L’ancien Procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Daniel Amagoin Tessougue s’en est allé dimanche dernier à l’âge de 65 ans, laissant derrière lui une épouse et quatre enfants inconsolables. Et le Mali perd en lui un digne fils, un illustre magistrat doué d’une solide réputation d’incorruptible.
Ce natif de Sangha, en pays dogon, avait décroché un doctorat en droit en 2002 à l’Université Robert Schuman de Strasbourg- France. Panafricaniste, il dédie son combat à la défense des intérêts des masses populaires.
Il avait été évincé le 21 décembre 2015 de son poste pour avoir fait son travail. Rien que son travail et tout son travail. Profitant de l’ouverture de la session de la Cour d’assises de Bamako, il avait estimé que les propos tenus le 29 novembre 2015 par le président du Haut Conseil islamique Mahmoud Dicko, dans lesquels il estimait que les attentats de Paris, Tunis et Bamako étaient le résultat de la colère divine, tombaient sous le coup de la loi. « C’est un fait indéniable que ces propos relevaient de l’apologie du terrorisme, en vertu des conventions internationales que le Mali a signées. Mon devoir est de rappeler la loi pénale. Et tant que j’étais à mon poste, je ne pouvais pas déroger à ce devoir de veille »
Sur un autre dossier, il avait eu maille à partir avec le président IBK. Il s’était en effet publiquement opposé à la décision présidentielle de lever en novembre 2013 les mandats d’arrêts délivrés contre un chef rebelle du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et 3 autres dirigeants du Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA).
Le ciel des relations s’est davantage dégradé avec l’Exécutif dans l’instruction de la disparition des « bérets rouges », militaires rivaux au général Amadou Sanogo (ancien de la junte militaire) qui avait alors refusé de répondre à plusieurs convocations du juge d’instruction sans que le président IBK, son ministre de la Défense et celui de la justice aient eu à souffler mot.
Le vide qu’il laisse est immense et il mérite une place dans nos cœurs à jamais. « Le chagrin est si facile à exprimer et pourtant si difficile à dire. » a dit Joni Mitchell. La rédaction s’associe à la peine de sa famille et présente ses sincères condoléances.
Source: L’Informateur