on se demande si Assimi Goïta ne creuserait pas la tombe du Mali, de par la promulgation d’une telle loi. Car, non seulement ça risque de cailler au propre comme au figuré à l’interne avec tous les risques de voir fuir les partenaires, mais cela pourrait ne pas arranger non plus les rapports du pays avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui est toujours en attente de signaux positifs pour lever ses sanctions. Le Mali n’a pas besoin de ça. Dans le contexte actuel qui est le sien, il a plutôt besoin d’aller à des élections dans la sérénité, avec l’accompagnement de la communauté internationale pour l’aider à sortir de la mauvaise passe qu’il traverse. C’est le seul combat qui vaille pour les dirigeants de la transition. C’est pourquoi, s’il veut entrer dans l’histoire par la grande porte et c’est tout le mal qu’on lui souhaite, Assimi Goïta gagnerait à marcher sur les pas d’aînés comme le général malien Amadou Toumani Touré (ATT) ou encore le colonel nigérien Salou Djibo. Deux officiers supérieurs restés célèbres dans l’histoire pour avoir su rétablir la démocratie dans leurs pays respectifs au terme des transitions qu’ils ont menées à la suite de coups d’État. Toute chose qui ne l’empêche en rien de revenir plus tard sur la scène politique. Mais s’il choisi le scénario à la Gueï, ce général ivoirien « venu balayer » le palais présidentiel pour mieux s’y installer, l’histoire pourrait se charger de lui rappeler que les mêmes contorsions politiques conduisent toujours aux mêmes résultats désastreux. Ce serait bien dommage.

 

Diallo

 

Source: Le Nouveau Réveil

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