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Coopération Mali-Usa : La nouvelle ambassadrice cherche-t-elle à distraire les Maliens alors que Washington resserre l’étau sur le Mali ?

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Depuis la présentation de ses lettres de créances au président Assimi Goïta, le 16 mars 2023, la nouvelle ambassadrice des Etats-Unis au Mali est au four et au moulin multipliant les initiatives et les rencontres avec les membres du gouvernement et les forces vives du pays. Et curieusement, au même moment l’administration Biden tente de serrer l’étau sur notre pays devenu le parfait bouc émissaire de son bras de fer avec la Russie autour de l’Ukraine. L’ambassadrice est-elle donc de bonne foi dans sa quête de tisser de «chaleureuses relations» avec les Malien ?

 

Renforcer les relations entre le Mali et les Etats-Unis de manière mutuellement avantageuse ! Telle est l’ambition affichée par Rachna Korhonen, la nouvelle ambassadrice américaine depuis son arrivée au Mali. A peine ses lettres de créances présentées au président Assimi Goïta le 16 mars 2023, elle était au four moulin en multipliant les rencontres aussi bien au niveau institutionnel qu’avec les forces vives de la nation.

 

C’est ainsi qu’elle a rencontré le Premier ministre le 29 mars 2023. «Une visite qui a vite pris l’allure d’une séance de travail au regard des centres d’intérêt abordés par les deux personnalités. La diplomate suit le processus de réformes en cours dans notre pays. Elle entend renforcer les relations qui existent entre nos deux pays de manière mutuellement avantageuse», avait écrit la cellule de communication de la Primature. Elle a enchaîné en rencontrant plusieurs ministres du gouvernement, dont celui de la Défense et des Anciens combattants, Colonel Sadio Camara.On se rappelle que Rachna Korhonen a consacré sa première sortie officielle à deux associations de femmes, notamment à l’Association pour le renforcement des capacités des personnes en situation de handicap (ARCAPH) et l’Association des veuves et enfants déshérités de Sabalibougou (AFVED). Elle a salué les deux associations pour leurs efforts visant à assurer l’autonomie de leurs membres. L’une des dernières rencontres en date est celle avec Seïd Chérif Ousmane Madani Haïdara, Guide Ançar Dine et Président du Haut Conseil Islamique du Mali le 17 mai 2023.

 

Selon l’ambassade, «cette visite de courtoisie s’inscrit dans notre volonté constante de renforcer les relations bilatérales, en mettant l’accent sur les opportunités religieuses, culturelles et entrepreneuriales. Nous croyons fermement au potentiel du Mali et nous sommes déterminés à approfondir nos échanges et notre coopération pour un avenir prospère». Et Mme Rachna Korhonen de commenter, «rencontre enrichissante avec Chérif Ousmane M. Haïdara… afin de renforcer les liens culturels, religieux et entrepreneuriaux pour un avenir prospère».

 

Le hic, c’est qu’alors que l’ambassadrice œuvre «sans relâche pour renforcer les relations entre les USA et le Mali», l’administration Biden n’a pas cessé de nous envoyer des signaux d’inimitié. C’est ainsi que, la semaine dernière, les médias français se sont réjouis d’annoncer que les États-Unis envisagent de sanctionner notre pays qu’ils accusent de «servir de zone de transit et d’aider à armer Wagner en Ukraine».

 

A ce sujet, Washington a imposé des sanctions au Russe Ivan Maslov (une figure clé des activités mondiales de Wagner) qui, selon eux, est le chef de l’opération du groupe de mercenaires Wagner au Mali. Le Trésor américain a déclaré qu’Ivan Maslov pourrait utiliser sa présence au Mali pour dissimuler les efforts visant à acquérir des armes et du matériel militaires pour la guerre contre l’Ukraine. «Wagner a tenté d’acheter du matériel militaire à des fournisseurs étrangers et d’acheminer ces armes via le Mali», a aussi déclaré le porte-parole du département d’Etat américain, Matthew Miller, le 22 mai 2023, lors d’un point presse. Un arsenal de guerre ayant vocation, toujours selon l’administration américaine, «à être utilisé en Ukraine pour aider la guerre de la Russie, à travers le Mali».Mais, ironise un activiste malien, l’opinion internationale doit aussi se rappeler que des documents des services de renseignement américains avaient révélé que l’Irak détenait des armes de destruction et que la suite est connue de tous. En tout cas, même s’il est clair qu’Ankara (Turquie) refuse de s’aligner militairement derrière l’un des protagonistes (Russie-Ukraine), nous ne pensons pas que cela soit financièrement rentable et bien pensé de faire transiter des équipements militaires par le Mali alors que c’est la mer noire seulement qui sépare la Fédération de Russie de la Turquie. Si Moscou le souhaite aujourd’hui, elle peut acheter des armes là où elle veut et les acheminer comme elle le souhaite.

 

Une chose est certaine, comme l’a rappelé un activiste, «le Mali ne fabrique pas d’armes et ne partage pas de frontières avec la Russie». Par ailleurs, les USA viennent d’annoncer qu’ils imposent «des restrictions de visa» à 2 responsables militaires de notre pays, notamment le Colonel Moustapha Sangaré (ex-Commandant 33e régiment commandos parachutistes) et le Commandant Lassine Togola (Commandant par intérim du bataillon des forces spéciales) pour leur supposée «implication dans des violations flagrantes des droits de l’homme». Selon le Département d’Etat, les deux personnalités militaires «étaient responsables des éléments des forces armées maliennes qui ont mené l’opération à Moura».

 

«En réaction à cette accusation du Département d’Etat, le 25 mai 2023, quelques heures avant l’annonce des sanctions contre les deux officiers Maliens, dans une démarche constructive, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali a convié l’ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique au Mali pour lui signifier, entre autres, l’extrême gravité des fausses accusations portées contre la République du Mali», a souligné un communiqué publié par le gouvernement dimanche dernier (28 mai 2023). Mais, cela n’était pas suffisant pour une puissance impériale qui cherche la petite bête et qui cherche par tous les moyens à bloquer la percée russe en Afrique.

 

Last but not least (dernier point mais non le moindre), les frais de traitement de certains visas américains non-immigrants (VNI) subiront une augmentation à compter du 17 juin 2023. Ainsi, les frais pour les visas visiteurs pour affaires ou tourisme (B1/B2) et les autres VNI non basés sur une pétition, tels que les visas étudiants et les visas pour visiteurs dans le cadre d’un échange (catégories F, M et J) passeront de 160 (97 680 F CFA) à 185 dollars US, soit près de 112 942.

 

Il est clair aujourd’hui que Washington ne joue pas un jeu clair avec notre pays !

 

Kader Toé

Le Matin

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