Le directeur général de cette entreprise répondant exclusivement devant le président de la République, il en résulte un désordre hiérarchique préjudiciable. La politique énergétique générale relève quant à elle de la Direction Nationale de l’Energie relevant du Ministère en charge de ce secteur ainsi que celui des mines et des ressources hydriques.
L’EDM a une particularité dans son mode d’administration car placée sous tutelle conjointe du ministère en charge de l’énergie et celui chargé des finances. Ce schéma administratif avait été mis sur pied par Boubou Cissé sous IBK pour mieux contrôler les fonds colossaux générés par cette entreprise qui sont utilisés comme arme électorale.
Fortement dotée financièrement, permettant ainsi la création d’une élite fortunée pouvant financer les campagnes politiques tout en recrutant massivement afin d’accroître sa base électorale, EDM souffre néanmoins aujourd’hui.
Cette société étant principalement rattachée au ministère chargé des questions liées à l’énergie s’est tellement renforcée qu’elle est désormais capable d’imposer ses choix concernant les nominations aux postes clés tels que ceux occupés par le Directeur Général ou encore le Directeur National De L’Energie. Cette situation inquiétante conduit même certains acteurs locaux à se questionner sur une possible suprématie exercerait-elle indirectement sur leur propre ministre?
Il serait cependant injuste d’accuser systématiquement le ministre en charge de l’énergie à chaque interruption du service électrique. Il est tout simplement une victime comme les autres citoyens maliens face aux dysfonctionnements structurels qui minent la gestion de cette entreprise publique, dont certains dirigeants se sentent affranchis de toute autorité hiérarchique.
Dans ces conditions, il sera difficile d’enregistrer des avancées significatives dans la gestion efficace et transparente de cette société considérée aujourd’hui comme une vache à lait politique. Les défis de la fourniture d’électricité en permanence au Mali sont nombreux et ne peuvent être imputés exclusivement à l’Énergie du Mali (EDM), qui est sous tutelle de deux ministères : le ministère de l’Énergie, eau et des mines ainsi que celui de l’économie et des finances. Cette situation découle d’un schéma adopté par Boubou Cissé sous IBK pour mieux contrôler cette entreprise dont le budget considérable permet la fabrication de milliardaires capables de financer les campagnes électorales, ainsi que le recrutement massif des jeunes électeurs.
Cependant, une certaine autorité accordée au Directeur général crée un désordre hiérarchique dans cette société puissante aux nominations relevant directement du Président plutôt que du Ministre en charge. De plus, les accusations portées contre ce dernier lorsqu’il y a coupure témoignent à bien des égards d’une gestion abjecte.
Il convient donc d’envisager une avancée efficace dans la gestion politique actuelle afin qu’elle soit bénéfique pour tous. À cet effet, il est important que la Direction Nationale de l’Energie rattachée au Ministère définisse clairement sa politique générale sur les questions liées à l’énergie tout en garantissant son autorité sur EDM. Il s’avère également essentiel que toutes ces mesures soient prises avec diligence afin qu’elles contribuent positivement à améliorer durablement la qualité du service rendu par EDM aux populations maliennes.
Toutefois, il convient de souligner que le ministère est souvent la cible d’accusations de propos malveillants lorsqu’il y a des coupures d’électricité. Ne serait-il pas également une victime dans cette situation ? En réalité, avec l’actuel schéma organisationnel où le directeur général se sent affranchi de toute autorité du ministre, il sera difficile d’enregistrer une avancée efficace dans la gestion de cette société qui est aujourd’hui considérée comme une vache à lait politique.
Prenons par exemple le cas où un patient décède par suite d’une erreur médicale. Est-ce judicieux d’imputer au ministre de la Santé l’entière responsabilité pour cet événement tragique ?
Il est indubitable que les délestages sont perceptibles et ont atteint un niveau record dans l’histoire récente de Electricité Du Mali (EDM), bien qu’il y ait eu des efforts du gouvernement pour acquérir les dernières générations groupes électrogènes comme cela avait été mentionné par le DG lors d’une interview. Toutefois, faut-il demander au Ministre lui-même s’il doit porter des gants et utiliser son tournevis personnellement afin mettre en marche ces générateurs ?
En outre, devrait-on encore attendre du Ministère qu’il supervise tous les aspects liés aux politiques énergétiques telles que celles relatives à la distribution du carburant nécessaire pour alimenter toutes les centrales électriques ou encore surveiller constamment afin prévenir tout vol potentiel ? Finalement nous pouvons conclure que ceux qui nomment sans vérifier leur compétence sont entièrement responsables du dysfonctionnement de EDM et par conséquent des problèmes que nous rencontrons.
Abdoulaye KONATE
Cadre retraité de direction nationale des Énergies (DNE)